Claude RIZZO – L’aîné de la famille : 5,5/10
L’aîné de la famille est un joli petit roman du terroir qu’on peut lire avec plaisir - à condition de ne pas s’attendre à un scénario élaboré.
Ici, l’intrigue reste simpliste, prévisible et même fragile. On peut prédire le déroulement de l’histoire et même la fin dès les toutes premières lignes, ce qui est regrettable puisque cela gâche la jolie écriture de l’auteur, parfaitement adaptée au genre.
L’intrigue
Dans l’arrière-pays niçois se situe le vignoble de la famille Prioris, six héctares de vignes, un endroit idyllique, entre odeurs, bruits, battements des saisons. Ici, le vin enfonce ses racines dans le sol depuis des générations, sous l’œil attentif d’une famille qui aime la terre, le vin et son pays.
Le chef de la famille, Hubert Prioris, est prêt à passer la main à ses fils, William, l’aîné, et Adrien, le plus jeune. Ce dernier est le premier de la famille à faire des études et est donc la grande fierté de tous. Une fois qu’il aura obtenu son diplôme, la famille bénéficiera de sa science moderne et le vignoble prendra tout son essor. Hubert et William l’attendent d’ailleurs de pied ferme son retour, qui est prévu dans quelques mois seulement.
De son côté, la fille d’Hubert, Hélène, a épousé un homme riche et a accédé à la fine fleur de société, elle tente de couper tous les liens qui la relient à la famille de paysans. Mais la famille reste malgré tout unie, et Hubert accepte le petit snobisme de sa fille. L’essentiel est que le vin des Prioris garde sa qualité et que rien n’entache sa réputation.
Enfin Adrien revient, avec une multitude d’idées, une énergie débordante qui fait sourire son frère William. Aucun doute, le vin Prioris est à l’aube d’une grande époque, la famille s’imposera définitivement dans ce milieu et restera une référence.
Seulement, tout ne se passe pas comme l’espérait Hubert. Et si, finalement, l’aîné était le seul à avoir la vigne dans le sang, l’aîné, dans les veines duquel ne coule pourtant pas celui des Prioris ?
Un démarrage bien trop long qui use la patience
Le début est long, mais long. Dès la lecture du quart de couverture on a saisi la mise en place, et une fois que l’auteur a décrit avec amour les environs, nous avons parfaitement imaginé la situation, nous attendons donc le début de la véritable intrigue.
Mais que c’est long à démarrer ! Nous suivons avec une lenteur désespérant l’amourette de William, l’attente d’Adrien, les rêves des Prioris.
Il faut lire un tiers avant qu’enfin « l’action » ne soit lancée, et je dois dire que j’étais presque fatiguée, étant arrivée à ce point. Le vignoble, le fils aîné dévoué à son père, fiancé à une belle jeune femme qui devra pourtant patienter avant de s’unir à la famille Prioris, le retour du fils prodigue …
Et quand enfin Adrien, à qui Hubert et William donnent constamment le très désagréable et agaçant surnom « le petit »,revient, et bien, aucune surprise, tout se déroule comme on s’y attendait.
Pas de surprise. Ni de près ni de loin.
Dommage dommage dommage dommage.
Car l’écriture est agréable, on sent l’amour de la terre, du paysage, du terroir, le pays est décrit avec une finesse qui permet de voir devant son œil intérieur le vignoble baigné de soleil qui se blottit contre la colline, on sent l’odeur, on imagine des mains calleuses couper la petite pousse pour assurer la sève dans le pied de vigne.
Des images très belles. Des photographies de l’imaginaire réussie. Mais il est inutile d’espérer que le film soit passionnant.
L’intrigue semble être restée à ses bases, elle ne décolle pas ; on a l’impression que l’auteur s’est dit « une fois imaginé les grandes lignes, inutile de fignoler, ça ira » ou encore « je vais commencer, ça viendra au fur et à mesure, j’imaginerai les détails plus tard ».
Eh non, cela ne suffit malheureusement pas. Le chemin que suivront William et Adrien, le destin des Prioris, on l’imagine dès le quart de couverture, il fallait aller plus loin.
Donc, si j’ai franchement apprécié la lecture, grâce à une douceur omniprésente, j’étais tout aussi franchement déçue de ne pas avoir eu au moins une seule surprise.
Mon verdict est donc clair : doux, mais bien trop prévisible. Un roman du terroir à réserver aux moments de fatigue mentale lorsqu’on n’a aucune envie de se prendre la tête.
On garde néanmoins une impression positive en fermant le roman. Et c’est déjà très appréciable.