Dès maintenant, les clients des services professionnels de Bloomberg ont ainsi accès à plus de 45 nouvelles applications qui viennent enrichir son offre originale. Ces solutions peuvent exploiter les flux de données et d'informations de la plate-forme, pour fournir des capacités complémentaires d'analyse, de gestion de portefeuille, de suivi de risque..., avec l'avantage de fonctionner au sein du terminal déjà présent sur les bureaux de 300 000 utilisateurs dans le monde.
l'App Portal ne peut (évidemment) exister que parce que son fournisseur a préalablement ouvert son système aux développeurs tiers, grâce à des APIs ("Application Programming Interface") qui leur donnent un accès programmatique à ses données. Astucieusement, Bloomberg profite de cette opportunité pour mettre la même possibilité à la disposition de ses clients. Ceux-ci pourront donc créer leurs propres applications (pour une utilisation exclusivement interne), intégrées de la même manière dans la plate-forme.
Cette initiative n'est pas la première du genre : le précédent d'UNX, par exemple, date de presque un an et cible les mêmes usages. Il est possible que la (relativement) vénérable institution Bloomberg soit "chatouillée" par l'innovation dont font preuve ses concurrentes plus jeunes et plus agiles et soit ainsi placée dans une position défensive. La différence de culture reste d'ailleurs encore visible, dans les modalités d'accès offertes aux développeurs. A l'inverse des habitudes de l'ouverture d'APIs, les idées d'applications doivent ici être soumises à Bloomberg avant que la réalisation ne puisse effectivement commencer.
Quoi qu'il en soit, l'ambition affichée avec l'App Portal est parfaitement en ligne avec son temps. Il s'agit, classiquement, d'une part, d'offrir aux clients des solutions innovantes complétant l'offre existante et, d'autre part, de permettre à des développeurs (ou des chercheurs) aux moyens modestes d'atteindre un important marché d'utilisateurs professionnels. Bloomberg n'est pas en reste parmi les gagnants du modèle, puisque, outre la perspective d'améliorer le taux de rétention de ses clients, l'entreprise prélèvera 30% du prix de vente des services distribués dans sa boutique...
En synthèse, l'approche de Bloomberg n'est pas sans maladresses – essentiellement au niveau du processus d'enrôlement des développeurs et de l'hésitation manifeste entre l'envie de générer des revenus et la promotion de l'innovation (qui, par rapport à la concurrence, me semblerait prioritaire) – mais elle démontre que l'ouverture sur l'extérieur est accessible à toutes sortes d'entreprises et selon différents modèles !