Photographies : Première page du journal La Gaudriole n°188 du 19 janvier 1893 mettant en scène
un dialogue de viveurs intitulé « Joyeux viveurs ». L'illustration a pour légende : « Joyeux viveurs. - Que prenez-vous ? ».
Le terme de viveur semble apparaître dans la littérature à partir de 1841. Il est beaucoup employé sous Napoléon III
(empereur des Français de 1852 à 1870). Dans sa série Les Viveurs de Paris datant de 1852, Xavier de Montépin (1823-1902) décrit ces personnages du XIXe siècle dans plusieurs ouvrages
: Le Club des hirondelles, Un Roi de
la Mode, Un Fils
de famille. Il existe aussi une pièce de théâtre du même auteur ayant pour titre Les Viveurs de Paris datant de 1857 (voir ici ou ici). Nombre de ces jeunes élégants viennent à Paris pour profiter du grand monde et de ses plaisirs, cherchent à s’amuser, fréquentent le boulevard des Italiens
après minuit avec le café de Paris, Tortoni, la Maison Dorée, le café Anglais, le café Foy … On retrouve dans ces textes de nombreuses résurgences de la mode du XVIIIe siècle : le goût
pour les intérieurs, les voitures, la toilette, et d’autres témoignant des modes particulières au XIXe (même si beaucoup naissent au XVIIIe) : la prédilection pour les chevaux et les
courses, avoir un cocher anglais, un groom … Et puis il y a tout ce qui concerne la galanterie, les choses de l’amour. Manè (pseudonyme de Henri de Pène : 1830-1888) écrit Le Paris viveur (Paris, Dentu, 1862),
Xavier de Montépin
Montépin (1823-1902) Les Viveurs d'autrefois (Paris, A. Degorge-Cadot, 1880), et
d'autres livres sont publiés ayant pour thème ce sujet comme La Fin d'un viveur
par Paul Perret (1830-1904).
Le terme s’emploie aussi au féminin. Les viveuses sont des femmes ayant une vie assez dissolue et ne
pensant qu’aux plaisirs. Il y a viveuses et grandes viveuses. Un livre du XIXe d’Émile Faure intitulé Les Grandes viveuses (1886) est consacré à des femmes telles que la reine Margot, la
duchesse de Mazarin, la Duchesse de Bouillon, la Duchesse de Vendôme, la Duchesse de Berry, la Comtesse de Parabère.
Le monde des viveurs du XIXe siècle est celui de la dépense, de l’argent. Plusieurs écrits nous
dévoilent des jeunes prétendants à la vie de viveur comme ces faux vicomtes et vicomtesses du livre d’Albéric Second (1816-1887) La Jeunesse dorée (1878) qui se cassent les dents dans ce
Paris dont l’urbanité est faite de murs d’argent (où la monnaie est reine). Même le romantisme passionné des nouvelle-France est confronté à cette réalité. Théophile Gautier (1811-1872) dépeint
cela dans son conte (de la série Les Jeunes-France) : Celle-ci et celle-là, ou la Jeune-France passionnée publié en 1833 (voir l'article Les romantiques 'jeune France' et 'nouvelle France') où un jeune romantique cherchant une grande passion finalement se retrouve dans les bras de sa dame de ménage
qui elle l’aime vraiment.
© Article et photographies LM