ANTIBIORÉSISTANCE: La montée des entérobactéries – InVS – BEH

Publié le 13 novembre 2012 par Santelog @santelog

Face à l'émergence des antibiorésistances, mieux prescrire les antibiotiques est devenue une urgence absolue qui doit ralentir, voire endiguer le phénomène. Chaque prescription doit être réfléchie, en mettant en balance les effets bénéfiques à court terme pour le patient mais aussi les effets néfastes possibles tant pour le patient qu'en terme d'écologie bactérienne. C'est le message de cette édition spéciale du 13 novembre du Bulletin hebdo de l'Institut de veille sanitaire.


Premier milieu de développement des infections bactériennes multi-résistantes, l'hôpital, avec la menace de diffusion d'entérobactéries productrices de β-lactamases à spectre étendu (EBLSE) et Staphylococcus aureus résistants à la méticilline (SARM). Le Réseau BMR-Raisin qui fait le point sur la période 2002-2010 à partir d'un échantillon de 933 établissements montre, sur la période,


-   une diminution de l'incidence des SARM


-   mais une augmentation très préoccupante des EBLSE, et en particulier des infections à Escherichia coli. Ainsi, alors que la proportion de l'espèce Escherichia coli au sein des EBLSE était de 18,5% en 2002, elle atteint aujourd'hui, près de 60%. Un phénomène constaté en Europe, où le réseau européen de surveillance EARS-Net constate, lui-aussi une diminution de la proportion de SARM et une augmentation de la proportion de souches de E coli ou K pneumoniae résistantes aux céphalosporines de troisième génération.


D'ailleurs, au bilan européen, la France qui participe au réseau européen de surveillance EARS apparaît avec des tendances similaires, une proportion de souches résistantes à la méticilline en diminution de 2001 à 2010 (33,2 à 21,5%) mais une proportion d'E coli en augmentation particulièrement depuis 2006.Les services les plus touchés par ces souches résistantes sont la réanimation (13,2%) et les moins touchés en gynécologie-obstétrique (1,5%). Globalement, la France fait partie du petit nombre de pays où la proportion de SaRM a nettement diminué ces dernières années, reste dans la moyenne européenne pour la résistance des E. coli mais est en situation défavorable pour la résistance de K. pneumoniae aux céphalosporines de troisième génération puisqu'elle est passée au 15e rang en Europe de 2005 à 2010. Des résultats qui, si la place de la France en Europe en matière de résistance aux antibiotiques diffère selon l'espèce bactérienne, suggèrent, selon l'InVS un contrôle insuffisant de la diffusion de ce type de résistance.


Le mésusage des antibiotiques reste ancré: Face à l'émergence de certaines résistances, l'usage inapproprié des antibiotiques se poursuit enn France. Malgré les efforts de surveillance développés depuis 2000, une tendance à la reprise se manifeste depuis ces dernières années. La consommation française en ville demeure ainsi l'une des plus élevées d'Europe, avec une surconsommation plus élevée chez femmes, qui se stabilise avec l'âge puis reprend après l'âge de 74 ans. Ce mésusage qui favorise l'émergence ou le maintien de ces résistances est d'autant plus critique que l'innovation est insuffisante pour faire face aux situations d'impasse thérapeutique.


Source : InVS BEH du 13 novembre 2012 / n° 42-43 (Visuels CDC, vignette E coli CDC)


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