Vous avez remarqué que le mot d’ordre depuis quelques années, c’est de rester actif.
J’évacue le cas particulier – mais loin d’être exceptionnel hélas - des chômeurs, je parle des retraités. Autrefois le terme de « retraité » était quasi synonyme de « vieux » qui lui-même annonçait le pied dans la tombe. Pour éviter cette allusion indirecte franchement démoralisante, les cartes vermeille se sont révoltées et ont décidé que désormais, elles vivraient comme tout le monde, c'est-à-dire comme les jeunots encore dans la vie professionnelle.
Ce qui signifie, concrètement, avoir une vie sociale faite de sorties, de rencontres et de sexe, de sports, de voyages et que sais-je encore, l’important étant de rester actif, de se bouger le cul pour ne pas le laisser s’amollir devant la télévision. Et c’est très bien.
Etonnés eux-mêmes par les conséquences de leur révolte, les retraités se sont alors aperçus que leurs nouvelles occupations leur ouvraient les portes d’une seconde existence. Dans ces conditions, il était évident qu’ils réclament un allongement de la durée de vie. Médecins, laboratoires pharmaceutiques et toute une clique paramédicale s’engouffrèrent dans la brèche pour repousser les limites des corps et des cerveaux. Et c’est très bien.
Maintenant, nul besoin d’être retraité pour constater que plus on est actif, plus le temps passe vite. En somme, les gens veulent rester actifs pour que le temps passe plus vite mais ils veulent aussi vivre plus longtemps ! Or, plus le temps passe vite, plus on se rapproche à vive allure de la mort. Non ?
N’y-a-t-il pas dans tout cela quelque chose de contradictoire ?