En juillet dernier, le président dela Républiquequi, durant sa campagne s’est courageusement engagé à légiférer sur le droit de mourir dans la dignité, confiait une mission sur la fin de vie au Professeur Didier Sicard.
Ce dernier devait s’entourer de personnes neutres…
Si certains noms de cette énième mission étaient connus pour leur opposition à toute légalisation de l’euthanasie, la moitié des noms des huit membres (et sans compter le président !) composant cette mission était inconnue de ceux qui suivent au quotidien cette question.
Avec l’ADMD, j’ai donc fait la recherche sur les positions publiques de ces personnes et quelle ne fut pas notre surprise de découvrir que seule une membre ne s’était pas exprimée contre la légalisation de l’euthanasie dans les médias et n’avait donc aucune opinion connue.
Comme certains observateurs continuent à croire en l’impartialité des membres de cette mission, je vous les présente afin que vous ayez tous les éléments d’appréciation.
Commençons par le premier d’entre eux : le Pr Didier Sicard. Il a toujours dit qu’il était opposé à l’euthanasie notamment lors de ses auditions devant la mission Leonetti. Au début de sa mission, il a d’emblée confié que la loi actuelle était excellente et qu’il n’était pas sûr qu’il faille la changer. Bon début !
A ses côtés, le Pr Jean-Claude Ameisen, professeur d’immunologie à l’Université de Paris VII est un homme modéré et humaniste et s’interroge mais il a toujours refusé la légalisation. Idem pour Pr Régis Aubry, chef de service de soins palliatifs au CHU de Besançon et directeur de l’Observatoire National de la Fin de Vie (ONFV) dont aucun membre n’est favorable à l’Ultime Liberté. Il a produit un rapport en janvier dernier qui a couté très cher au contribuable français et dans lequel tout était fait pour démontrer que légaliser l’euthanasie était une très mauvaise solution.
Autre membre, mais inconnue du grand public, Marie-Frédérique Bacqué. Elle a rédigé la postface d’un livre du militant violemment anti euthanasie Louis Puybasset : « Penser que notre mort nous appartient fait partie des vanités humaines… » Sans commentaires…
Alain Cordier, membre du Collège de la HAS depuis 2011
est surtout - ce titre n’est évidemment pas mis en avant ! - ancien président du groupe Bayard Presse (La Croix…) dont je n’ai pas besoin de vous préciser les positions.
Eric Fourneret, docteur en philosophie et post-doctorant au centre de recherche Sens, éthique et société (Cerses) écrit : « Mais provoquer la mort d’autrui, fut-ce à sa demande, ne lui rend pas sa dignité » (Augmenter la puissance d’exister en fin de vie ou Comment préserver la dignité du mourant) Encore sans commentaires !
Florence Gruat, adjointe à la coordinatrice des soins du Centre Hospitalier Spécialisé (CHS) Théophile-Roussel de Montesson, où elle est chargée des questions d’éthique, est membre du conseil exécutif de Plus digne la vie, association anti euthanasie tout comme Valérie Sebag-Depadt, spécialiste de droit de la biomédecine, maître de conférences à l’Institut de Recherche en Droit des Affaires (IRDA).
Seule Chantal Deschamps, médiatrice en santé et Vice-Présidente de la commission nationale d’agrément des associations d’usagers de la santé, ne semble pas partisane. En tous cas, on ne trouve aucune déclaration de sa part.
Etonnant donc que sur 8 membres (outre le président), dans une commission qui n’est donc pas neutre du tout, le professeur Sicard n’ait pas cru bon d’y inviter des membres partisans d’une autre législation.
Je pense malheureusement que les collaborateurs du président dela Républiquen’ont pas été informés préalablement des CV militants des membres de cette mission… Avec une telle composition, il est aujourd’hui difficile de donner une crédibilité à ses travaux qui font jusqu’à présent la part belle aux responsables de soins palliatifs les plus opposés à toute évolution de la loi.
Mais comme M. Sicard va rendre sa copie le 21 décembre, à quelques jours des fêtes, sûr que son rapport a toutes les chances d’être enterré. Une énième mission sur la fin de vie qui ne servira sûrement à rien ! Au grand désespoir des personnes qui souffrent mais aussi et sûrement du président qui aura été trompé !
posté le 15 novembre à 20:27
trompé ? si c'était le cas il aurait pu dissoudre le groupe complice plutôt du choix des membres de la commission