Stéphane Gatignon : Opération « 5.000.000 et un Mars »

Publié le 12 novembre 2012 par H16

Dexia, la Banque Etatique Qui Prête De L’Argent Gratuit Aux Communes Insolvables, est en proie aux pires affres financières pour camoufler sa faillite. Evidemment, les communes (qui ont eu la bonne idée de s’acoquiner avec cette banque et de se barbouiller les babines avec ses contrats incompréhensibles) se retrouvent dans un potage épais.

Ce qui devait arriver arriva : les communes gérées par les branleurs dépensiers se retrouvent en faillite.

Et dans la France de la Grande Distribution de Roudoudous Gratuits Aux Enfants En Larmes, les dépêches d’AFP se succèdent et se ressemblent pour détailler les affreux tourments de ces maires qui doivent boucler des budgets en limitant leurs déficits supplémentaires à quelques millions d’euros (seulement, les pauvres). Et pour cette semaine, on nous propose de nous pencher sur le cas de Sevran, commune sinistre sinistrée du Nord-Est parisien que les entreprises Westinghouse et Kodak ont fui bien vite à la fin du siècle dernier (et pour Westinghouse, c’était pour se réfugier à Amiens, c’est dire l’ambiance locale), la plongeant dans la misère, la tristesse et les activités socioculturelles vitaminées d’une équipe EELV branchouille mais pragmatique à base de Vie Dans La Téci et autres programmes sportivo-éducatifs moyennant quelques saines dettes solidement contractées auprès de l’Etat, de la Région et de Dexia, donc.

Bien évidemment, le travail journalistique étant ce qu’il est, nulle part n’est mentionné que le maire est en poste dans cette commune depuis mars 2001 et que s’il a peut-être hérité d’une ville plongée dans les abysses par un autre (méchant) maire peu scrupuleux, il est directement responsable de sa gestion depuis suffisamment longtemps pour ne pas pouvoir refiler la patate chaude à son prédécesseur. De la même façon, on ne saura rien de vraiment concret des difficultés que traversent la commune : elle doit boucler son budget, payer les entreprises qui travaillent pour elle, et c’est très dur ma brave dame, un petit sou mon brave monsieur, Dieu vous le rendra et tout ça. Les comptes détaillés, comme à l’accoutumée dans cette France de l’OpenData, sont impossibles à avoir, mais on comprend vite qu’avec les projets du maire (évoqués vaguement ici par exemple), à 100 millions d’euros par an pendant 10 ans (!), le redressement budgétaire est en vue, en moins de 830 ans, vous verrez. Pour une commune de 50.000 habitants, ce maire est couillu. On découvrira ensuite, en fouillant, qu’en 2001, les charges de personnel de la commune s’établissaient à 26 millions d’euros, et qu’elles sont à plus de 40 millions en 2011. 65% de hausse en 10 ans, ce maire est couillu.

La suite, on la connaît puisqu’elle est bruyamment relayée par une presse gentiment acquise à cet ancien communiste reconverti en vert (comme c’est commode) : le maire, aux abois, décide de mettre sa vie en danger dans une tente Qetchua au pied des marches de l’Assemblée Nationale et de mettre un terme à tout apport de glucose à la petite excroissance graisseuse qui lui tient lieu de cerveau. Là encore, c’est un maire couillu.

Et alors que sa tisane (sans sucre !) n’a même pas eu le temps de refroidir au fond de son abri de fortune, paf, le maire est reçu par un ministre de la ville (dont le nom est sans la moindre importance) qui, bien évidemment, cède sans le moindre effort à toutes ses pleurnicheries collectivistes.

Pas de doute, tout ce battage médiatique autour de cette pénible affaire a tout de la bonne grosse Pignouferie de Presse.

On apprend tout de même (dans cet article par exemple) que, je cite :

Le maire explique qu’il refuse « toute augmentation d’impôts locaux » ou « toute baisse des actions de service public » de la commune.

