L’Eglise catholique en rétropédalage

Par Rolandlabregere

Une nouvelle fois, pour faire entendre sa différence, l’Eglise catholique renoue avec ses vieux démons. C’eût été dommage pour elle que de passer à côté d’une occasion, qui, comme une comète, ne revient qu’épisodiquement. S’opposer au mariage civil accessible à tous est une initiative qui pourrait replacer l'Eglise, institution en franche perte d'audience, au centre des débats. Pourquoi ne pas succomber à la tentation chercher à régenter la vie des citoyens et à celle de dicter les canons d’un bonheur idéal à tous ?

Le cardinal André Vingt-Trois évoque les « mutations profondes de notre législation qui pourraient transformer radicalement les modalités des relations fondatrices de notre société ». Le cardinal a-t-il un jour ouvert la fenêtre de son palais pour humer l’air du temps ? Il n’est pas le seul à jouer les anthropologues amateurs et prédire le déclin des nations qui se vautrent ainsi dans la luxure. Haut les cœurs, la cathosphère entonne la vieille rengaine de la haine de la différence. Une offensive médiatique du clergé contre le libre choix matrimonial des individus se met en place. Elle active ses relais politiques entre Droite populaire et droite extrême. Le rêve d’une catho pride, chasubles et étoles au vent, titille les mitres de France.

« C’est votre habitude. Quand vous forgez une chaîne, vous dites : Voici une liberté ! " Victor Hugo. Discours, 14 janvier 1850 lors de la discussion de la loi Falloux

L’égalité des droits, dans le cadre d’un état laïque, semble intolérable aux dignitaires de l’Eglise catholique. De quel mariage parle l’Eglise ? Celui qui existe dans le cadre de la République est un contrat entre deux personnes. Il n’a rien de sacré. Si l’Eglise s’opposait seulement au mariage comme sacrement religieux, elle serait dans son rôle. Il est bon de rappeler, et de faire entendre à l’Eglise, que les religions doivent se restreindre à la seule sphère spirituelle, et ne pas interférer, par imprécations  et amalgames interposés, avec les légitimes débats publics et démocratiques qui président à l’évolution et au progrès des droits civils. Seule cette attitude permettrait de supposer que l’Eglise accepte la République.