Le récit tendre et poétique d’une enfance peu ordinaire.
Enaiat ne connait pas véritablement son âge. Tout juste sait-il qu’il serait en âge d’aller à l’école s’il ne faisait pas partie d’une minorité ethnique, les Hazaras, persécutée par les talibans en Afghanistan. Ils ont exécuté l’instituteur, l’école du village a fermé. Pour protéger son fils, la mère d’Enaiat lui fait traverser la frontière et l’abandonne au Pakistan dans l’espoir de lui sauver la vie. Sous la plume alerte et drôle de Fabio Geda, le quotidien du jeune garçon prend des allures de road-movie tragi-comique. Car les jeunes Hazaras semblent dotés d’un solide amour de la vie et d’un sens de la débrouillardise hors du commun qui force l’admiration.
Si Enaiat ne cache ni la peur qu’il a ressentie tout au long de ces années, ni la brutalité à laquelle il a été confrontée, il insiste pour retenir de son incroyable épopée l’entraide entre les migrants, les liens d’amitié indéfectibles, et tous les moments de partage, de tendresse et de bonheur. Et malgré les difficultés rencontrées par Enaiat, on retient surtout le courage de ces jeunes enfants, leur optimisme forcené et la rage de vivre qui les porte au-delà des mers et des montagnes.
Un récit plein de grâce et de poésie, ou alternent le récit des aventures d’Enaiat et ses échanges avec Fabio Geda lors de l’écriture du livre. Outre la puissance et la beauté de l’histoire, on retient de ce récit l’écriture fine et précise, de toute beauté, qui confère au livre sa saveur si singulière.
JE VOUS LE CONSEILLE SI…
… vous avez besoin de 174 pages d’humour, d’optimisme, de courage et de tendresse pour aborder les premiers frimas de l’hiver. Dans la mer il y a des crocodiles est une lecture incontournable!
EXTRAIT :
Quelques dialogues entre Enaiat et Fabio éclairent sur l’écriture de ce récit:
_Tu veux bien me raconter d’autres choses sur l’Afghanistan, avant de continuer?
_ Quoi, par exemple?
_ Parle-moi de ta mère, de tes amis. De ta famille. De ton village.
_ Je n’ai pas envie de parler des gens. Je n’ai pas envie de parler des lieux. Ce n’est pas important.
_ Pourquoi?
_ Les faits sont importants. L’histoire est importante. Ce qui change une vie, c’est ce qui t’arrive, pas les lieux ni les gens.
Est-ce le dernier conseil dispensé par sa mère qui a donné tant de courage à Enaiat?
[...] il faut toujours avoir un désir devant soi,comme une carotte devant un âne, parce que c’est en essayant de satisfaire ses désirs qu’on trouve la force de se relever, il faut toujours avoir un rêve au-dessus de la tête, quel qu’il soit, alors, la vie vaudra la peine d’être vécue [...]
VOUS AIMEREZ PEUT-ÊTRE :
de Michael Zadoorian
de Jean-Michel Guenassia..
Un road-movie d’un autre genre, mais
non dénué d’humour
Et si on continuait dans l’optimisme?