Le Figaro jubile sur son site Web. En effet selon le sondage réalisé par Ipsos pour le Cesi, en partenariat avec ... Le Figaro, les salariés seraient 64% à renoncer aux 35H00 et 59% accepteraient un gel de leurs salaires. Voila qui va ravir le MEDEF qui n'a toujours pas digéré l'abandon (provisoire ?) des accords compétitivité-emploi promis par Nicolas Sarkozy et l'UMP en cas de victoire.
Que dit l'étude/sondage ?
Que les salariés seraient prêts à abandonner les 35H00 et un gel des salaires pour les raisons suivantes : « Près d'un salarié sur cinq indique avoir observé dans son entreprise une recrudescence de licenciements économiques individuels ou de plans sociaux » commente Étienne Mercier, directeur adjoint du département opinion Ipsos Public Affairs, qui ajoute : « Plus d'un salarié sur cinq juge même qu'il existe une importante probabilité qu'il connaisse une période de chômage dans les deux prochaines années »
Vous avouerez que ce sondage tombe à pic pour le MEDEF dont l'unique objectif est la mise en place de la flexibilité des salariés. D'autant que ce sondage survient à mi course des négociations entre patronat et syndicats, initiées par le gouvernement. On imagine avec quelle gourmandise les négociateurs du MEDEF vont le brandir devant les syndicalistes.
Pour ceux qui seraient tentés de dire : Après tout, pourquoi pas ? nous leur soumettrons un exemple de ce qui pourrait se passer au cas où la flexibilité horaire et le gel des salaires devenaient la règle
Cet exemple se nomme Renault
« (...) la direction du groupe a été claire. Elle n'attribuera de nouveaux véhicules ainsi que des volumes minimaux de production à ses différents sites hexagonaux que si un accord est trouvé sur une meilleure organisation du travail et les salaires. Avec comme modèle le site de Palencia, en Espagne, qui serait – c'est en tout cas ce que les partenaires sociaux entendent à longueur de réunions – le plus compétitif du groupe (...) »
En attendant de connaître les exigences réelle de la direction de Renault, les salariés français ont appris que leurs homologues espagnols étaient soumis aux contraintes suivantes : « (...) un accord qui permet notamment d'allonger la durée du travail de un à trois jours par an, de plafonner les hausses de salaires à la moitié de l'indice des prix et de créer une nouvelle grille pour les salaires d'embauche, démarrant à 72,5 % du salaire d'un agent qualifié (...) »
Mais Renault ne se limite pas à mettre la pression aux salariés français, puisque en Espagne, nous explique Le Monde, la référence c'est : L'usine roumaine ! Et donc, pour maintenir l'emploi , que ce soit à Palencia, Seville ou Valladolid, le constructeur exige des concessions des syndicats. Et comme l'Espagne compte près de 25% de chômeurs...
Cette particularité n'a pas échappé non plus à Ford qui n'a pas hésité à annoncer la fermeture de son unité de production en Belgique pour la tranférer ... en Espagne !
Sans oublier que ce chantage est sans fin puisque comme l'expliquent Les Echos : « (...) La durée de travail normale sur d'autres sites européens est bien plus importante, comme à Novo Mesto en Slovénie (environ 1.650 heures par an) ou Tanger au Maroc (plus de 1.950 heures). L'usine turque de Bursa, qui assemble la nouvelle Clio, constitue un cas extrême avec 2.050 heures environ (...) » Après tout, l'objectif n'est pas que les salariés soient en mesure d'acheter les véhicules qu'il fabriquent mais d'augmenter la marge réalisée sur chaque voiture assemblée ! Marge qui permettra de continuer de rémunérer grassement les équipes dirigeantes et les actionnaires.
Mais, se désolent IPSOS et Le Figaro, ces impertinents de salariés français, s'ils sont, selon eux, prêts à abandonner les 35H00 et à voir leur salaires gelés, ne seraient que 32% à accepter de baisser leurs salaires !
Salariés qui sont, toujours selon le duo IPSOS/Figaro, responsables de leur possible future perte d'emploi, puisque : « (...) seule une minorité d'entre eux consulte régulièrement les offres d'emploi pouvant les concerner (22%) et soigne ses relations à l'intérieur de l'entreprise (26% le font régulièrement) ou en dehors de l'entreprise (seuls 17%), y compris via les réseaux sociaux professionnels (seuls 7% le font régulièrement) »
En résumé, aux salariés français d'apprendre à vivre avec un salaire inférieur au seuil de pauvreté et d'anticiper leur licenciement !
Dégueulasse ? assurément ! Mais c'est la mondialisation Coco !