13 novembre Périr de conserve Arrive le livre maudit, le livre qui ne sortira jamais qui ne devrait jamais sortir : Je les hais tous. Et toutes. Pas de raisons particulières. J'ai narré mon enfance en long en large et en travers, étendu sur le divan de mon psy, il y a trouvé quelques failles, il fallait bien qu'il bouffe... Mes parents étaient commerçants. Chaque fois que je parlerai d'eux, je les désignerai ainsi, "mes parents", tant ils étaient indissociables. Ils ont même trouvé le moyen de périr de conserve dans un accident d'auto. Pour un peu, on les couchait dans le même cercueil. Épiciers de quartier, lui aux fruits et légumes elle au jambon et à la caisse, c'est aux infimes différences que l'on reconnaît des vrais jumeaux, ils prospéraient doucement. J'ai eu l'intelligence de fuir avant l'invasion des grandes surfaces, aussi n'ai-je souffert de rien. De bons produits dans mon assiette, une maman de goût pour mes pantalons un papa féru de vélo mais qui ne me força jamais le mollet. J'ai même bénéficié d'une affection généreuse à une époque où la moindre caresse frisait l'obscène. Affection... je ne voudrais pas verser dans la psychanalyse de comptoir, mais quel curieux mot ! Qui désigne à la foi tendresse et maladie ! Certes, les académiciens étaient des gens tordus, mais le mot lui-même est suspect. J'étais tellement heureux en ces temps-là qu'un jour j'ai volé une orange. A suivre... demain !
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