de Farid Benhammou et Caroline Dangléant, illustré par Mric
L’ours, le lynx et le loup repeuplent tant bien que mal nos montagnes. Certains, dont des éleveurs et des chasseurs, s’y opposent farouchement. La controverse fait rage. Dans ce contexte conflictuel, oui ou non, faut-il continuer à protéger ces grands carnivores, accusés (à tort ?) de décimer les troupeaux ?
L'ours, le lynx fascinent, effraient, dérangent...
Depuis leur retour dans nos montagnes, le débat sur leur cohabitation avec l'homme est toujours aussi exalté. La controverse fait rage. Ils sont, selon les uns ou les autres, tantôt symboles de la protection de l'environnement, tantôt attractions touristiques ou encore tueurs sanguinaires. Leur réapparition dans des zones rurales plus ou moins délaissées a permis de mettre le doigt sur une série d'enjeux non seulement écologiques, mais aussi socio-économiques, culturels politiques et territoriaux.
Dans ce contexte conflictuel, faut-il continuer à protéger ces grands carnivores, accusés de décimer le bétail ? Des pistes encourageantes existent, qui permettraient de préserver les écosystèmes, de l'imiter la prédation sur les troupeaux, de sauvegarder l'activité pastorale, tout en favorisant le multi-usage des territoires. Comment peut-on envisager une protection raisonnée et acceptable par tous de ces grands prédateurs ?
Farid Benhammou
Agrégé de géographie, docteur en géographie-environnement, Farid Benhammou travaille sur les conflits autour de la conservation de l'ours et du loup depuis 1998 en y appliquant une démarche géopolitique innovante. En 2007, il soutient une thèse distinguée par le Comité national français de géographie :Crier au loup pour avoir la peau de l'ours : une géopolitique locale de l'environnement.
Caroline Dangléant
Caroline Dangléant est journaliste indépendante. Après des études de biologie puis de journalisme, Caroline Dangléant s’est spécialisée dans les thématiques scientifiques et environnementales. Aujourd'hui, elle collabore notemment à Ushuaä Magazine, Pyrénées Magazine, Environnement et Technique...
Mric
Né à Paris en 1971, Mric publie ses premiers dessins d’actualité et d’humour dans Le Figaro étudiant puis diversifie ses publications : presse, édition, communication et séminaires d’entreprise, cartes de vœux, affiches… Il fait la une du n° 100 de Caricature & Caricaturistes et reçoit le prix Jeune Talent 2005 à Saint-Just-le-Martel.
Et
Plusieurs personnes réagissent aux propos de Farid Benhammou et les enrichissent.
- François Arcangeli, architecte et maire d'Arbas (Haute-Garonne) depuis 1995 ;
- Patrice Raydelet, ex-garde de réserve naturelle, aujourd'hui photographe naturaliste et conférencier ;
- Francis Chevillon, éleveur et berger de haute montagne dans l'Ariège et membre de l'Association des pâtres de haute montagne ;
- Michel Blanchet, attaché scientifique au parc naturel régional du Queyras,
Même s'il date de 2009, ce petit livre au format poche, facile à emporter est utile et devrait être relu, rien que pour son introduction : "Vrai, faux ? 20 idées reçues sur les grands prédateurs" et sa postface "Les grands prédateurs questionnent nos rapports à l'environnement".
"Animaux mythiques sujets à tous les fantasmes, les grands prédateurs sont victimes de nombreux préjugés qui faussent la réflexion sur leur devenir. Pour remettre « les pendules à heure », un passage en revue des principales dées reçues s’impose." Et ces idées reçues sont toujours les plus couramment exprimées.
- En France, les loups et les ours sont dangereux pour l’homme.
- Les grands prédateurs sont responsables du déclin d pastoralisme
- Si les éleveurs s’occupaient un peu mieux de leurs troupeaux, les moutons se feraient moins attaquer.
- Les protecteurs des grands prédateurs ne sont que des citadins qui ne vont jamais à la montagne.
- Les patous ou montagnes les Pyrénées, grands chiens blancs de protection des troupeaux sont dangereux pour l‘homme.
- Les éleveurs n’ont pas à se plaindre, puisqu’ils sont tès bien indemnisés pour chaque bête tuée.
- Le loup n’est pas revenu naturellement en France, il a été réintroduit dans le Mercantour.
- Le loup est définitivement installé en France, il est donc inutile de continuer à le protéger.
- Les ours slovènes sont plus carnivores et prédateurs que les ours autochtones pyrénéens.
- les réintroductions d’ours se sont faites sans concertation.
- Des trois grands prédateurs, le loup est celui qui fait le plus de dégâts.
- Les mesures de protection des troupeaux détériorent les pâturages.
- L’essentiel des attaques de troupeaux est attribuable aux chiens errants.
- Les mesures de protection des troupeaux sont infaillibles contre les attaques.
- Ce n’est pas la protection des grands prédateurs qui garantit le maintien de la biodiversité en montagne, c’est le pastoralisme.
- La protection des grands prédateurs coûte une fortune aux contribuables.
- Le lynx cause moins de problèmes que l’ours et le loup.
- Le lynx est responsable de la disparition des chevreuils.
- Contrairement aux Français, les Italiens et les Espagnols n’ont aucun problème avec leurs prédateurs.
- Les tirs annuels d’abattage de loups ne servent à rien.
Terre, une collection qui ouvre le débat.
"Ours, lynx, loup : une protection contre nature ?" est disponible à la boutique du Pays de l'ours.
Ecouter
Emission "La tête au carré" du 23 avril 2012 sur France-Inter : "Le loup est-il un loup pour l'homme ?" (disponible jusqu’au 17/01/2015 13h00).