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Statistique impressionnante que celle révélée à l’occasion de la Journée européenne contre la dépression qui s’est tenue il y a un peu plus d’un mois. Pas moins de 20% des employés européens sont atteints de dépression liée au travail, soit environ 30 millions de personnes.
Salaires de misère, stress, perspectives d’évolution bouchées, cumul d’emplois…Tout un ensemble de facteurs contribuent à cette maladie.
Mais bon, ce qui compte c’est la compétitivité de l’entreprise. Ne faisons pas les rabats-joies. Et puis la pharmacopée est là pour aider les âmes en détresse. Le dopage légal a du bon.
« What a wonderful world » comme chantait Amstrong.
« Alors que La Poste déplore le suicide d’un nouvel employé, une étude européenne tire la sonnette d’alarme concernant la dépression au travail, un fléau qui a coûté 92 milliards d’euros en 2010.
La série de suicides qui touche La Poste depuis le début de l’année se poursuit. Un guichetier s’est pendu mercredi sur son lieu de travail dans l’Aisne, après avoir adressé à la direction un courrier dans lequel il exprimait mal-être et manque de reconnaissance. Ces drames posent la question de la dépression au travail, un problème largement sous-évalué selon les spécialistes. À l’occasion de la Journée européenne contre la dépression qui s’est tenue le 1er octobre dernier, la European Depression Association (EDA) a publié un pré-rapport de son audit sur l’impact de la dépression au travail. Après avoir interrogé 7000 employés dans sept pays (dont la France), l’organisme européen affirme que 20% des employés ont été atteints de dépression à un moment de leur carrière, un taux allant de 12% en Italie à 26% en Grande-Bretagne.
«La dépression est le principal défi de santé mentale parmi les personnes en âge de travailler, et l’on sait déjà que plus de 30 millions d’entre elles seront touchées», peut-on lire dans le rapport. Le plus souvent, cet état dépressif se traduit par un congé maladie dont la durée moyenne atteint 36 jours, un arrêt de travail qui a déjà concerné 10% des salariés européens. Le bilan économique de ce phénomène est désastreux: on estime le coût en Europe à 92 milliards d’euros pour l’année 2010, tandis que la Sécurité sociale française dépense chaque année 800 millions d’euros pour les seules indemnisations liées aux arrêts de travail pour dépressions et troubles musculo-squeletiques (TMS).
Malgré l’envergure du problème, un cadre sur trois dit pourtant n’avoir aucune ressource à sa disposition pour gérer cette situation, alors que 43% d’entre eux souhaiteraient que des mesures soient prises afin de proposer une meilleure protection des salariés concernés. Selon le docteur Vincenzo Costigliola, président de la European Depression Association, «les résultats de cette enquête montrent que la tâche est immense afin de prendre conscience de ce problème et de soutenir les employés dans la reconnaissance et la gestion de la dépression au travail».
Les entreprises de plus en plus concernées
D’après le psychiatre Marc Willard, auteur de l’ouvrage La Dépression au travail, prévenir et surmonter, «la France est un des pays les plus touchés». Car même si beaucoup d’études ont été effectuées sur le stress au travail, aucune n’aborde réellement la dépression, «une vraie maladie» qui demeure aujourd’hui «un problème inconnu au sein de l’entreprise». Même si ce médecin observe désormais «une réelle demande de formation de la part des chefs d’entreprise et des cadres pour savoir comment traiter ce problème», la dépression demeure un sujet tabou. La plupart des entreprises contactées par le figaro.fr ne souhaitaient pas s’exprimer sur ce sujet, preuve du malaise qui entoure le phénomène.
Afin de s’attaquer à ce fléau, Marc Willard propose tout d’abord «un dépistage systématique de la dépression par la médecine du travail». Ensuite il convient de distinguer le traitement de cette maladie des simples programmes de gestion de stress proposés par les cabinets de conseil en management, cela afin de «redonner la main au monde psychiatrique, car la dépression n’est pas un problème organisationnel». «Si on veut avoir des employés plus productifs et lutter contre l’absentéisme, il faut effectuer de la prévention médicale et proposer des soins alliant thérapies et prescriptions médicamenteuses», conclut-il. »
Source: Le Figaro