40 films, rien à jeter – ou presque...
Et c'est là qu'on mesure l'ampleur de l'oeuvre : plus de 40 films ! Quel cinéaste contemporain a-t-il produit autant de films avec une telle régularité ? Vraiment, là, je sèche.... Et le déchet est plutôt rare – To Rome with Love, Escrocs mais pas trop, Scoop... Pour le reste, on garde tout. Dommage d'ailleurs que le documentaire passe inexplicablement sur certains de ses très grands films – Celebrity, Une autre femme, notamment.
Durant 3 heures, Robert Weide revient chronologiquement sur l'oeuvre du cinéaste, tout en l'agrémentant de témoignages. Ceux de Woody Allen himself, qui se prend au jeu des questions-réponses, du making-of sur Vous allez rencontrer un sombre et bel inconnu, et des retours sur ses ses lieux d'enfance, mais aussi – et surtout – de ses collaborateurs ou acteurs. Certes, pas de Mia Farrow, mais on est heureux de retrouver Mia Sorvino, Sean Penn, Tony Roberts, Diane Keaton ou Mariel Hemingway, très émouvante dans son évocation des derniers plans d'un des chefs d'oeuvre du cinéaste, Manhattan.
People, oui, mais pas trop
Et si le documentaire ne parvient pas toujours à se concentrer sur le cinéma – impossible de faire l'impasse sur la rupture du cinéaste avec Mia Farrow et l'énorme scandale qu'il a généré, notamment auprès de la presse people – il réussit à le ramener sur le cinéma. Et montre en quoi, par exemple, cet événement de vie privée a directement influencé son oeuvre – en l'occurrence, des scènes et dialogues de Maris et femmes, tourné à la même époque (1992-1993).
Le clou à mon sens, outre Mariel Hemingway, revient au témoignage de Gordon Willis. Chef op de Woody Allen d'Annie Hall à La Rose pourpre du Caire, il raconte comment il s'est peu à peu défait de sa réputation de « Prince of Darkness » - souvenez-vous de la lumière du Parrain – grâce à Woody Allen. Passionnant.
Calme et volupté de Woody Allen
Enfin, Woody Allen. A l'inverse de ce à quoi on aurait pu s'attendre, le documentaire présente un personnage apaisé, zen, ouvert. Et finalement peu stressé, avec un regard lucide sur son oeuvre. Certes, demeure toujours une tonalité auto-dépréciatrice. Mais la confiance qui règne dans ses propos, et la finesse de son regard sur son propre travail nous donnent envie d'une seule chose : redescendre dans notre DVDthèque pour exhumer un à un, tel de bonnes bouteilles, chacun de ses films.
Travis Brickle