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Un nouveau polluant empoisonne l'air parisien : l'enfumage de la communication municipale !

Publié le 11 novembre 2012 par Delanopolis
Selon une technique désormais éprouvée, la Voix de son Maire®, agence de communication qui s'est emparée de la maire de Paris en 2001, engage en ouverture du conseil de Paris une offensive de propagande dont le thème est, ce mois-ci, la pollution et la circulation. Les méthodes ne varient guère d'un sujet à l'autre : les chiffres sont triturés et manipulés, les carottes sont additionnées aux poireaux, on compare tout et le contraire de tout pour égarer les médias. Petite explication de texte du Delanopolis. Un nouveau polluant empoisonne l'air parisien : l'enfumage de la communication municipale ! La mairie commence par se réjouir bruyamment : "Depuis 2001, la qualité de l’air s’est améliorée à Paris. En 11 ans, les quantités d’oxydes d’azote ont baissé de 28 %, celles de dioxydes d’azote de 18 %. Globalement les émissions de gaz à effet de serre ont diminué de 9%. Et plusieurs polluants ont quasiment disparus : en 11 ans, le dioxyde de soufre a baissé de 94 %, le benzène de 90 %, et le plomb de 98 %."

Nulle part, le lecteur ne trouvera mentionné le fait que cette réduction est un phénomène observable dans toutes les grandes villes, voire dans le monde entier, à des niveaux souvent bien supérieurs à Paris.

En réalité, la baisse de la pollution dans les centres urbains a commencé en 1983, largement du fait de la désindustrialisation (voir par exemple ICI, l'étude du docteur Christine Tobelem-Zanin pour ceux qui s'y intéressent pages 125 et suivantes).

Par la suite, les nouvelles motorisations automobiles ont pris le relais, ce que la mairie est bien obligée de reconnaître, de manière assez gênée : "Cette baisse de la pollution est certes due aux progrès des carburants et des moteurs...". Elle essaie toutefois de se targuer d'une participation à ce recul en notant " ... mais aussi, comme la montré l’étude d’Airparif réalisée sur l’évolution de la pollution de 2002 à 2007, (cette baisse est due) à l’action municipale : la réduction du trafic automobile à Paris depuis 2001, le développement des transports en commun, des circulations douces, et des véhicules propres, ont puissamment fait reculer la pollution ... ".

L'astuce est triple.

D'abord, la part respective des deux phénomènes n'est pas précisée. En réalité, les nouveaux carburants et motorisations sont déterminants, ce qui explique qu'il s'agisse d'un phénomène planétaire, car on imagine bien que la politique delanoiste n'a pas été reproduite dans le monde entier.

Ensuite, le recul de la circulation est loin, lui aussi, d'être un phénomène uniquement parisien. Il est en grande partie dû à la hausse du coût de l'usage d'un véhicule, un déterminant évident mais que les socialistes ont toujours du mal à intégrer dans leur raisonnement puisqu'il reflète le fonctionnement de l'économie de marché. D'ailleurs, l'étude su STIF à laquelle se réfèrent les delanoistes ("L’Enquête globaleTransports de 2010") est bien obligée d'admettre, in fine, que la hausse du prix du carburant de 30 à 40 % selon les types a eu un rôle majeur dans l'évolution des modes de déplacement.

La réalité est que la baisse de la circulation à Paris avait commencé bien avant 2001. Toutes ses conséquences, ainsi que celles des nouvelles techniques automobiles, n'ont rien à voir avec la politique municipale qui prend le train en marche, si l'on peut dire, et qui a eu principalement pour effet de reporter l'usage de la voiture vers celui des deux-roues.

Enfin, les résultats dont se vantent la mairie ne sont absolument pas observés pour ce qui est désormais le polluant le plus dangereux : les particules fines dites "PM10". Or, l'OMS a étudié les villes en fonction de la présence ces particules. Paris arrive en tête des villes françaises les plus polluées selon ce critère. A l'autre bout du classement, Limoges est la grande ville française la moins touchée par cette pollution dangereuses pour la santé, ex-aequo avec Le Mans, Angers, Saint-Brieuc et Rennes. Toutes ces villes présentent un taux annuel moyen de particules PM10 de 18 microgrammes par mètre-cube, contre 38 pour la capitale !

Plus loin dans son document, la mairie se réjouit à nouveau de la réduction de la circulation automobile : "L’Enquête globaleTransports de 2010 a démontré que l’automobile ne représente plus que 7 % du nombre total de déplacements à l’intérieur de Paris. C’est le mode de transport qui a connu la plus forte baisse depuis 2001, soit un recul de 40 % auprès des usagers parisiens (pour les véhicules individuels). De manière générale, la circulation automobile (tous types confondus) a diminué de 25 % en 10 ans à Paris. Ce bon résultat s’explique notamment par la réduction de l’espace public consacré à la voiture : depuis 2001, 75 ha de chaussée ont été réaménagées au profit des piétons et de modes de transport doux ou propres, grâce à des élargissements de trottoirs (rue de Rennes, avenue Jean Jaurès, sur les Boulevards des Maréchaux...) ou des réaménagements de places (Place de Clichy, place de la République...). Cette politique sera poursuivie avec la réappropriation des voies sur berges rive gauche et la requalification de la Place de la Nation, prochainement mise à l’étude."

Mazette ! Pour un peu, on croirait à ce succès. Mais c'est ici que la mystification est la plus grande.

