DAD-Vitro
La familiarité musicale est un piège bien connu des arpenteurs de portées. Sursollicitées par mille promesses de révolutions acoustiques, nos oreilles n’aiment parfois rien mieux que de s’affaler dans le confort d’un vieux canapé usé jusqu’à la corde de mi. Y retrouver alors des recoins connus, des harmonies patinées par une fréquentation régulière. Réécouter un vieux Pink Floyd, un Radiohead, les Smiths, c’est un peu comme rester en pyjama toute la journée, délicieuse régression. Et puis, c’est une façon de se confirmer une énième fois la suprématie de ces disques élus, ceux après lesquels on court toute sa vie finalement. Enfin, repus de ce retour aux sources, on se sent prêt à affronter de nouveau la jungle des nouveautés.
Les artistes n’agissent pas autrement et voilà le piège : eux aussi écoutent de la musique, eux aussi ont leurs fétiches, leurs marottes, leur doudous qui vont plus ou moins transpirer de leur œuvre quand ils passent à l’écriture. Avec le risque que cela s’entende un peu trop et qu’on finisse par leur préférer l’original. Combien de musiciens sont capables de réussir ce pari audacieux de marier harmonieusement leurs influences sans céder à l’audiocopie ?
Les Franco-canadiens de DAD viennent, avec Vitro, de prouver qu’on peut simultanément renvoyer vers ailleurs tout en restant chez soi. Qu’on peut convoquer intelligemment le meilleur d’un Grizzly Bear, Gang of four ou Tv on the Radio tout en proposant sa vision personnelle d’un rock fin et millimétré, sombre, synthétique et classieux. Et quand par exemple les petites touches de cuivre s’invitent sur Sensation, le jeu des comparaisons est inutile : Vitro est déjà adopté, étrange mais grisant sentiment de voyage immobile en terrain connu. On y tutoie les grands genres (jazz, post-rock), mais sans courbettes ni politesses : d'égal à égal. En somme, DAD fait déjà partie de la famille.
Le clip de Sensation :
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Bonne écoute !