[Critique Cinéma] Argo

Par Gicquel

Le 4 novembre 1979 des militants envahissent l’ambassade américaine de Téhéran, et prennent 52 Américains en otage. Six Américains réussissent à se réfugier à l'Ambassade duCanada. Sachant qu’ils seront découverts un spécialiste de "l’exfiltration" de la CIA imagine un plan diabolique.


"Argo" de Ben Affleck

Avec : Ben Affleck, Bryan Cranston, John Goodman

Sortie Cinéma le 07/11/2012

Distribué par Warner Bros. France

Durée : 119 Minutes

Genre : Thriller, Drame

Film classé : -

Le film :

A l’heure du refroidissement persistant entre l’Iran et les Etats-Unis (Israël en aiguillon), le film de Ben Affleck fait figure … d’épouvantail. Attention, le grand méchant loup – Satan pour les sunnites – a toujours les crocs.

Une façon de voir les choses, je sais, mais à l’issue de la projection de ce film par ailleurs spectaculairement sans reproche, je m’interroge sur un tel déploiement cinématographique, au service d’une cause indistincte.

Les faits sont avérés, et à ce titre, ce morceau d’extrême bravoure de la part de la CIA et d’une poignée d’américains est à saluer bien bas. C’est  l’origine du projet de l’acteur-réalisateur, qui rapporte par le détail toute la technique de l’exfiltration que conduit un agent des services secrets (Ben Affleck  joue très bien  le personnage) afin de sauver des compatriotes, retranchés dans l’ambassade du Canada. Leur découverte par les iraniens signifierait une mort probable.

Devant et derrière la caméra, Ben Affleck s’est donc  totalement investi dans l’aventure, la rendant trépidante, haletante et bien souvent angoissante.

C’est un film habité, parfaitement maîtrisé et mis en scène, notamment dans ses rapports aux événements.Par la grâce d’un montage scénarisé, rien de ce qui se trame,  entre Téhéran et Washington, ne peut nous échapper. Un simulacre de fusillade se superpose à une conférence de presse de Jimmy Carter (les images d’archives sont très bien utilisées) entre deux allers retours dans les bureaux de la CIA qui grouillent d’une intense activité.

Ce mode opératoire peut paraître un rien foutraque et pourtant il éclaire  toutes les zones d’ombre d’un dossier chargé d’une tension qui jamais ne retombera. Il faut dire que le réalisateur allume les feux dès le préambule (la prise d’otages) aux cours d’une manifestation qui tourne à une scène d’émeutes devant l’ambassade des USA.

Cette séquence d’une extrême acuité proche du  docu-fiction  pose d’emblée  les bases d’un discours en demi-teinte . Le régime du Chah, comme celui de Khomeini ne trouvent aucune grâce aux yeux du réalisateur, tout aussi peu indulgent avec le monde d’Hollywood qu’il fustige de fort belle manière.

Mais les conséquences d’une telle critique n’ont bien évidemment pas la même portée. Si je me réjouis de voir John Goodman et Alan Arkin  s’acoquiner pour échafauder une production bidon afin de venir en aide aux otages, je me sens plus mal à l’aise face à cette gloriole magnifiée une fois encore autour de la bannière étoilée.

Je doute que l’évasion finale ce soit passée de la manière dont Ben Affleck nous la rapporte, sur le fil du rasoir, palpitante et aussi incertaine. Un peu à la manière des films policiers qui nous livrent  le coupable sur une photo faxée  au moment où celui-ci vient d’être relâché.

La recette a fait ses preuves et Argo en bénéficie pour les besoins d’un récit qui redevient fiction. C’est du cinéma efficace, mais suspect.

En bref

Le film

D'après un fait réel, extrêmement courageaux, Ben Affleck réalise une épopée à la gloire des USA, comme ils savent le faire. Sa force est de nous impliquer dans une mise en scène tellement proche de la réalité ( de la vérité ? ) qui est difficile de ne pas y adhérer . Après les questions se posent ...