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Mariage gay : les raisons d’espérer

Publié le 13 novembre 2012 par Tchekfou @Vivien_hoch

 Tribune libre* 

Si les opposants à l’union homosexuelle fourbissent leurs armes pour empêcher cette dérive judiciaire, un doute les étreint souvent au moment de l’offensive : nous avons tant perdu ! Comme elle est longue la liste des combats que nous avons menés, et que nous avons perdus. Comme elle est longue, la liste des causes que nous avons défendues, et qui n’ont pas abouti. Et chacun de faire sa propre liste.

Mariage gay : les raisons d’espérer

C’est la grande force de tout combattant, que de faire croire à son adversaire qu’il a perdu, avant même de livrer bataille. Les armes n’auront pas besoin d’être sorties puisque, mentalement, spirituellement, la bataille s’est déjà jouée ; et nous avons perdu. Pour remettre les armes à l’endroit, faisons donc la liste de nos victoires. De quelques-unes de nos victoires, car nous en avons tant.

Nous avons gagné dans la défense de l’école libre, quand le gouvernement Mauroy voulut supprimer les écoles indépendantes, en les intégrant dans un grand service unifié de l’Éducation Nationale. C’était une promesse de campagne de Mitterrand, les socialistes étaient majoritaires, et la loi n’est pas passée.

Nous avons gagné lors de la révision des lois de bioéthique. Peut être pas assez, peut être que certains, à juste titre, trouverons que nous aurions pu mieux faire, mais le gouvernement voulait, initialement, autoriser des recherches inacceptables, et libéraliser la recherche sur le vivant d’une façon contraire à la dignité de l’homme. Grâce notamment, à la conférence de presse menée par le Cardinal Vingt-Trois, la défaite annoncée n’a pas eu lieu.

Nous avons aussi gagné, en partie, sur le mariage homosexuel. L’UMP voulait mettre cette revendication au programme 2012 du candidat Sarkozy. De puissants lobbys avaient infiltré l’exécutif du parti, au point que tout le monde pensait que les jeux étaient faits. Il n’en fut rien. Le candidat a réitéré son opposition à ce projet tout au long de la campagne.

On pourra évoquer l’avortement et le Pacs dans la liste de nos défaites. Au moment des lois sur l’avortement, les opposants à cette loi n’étaient pas unis, et la parole des évêques était loin d’être claire. Nous étions encore dans les temps obscurs des années 1970. Mais plus de trente ans après, l’interrogation sur le bien-fondé de cette loi ne s’est jamais refermée. Les sages-femmes et les médecins refusent massivement de pratiquer des avortements, à tel point que le planning familial s’inquiète d’une pénurie à venir. Chez les femmes, les langues se délient pour parler du drame vécu, et on a vu des partisans de l’IVG se rétracter et revenir sur leur position de jeunesse. N’est-ce pas, déjà, de belles batailles gagnées, en attendant la fin de la guerre ?

Sur le Pacs, si la loi fut votée, la très forte mobilisation a permis d’éviter une loi pire. Aujourd’hui le Pacs montre son échec, car, conçu pour les homosexuels comme une substitution au mariage, les statistiques montrent que ces derniers se pacsent très peu. Il y a là, d’ailleurs, matière à argument pour l’union en mairie. Si les homosexuels veulent tant se marier, pourquoi ont-ils si peu utilisé le Pacs, pourtant à leur disposition depuis treize ans ?

Nous avons d’autres victoires à notre actif. En 1997-98, la légalisation prochaine du cannabis apparaissait comme évidente chez beaucoup. Il n’en fut rien, et ce projet est passé de mode. La légalisation des mères porteuses et la gestation pour autrui ont fait une forte percée, avant de retomber, pour l’instant. Même l’euthanasie ne semble pas aussi assurée que ses partisans voudraient le faire croire. Les exemples de cas dramatiques qui ont eu lieu chez nos voisins devraient nous donner des arguments pour combattre cette régression sociale.

Courage donc, car nos victoires sont réelles. Ne perdons pas la bataille psychologique, si nous voulons gagner la guerre législative.


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