Autrement dit, on n’a plus un rond, mais il est hors de question, je répète, HORS DE QUESTION, que nous nous serrions la ceinture, non mais et puis quoi encore ? On dirait l’État Grec ou Français, tiens. On le comprend ici, le brave Stéphane n’a absolument rien à foutre du sort des contribuables du reste du pays. Il veut continuer à vivre dans sa petite commune et y être vu comme le petit bienfaiteur local qui distribue les petits travaux municipaux alors que la situation est catastrophique. Il veut continuer à distribuer l’argent des autres avec la charité et la ferveur de celui qui dépense quelque chose qui ne lui coûte rien, à lui, personnellement…

Tout ceci est fort amusant, vu de loin. Et d’ailleurs, pignouferie pour pignouferie, les choses étant ce qu’elles sont, voici la mienne.


Le kmaire vert de Sevran, ville de Seine-Saint-Denis en déficits réguliers depuis dix ans, a entamé vendredi une opération de communication culpabilisante devant l’Assemblée nationale pour demander l’argent gratuit des autres afin de renflouer sa commune suite à ses propres erreurs de gestion répétées.

« Les pétitions et les discours, ça ne suffit pas », a déclaré Stéphane Gatignon devant le Palais-Bourbon, où une centaine de bénéficiaires de ses largesses, des élus-fonctionnaires et des habitants de Sevran, s’étaient déplacés. « Je reste là jusqu’à mardi et plus s’il le faut », a-t-il prudemment ajouté, ne visant manifestement pas un mois complet de jeûne. Élu, mais pas téméraire non plus, hein.

Stéphane Gatignon réclame des tombereaux d’argent frais enveloppés dans la langue de bois habituelle de la « réforme des finances et de la fiscalité locales », soit une grosse augmentation joufflue de la distribution de solidarité urbaine (DSU), qui doit être votée mardi à l’Assemblée, les coïncidences faisant de bons comptes dodus. Le 19 octobre, il avait déjà émis quelques chouinements pathétiques en direction des parlementaires pour réclamer une aide évidemment présentée comme exceptionnelle de cinq petits millions d’euros de rien du tout pour sa commune de 50.000 habitants, soit un endettement supplémentaire de 100 euros par personnes (dont certaines n’ont pas ce genre de moyens à s’octroyer, mais baste, ne chipotons pas avec l’argent des autres). Commune à laquelle les méchantes banques refusent de faire crédit, au contraire de la période avant 2009 où c’était open-bar. « Si nous n’avons pas ces 5 millions d’euros, nous ne pourrons pas avoir des emprunts de la Caisse des dépôts et nous ne pourrons pas payer les entreprises qui travaillent actuellement pour nous », a-t-il expliqué sans rire vendredi, assis dans une tente déployée par quelques sous-fifres devant l’Assemblée nationale, tente qui aurait été violemment démontée par la police nationale n’eut été la présence fortuite d’une douzaine d’équipes de journalistes venus inopinément filmer toute la scène.

Pour rappel, le ministre de la Ville dont le nom n’intéresse personne indiquait dans un courrier adressé fin octobre à Stéphane Gatignon que la DSU, qui a atteint 1,37 milliard d’euros en 2012, doit encore augmenter d’un bon gros « 120 millions d’euros » en 2013, marquant ainsi l’habituelle austérité dont l’État fait preuve en cas de soucis. Et pour adoucir encore cette terrible augmentation, le ministre machin précisait également que « la dotation de développement urbain (DDU) », réservée aux 100 villes les plus pauvres, serait elle aussi « reconduite à hauteur de 50 millions d’euros », yahou, bingo et tout ça.

Manifestement, ça ne suffit pas encore puisque Gatignon demande une hausse supplémentaire de 180 millions d’euros de la DSU parce qu’il sent que s’il ne demande pas ça, ce serait gâché en réjouissances sans lui. Et puisque la période de Noël se rapproche, il en profite pour réclamer aussi, bien détendu du budget des autres, le doublement de la DDU « de 50 à 100 millions d’euros », parce que tout cet argent ne sort pas de son propre compte en banque. Pour enrober tout ça, il tente une petite larmichette sur le mode « nous nous battons à l’euro près » (et il aime bien mener 100 millions de combats à la fois, semble-t-il). Malgré tout, il convient que cet arrosage massif n’empêche rien : « il n’y a jamais eu autant d’inégalités entre les territoires », pleurniche-t-il dans un torchon distribué vendredi. On se demande bien pourquoi on continue à tant lui donner, d’ailleurs…

Ah, qu’elle est belle, l’austérité socialiste. Qu’il est rigolo, ce pays foutu !