[Critique] TWILIGHT – Chapitre V : Breaking Dawn - Part. II de Bill Condon

Par Celine_diane

En matière de conclusion épique et inoubliable, le dernier Harry Potter avait- l’année dernière- mis la barre très haut. Dans chacun des plans, Yates y avait glissé le parfum de la fin d’une époque. Entre les lignes, on pouvait y voir notre propre vieillissement : mort de l’innocence, place à l’âge adulte. Il faut bien l’avouer : avec Twilight 5ème partie, on est un cran en dessous. A tous niveaux. Emotionnel, cinématographique. En divisant l’ultime roman de Stephenie Meyer en deux parties, les studios ont inutilement (si ce n’est pour remplir les caisses) rallongé l’intrigue, qui ne méritait pas tant d’attardement. S’en suit donc une fin un peu mollassonne, qui étire comme elle peut les minis enjeux du dernier livre : la métamorphose de Bella en vampire, la survie de sa petite fille Renesmée, la condamnation à mort du clan Cullen par les Volturi. Aussi, on ne change pas une équipe qui gagne, le dernier épisode de Twilight ne déroge pas aux règles imposées depuis le premier et meilleur volet (et c’est tant mieux): romantisme has been, effets spéciaux au rabais (quoi que le design des loups s'est amélioré), violence édulcorée. Evidemment, la recette marche encore, parce que d’une certaine manière on s’est un peu attachés aux personnages, on s’est fait prendre au piège, Twilight c’est comme une bonne série (B) sur grand écran, le plaisir coupable de l’automne, tellement décrié par tous que son quotient sympathie s’est démultiplié. 
A l’écran, Condon démarre fort, termine avec classe. A l’ouverture, son générique a de l’allure : lettres rouges puis blanches, du sang sur fond de neige, paysages canadiens d’une beauté époustouflante pour reprendre pile là où tout s’est arrêté : les yeux vampires de Bella. Lorsqu’il est temps de faire ses adieux, il passe au noir et blanc, énumère les acteurs des cinq volets, sans en faire trop, juste ce qu’il faut pour émouvoir les fans. Bien sûr, il respecte le livre à la lettre : « pour l’éternité » comme point d’orgue, passage obligé quand on sait que Twilight a fait de la mièvrerie amoureuse sa marque de fabrique. Entre temps, pas mal de remplissage : une Kristen Stewart qui mime la sauvagerie sans trop de conviction, des séquences surlignées au feutre (sa première chasse, la recherche de témoins), d’autres sacrifiées (sa maternité). Heureusement, les scénaristes ont eu une idée lumineuse qui justifie le déplacement : la bataille finale enneigée, qui symbolise à elle seule l'esprit Twilight. Elle est à la fois violente (décapitations et autres réjouissances) et chaste (pas de sang), mi-audacieuse, mi-consensuelle. Une scène, deux propositions, comme s’il fallait réconcilier tout le monde, toucher le cœur des fans en faisant rire les plus cyniques. C’est finalement là que Condon touche à l’essentiel d’une saga qui aura marqué son temps : la naïveté n'était qu'un parti pris, le rose bonbon un simple choix. A la fin, tout le monde assume : Kristen, Robert, vous, moi. Il est temps de tourner la page.