Dans le quasi désert culturel qui caractérise notre époque, certains "intellectuels" régnent en maîtres absolus. Il fut un temps où ces "intellectuels" se prétendaient philosophes, usant de la magie de ce mot pour mieux diriger nos esprits et parfois penser à notre place...Ces temps semblent désormais révolus. Qui écoute ou lit les philosophes aujourd'hui ? C'est l'économie qui est seul maître à bord désormais. L"oracle est économiste...
On me parle parfois d'un succès récent de la philosophie grand public : je n'y crois guère. Je ressens plutôt un recul net de ce que pourrait etre le philosopher.
Faire de la philosophie pour moi, c'est chercher la rencontre avec l'autre, la sortie de la solitude dans le but de dégager le vrai. Socrate l'a dit mieux que moi : le philosophe est celui qui a l'amour de la vérité qui est ami avec elle, au sens où son émergence ne lui fait pas peur...Il est prêt à l'affronter : ce qui ne signifie pas qu'il soit disposé à entendre n'importe quoi de n'importe qui et n'importe comment : que tout peut lui être dit n'importe comment. Celui qui aime la vérité ne doit pas pour autant être pris pour la poubelle de nos âmes, celui sur qui l'on se "vide" pour faire passer une colère.
La logique médiatique semble désormais pousser à l'évitement de ce vrai car celle-ci implique de plus en plus des pensées par "masses" et par "blocs" alors que la vérité est faite de nuances, de complexité et de multiples ouvertures...
Massifier c'est souvent caricaturer, fermer et définir...Alors que le vrai requiert sa dose de non-fini. Il est trop subtil pour se laisser enfermer dans les mots.Il est en lien avec l'ouvert, le silence. Il ne s'accomode ni des modes, ni des masses, ni des mots trop généraux...!
La pensée par "masses" n'est guère subtile : elle met les hommes et les situations dans des groupes grotesques et énormes : elle enferme un tel dans sa posture de "chef d'entreprise" , tel autre dans celui de "politique", tel autre en tant que "fonctionnaire" ou "chômeur" et elle prétend ainsi saisir ce qui par définition ne peut se laisser enfermer dans le général et l'abstrait qui éloigne du vrai...