Chaque pays a ses habitudes, sa culture. Logiquement quand tu changes de continent, tu dois t’adapter à tout plein de petites choses, dont tu ne soupçonnais pas même l’existence. Tu dois t’y faire. S’assimiler. Tout ce petit laïus pour vous parler de la musique au Québec, et plus précisément à Montréal, cette grande ville monde dont laquelle j’ai débarqué il y a trois mois de ça.
Dans le métro en France, et plus particulièrement à Paris, tout le monde a de la musique dans les oreilles. Les MP3 sont ultra-présents, des cinquantenaires aux djeuns qui ne peuvent pas survivre sans leurs écouteurs blancs mal isolés. Et c’est connu, quand tu prends les transports, tu évites tout eye-contact, toute conversations et tu en oublies la politesse. Tu dois aller d’un point A à un point B. Ton but est de sortir du wagon sans te faire aborder, sans devoir vider ton porte-monnaie à toutes les stations, et sans devoir tenir la jambe à quelqu’un. Bref, devenir injoignable, invisible. Pour ça, le MP3 est ton ami. Sur tes oreilles il te protège de toutes ces menaces des transports “en commun”.
A Montréal, le métro c’est plutôt agréable à prendre, et les distances sont sans aucun doute bien moins longues. Cela dit, j’ai trouvé que peu de personnes écoutaient de la musique dans le métro aux heures de pointes. La majorité se satisfait du bruit environnant et des sonnettes de fermeture des portes. Il arrive très souvent que les passagers se sourient, et discutent poliment avant que leur chemin ne se séparent. Tu peux aussi tenter de te renseigner sur ton itinéraire, ton interlocuteur te répondra avec grande courtoisie et souvent curieux, te demandera d’où tu viens, et ce que tu fais ici, sans aucune arrières pensées. Chose bien étonnante pour moi, passagère assidue du RER A, ou conversation est signe de perte de temps et de mauvaise humeur.
En sortant du métro tu te diriges vers la salle de concert où tu as rendez-vous. La programmation sur Montréal est assez bonne. Culturellement Montréal est une ville reconnue, ce qui permet à des gros morceaux, de souvent s’y produire. Le tas de petites et moyennes salles (les PMS haha) offrent une belle programmation “de petits artistes”, semblable à Paris, ce qui n’est pas pour me déplaire. Seule grosse différence : tout les concerts à Montréal sont payants. Pas excessivement cher, mais 20$ + taxes par ci par là, ça pèse dans un budget à la fin du mois.
Bref tu es entré dans la salle. La première partie commence, et bizarrement tu as l’impression que tu as U2 en ouverture. La foule se masse déjà devant la scène, les gens sont gais, sourire aux lèvres et bière en main. Et oui, ils sont venus pour passer une bonne soirée, mais surtout pour écouter de la musique. Peu importe que la première partie ne fasse pas partie de leur genre musical, les applaudissements sont bien réels, et sincères. Derrière toute musicien il y a du travail, et les Montréalais semblent être au courant. On a même le droit à des “ouh” et des “yeah” de satisfaction quand l’artiste se donne un peu plus sur un refrain, ou lors d’un léger crescendo.
Étonnant donc, quand je suis habituée aux concerts parisiens, ou applaudir est un acte bien pensé, et ne peut pas être pris à la légère. Et c’est sans parler des éclats de voix, assez mal vus dans les salles parisiennes : tu te la pètes. Quand tu assistes à un concert montréalais, c’est pour passer du bon temps. Tu es là avec tes potes ou seul, mais tu es là pour profiter des artistes, et kiffer ta soirée. C’est donc plutôt agréable de se retrouver parmi un public enthousiaste et poli.
Quelqu’un vient délibérément se poser devant toi ? Tu lui tapes sur l’épaule, et lui dit gentiment que tu ne vois plus rien. Un sourire et des excuses plus tard, tu retrouves ta place.
En fait, j’ai l’impression que tout est plus simple ici. L’apparence et le comportement extérieur sont bien moins réglés qu’en France, où tout acte doit avoir été mûrement réfléchi et signifie quelque chose de précis. Les Québécois ne se prennent pas la tête sur l’image qu’il donne en public. Ils ont envie de se poser au premier rang là où personne ne semble s’approcher, ils le font. Ils ont envie de secouer leurs cheveux en rythme, ils le font. Ils ont envie de parler pendant la performance tout en applaudissant à la fin de chaque titre, ils le font. Un vrai repos pour nos manières françaises.
Pas de prise de tête. Rien de niaiseux. Les gens vivent. Bienvenue à Montréal.
&baba;