D'abord, la mairie passe sous silence un fait dérangeant. A Paris, l'usage des transports collectifs a reculé de 2001 à 2010 dans les déplacements totaux : de 29 à 27 % ! Tout le baratin sur les effets de la politique municipale pour doper les transports en commun sont donc contredits par la réalité ! Ce phénomène a certes frappé plus fortement encore la voiture : de 13 à 7 % de "part de marché". Mais pourquoi donc ? Parce que la marche à pieds a continué d'augmenter très fortement, réduisant mécaniquement la part des autres modes de transport. Dans ces conditions, le recul de la "circulation automobile" dont se vante la mairie est moins net qu'elle ne le prétend.

Continuons. Dans la communication municipale, la notion de "circulation automobile" n'est pas précisée. Notamment, un voile épais est posé sur l'augmentation vertigineuse du nombre de deux-roues motorisées que Parisiens et Franciliens utilisent désormais massivement pour s'extraire de l'embolie circulatoire delanoiste. Le "tous types confondus" exclut certainement les scooters et autres motos puisqu'à Paris, les deux-roues motorisées représentaient 15 % de la circulation en 2006, contre 10 % en 2001 et que leur usage a encore augmenté depuis. De même, les "usagers parisiens" incluent-ils les véhicules non immatriculés à Paris mais qui y roulent ? Mystère. Mais le diable communicationnel se gare dans les détails plus facilement qu'un artisan dans Paris.

Les effets de reports de circulation sur la pollution sont également essentiels et il faut prêter attention au fait qu'en détournant le flot de véhicules vers d'autres axes, moins observés, les résultats des études vont être sujets à caution. A ce propos, il faut retenir un chiffre, qu'après de longs efforts, Jean-Claude Aron, le dynamique et sympathique président de l'association des riverains de Saint Vincent de Paul, a obtenu d'Airparif : à des carrefours désormais victimes des aménagements de Delanoë, comme celui du boulevard de Magenta et de la rue Lafayette, la pollution a augmenté ces dernières années ! De cette réalité, nulle trace dans le document municipal.

On comprend pourquoi, sur la baisse de l'usage automobile et la hausse des pratiques alternatives, la mairie ne s'étend guère. L'augmentation de la marche à pieds n'est évidemment pas à mettre au crédit des delanoistes qui n'ont que très peu fait pour les piétons, les aménagements cyclistes constituant même souvent des dangers pour ces derniers comme les pistes cyclables sur les trottoirs du boulevard de Magenta.

Autre hypocrisie évidente de cette prose : l'incroyable carence de la mairie, depuis 2001, à améliorer le réseau de transport souterrain à Paris. Tout ce que les delanoistes trouvent à mettre en avant sur le sujet est : " l’automatisation de la ligne 1, les prolongements de la ligne 8 à la station Pointe du lac, de la ligne 12 jusqu’à Aubervilliers (mise en service en décembre 2012) et de la ligne 4 jusqu’à Montrouge (mise en service début 2013)" !!! En près de 13 ans et alors que la mairie a dépensé pas loin de dix milliards d'euros en aménagements de voirie, tramway superfétatoire et autres Vélib', l'indigence de cette liste est véritablement catastrophique. Il faut rappeler que métro et RER sont encore, de très loin, le mode de transport public le plus utilisé en Île-de-France et même à Paris.

Sur le sujet précis des bus, là aussi, la gêne règne. Et pour cause ! Malgré la soi-disant grande politique municipale, son usage a stagné depuis 13 ans. Il faut dire que les bus, ensuqués dans la mélasse circulatoire parisienne, n'avancent guère et découragent leurs usagers. Dès lors, la mention de : "la mise en service de la traverse Bichat-Batignolles, dans les 17e et 18e, équipée de bus électriques, ainsi que le dézonage du Pass Navigo le week-end " prête à sourire.

Un autre sujet important est celui du stationnement où la mairie tente de fourbir de vieilles armes : "Depuis 2001, le nombre de places de stationnement pour voiture a été réduit d’un tiers, passant de 235 000 en 2001 à 149 385 en 2011. L’espace dégagé a permis de créer 20 000 places de stationnement vélos auxquelles s’ajoutent 25 000 places de stationnement pour les deux roues motorisées et 15 700 places mixtes vélos-deux-roues. Des places réservées pour les stations Vélib’ et Autolib’ ont pu voir le jour, tandis que celles réservées pour les personnes à mobilité réduite ont été multipliées par 3. Le développement du stationnement résidentiel avec un tarif attractif, se révèle aussi très efficace. Parallèlement, la ville ne prévoit plus la construction de parkings souterrains que lorsqu’une vraie carence est avérée : un seul nouveau parking est programmé rue Frémicourt (15e), livré en 2014."

Ben tiens ! D'une part, on peut observer que l'addition des créations pour les deux-roues est sensiblement inférieure à la diminution pour les automobiles.

Ensuite et surtout, n'importe quel individu se promenant dans les rues de Paris peut constater l'invasion des trottoirs par les motos et scooters en souffrance de places de stationnement. Le paysage urbain et la commodité de la marche se sont fortement altérés depuis 13 ans, une triste réalité à mettre au débit de Delanoë et sa bande.

Nous terminerons par une pensée émue pour les travailleurs de l'automobile, auxquels les socialistes passent leur temps à prodiguer des bonnes paroles dans les ministères alors qu'ils se réjouissent de la baisse de la circulation automobile dans leurs mairies. On peut être garé en double file comme on peut pratiquer allègrement le double langage ...





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