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[Critique] AMOUR de Michael Haneke

Par Celine_diane
[Critique] AMOUR de Michael Haneke  « Amour » : venant d’Haneke, spécialiste de la décortication sadique de la violence, le titre avait de quoi intriguer. Un film que l’on appelle « Amour », forcément, on a envie de l’aimer. Dès les premières images, cependant, les amateurs du cinéma de l’autrichien- qui reçoit avec ce film sa deuxième Palme d’Or- seront rassurés : non, Haneke n’a pas encore fait de grand saut en territoire romantique. Comme à l’accoutumée, les autres (moi) seront mis à l’écart : Amour est glacial, d’une rigidité agaçante. Longs plans séquences, observations fixes du détail, atmosphère anxiogène à souhait, sujet glauque : le décor est planté. Durant plus de deux heures, le cinéaste ne quittera quasiment jamais les murs de cet appartement parisien, faisant de la lente déliquescence cérébrale de son héroïne (Emmanuelle Riva) un huis clos bourgeois sans lumière. Le film, se vit en deux temps. D’abord une première partie d’exposition, péniblement lente et peu passionnante, qui expose le quotidien du couple : ils mangent, font la vaisselle, écoutent des concertos, lisent Le Monde. Dès la seconde attaque cérébrale de l’épouse, le drame implose : le mari (Jean-Louis Trintignant) assiste, impuissant, à la dégradation de l’état physique et mental de sa moitié : elle est paralysée, perd sa tête, ses mots, se fait dessus la nuit. Amour, donc. Pourquoi exactement ? On ne le saura jamais vraiment. L’amour d’un mari pour sa femme ? L’amour de la vie, d’une vie désormais derrière soi ? Haneke ose titrer « Amour » mais le film en est constamment dépourvu : le drame s’observe derrière une vitre, les émotions sont gardées à distance, la caméra est complaisante. 
Du calvaire subi par la vieille dame, rien ne ressort. Amour, c’est du cinéma d’une froideur et d’une rigueur extrême, qui n’a pour ambition ni de transcender l’horreur du sujet par la beauté d’un point de vue (il n’y en a pas), ni d’offrir un portrait de couple à vocation documentaire (qui d’autres que de vieux bourgeois parisiens pourront s’identifier à ces deux là ?). Ainsi dit, et parce qu’il se refuse à toute spiritualité (la foi est absente) et à toute sentimentalité (le personnage incarné par Trintignant ne versera pas une larme), c’est une œuvre qui apparaît bêtement inutile. Peut-être est-ce de cette stupidité là dont veut parler Haneke ? …Quels que soient les ornements, l’argent, l’édifice bâti le long d’une vie, on finira tous par mourir, comme cela, sans prévenir, sans défense face à la fatalité. Son regard demeure comme d’habitude empli d’une désagréable indifférence cynique : le réalisateur étale la souffrance comme de la confiture, balance froidement la mort et la maladie sur la table, s’englue dans des séquences d’agonies inexplicables (Emmanuelle Riva, paralysée, qui tente de parler pendant cinq longues minutes), et ce sans compassion aucune pour ses personnages. Un peu plus, et l’on lui verrait bien un rictus moqueur aux lèvres : « vous vouliez de l’Amour ? », pourrait-il dire, « vous n’aurez rien d’autre que le vide », et l’immense non sens de l’existence. Pour le meilleur ou le pire (c'est selon), Haneke restera toujours Haneke
[Critique] AMOUR de Michael Haneke

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