J'ai adoré le premier album des Bewitched Hands. Ca c'est dit. De la pop pêchue, euphorisante, bref tout ce qu'il faut pour plaire. Chantée en anglais. Un album dont on attendait presque avec angoisse le successeur. Le groupe aurait-il tout donné dans sa première production et surpris du résultat se retrouverait condamné à tenter de réitérer l'exploit sans jamais réellement y parvenir? Ca s'est vu. J'ai reçu le deuxième, Vampiric Ways. Je l'ai mis dans le lecteur de CD, avec un petit pincement, une petite appréhension. Et j'ai été emballé, embarqué. Un album énergique et mélodique à la fois.
J'ai rencontré le groupe, dans un bistrot du 9ème arrondissement. On a bu des bières. On a causé. De pop, de Reims, d'influences, de business, de téléchargement, de composition, du quotidien d'un groupe pop qui cartonne. J'y allais confiant, ils étaient plus nombreux que moi. Pas de provocation, ne pas dire le truc qui fâche. On ne sait jamais... Alors j'attaque directement en citant Arcade Fire... Bah, oui, les groupes qui alignent une tribu sur scène, occupant tout l'espace disponible... Les Bewitched à leurs débuts ont été jusqu'à 12, 12 potes se connaissant depuis le lycée, mus par l'envie de faire de la musique ensemble. Les années ont passé. les contraintes des tournées aussi. Ils ne sont plus que 6, dont une fille, Marianne. Un vrai collectif de gens qui se connaissaient bien avant de faire de la musique ensemble. Une vraie bande de passionnés qui ont démarré sur un label plutôt spécialisé dans les DJ et l'électro, Savoir Faire. Un DJ se déplace avec une valise. Un groupe pop de 6 membres, c'est tout de suite une économie différente. "On ne gagne pas d'argent en étant aussi nombreux" en rigolent ils, tout en avouant le plaisir de pouvoir faire ce qu'ils aiment. Le groupe est taillé pour la scène, il a déjà tourné 6 fois aux Etats-Unis, dans le cadre de festivals, dont le prestigieux SXSW d'Austin. A propos de concerts aux US, dans des salles de 300 personnes, le groupe se marre en rappelant l'une des premières questions qui leur avait été posée sur place: "En quelle langue chantez-vous?"... Car The Bewitched Hands, nourris de Pixies, de Nirvana, de Pavement, de sons anglo-saxons ont pris le parti de chanter en anglais. Pas d'album en français au programme. Est-ce un mal d'ailleurs? Vampiric Ways, dans les bacs depuis le 24 septembre est un superbe album pop.
Ayant vécu à Reims il y a des années, je n'en avait pas gardé l'image d'une ville ausi marquée musicalement que Rennes, Rouen ou Bordeaux. Les choses ont changé depuis 4-5 ans, avec l'émergence d'une scène locale qui explose au niveau national, The Shoes, Yuksek, Brodinsky... et les Bewitched Hands. Le groupe a connu son premier succès public en étant repéré par Jean-Louis Brossard et propulsés sur une des scènes des Transmusicales de Rennes. Début d'un engouement. Qui mène le groupe au niveau où il en est actuellement. Deux années de tournées. Un break, le temps de travailler sur ce nouvel album, enregistré et mixé en 3 mois. Les Bewitched sont passés de l'auto-production à une approche plus structurée, apport de Julien Delfaud, producteur entre autres de Herman Düne. Les Bewitched lui savent gré de leur avoir apporté une méthode de travail. Au final, 30 démos, 16 morceaux enregistrés, 12 retenus pour l'album. Un mixage confié à Craig Silvey, connu pour avoir travaillé avec Portishead, The Horrors (et Arcade Fire...).La principale évolution du goupe depuis sa signature avec une major est son approche globale. Initialement, les membres de The Bewitched Hands ne souhaitaient faire que de la musique. Sur Vampiric Ways, ils ont conçu la pochette, réalisé un premier clip (Thank You, Goodbye, it's Over) et travaille sur deux autres vidéos... Sans oublier le travail scénographique réalisé pour le concert de Reims en septembre dernier. Le groupe s'est produit devant la cathédrale de la ville avec une chorale, dans le cadre des 10 ans du festival Elektricity.
Deuxième tournée de bières. On parle influences, concerts, premières parties, on passe de Led Zeppelin à Michel Berger, on évoque même un concert de Larusso... On cite Can, Gong, le prog rock. On parle de John Maus, Ariel Pink, Stephen Malkmus, Deerhunter, Pendentif... de ce que les Bewitched écoutent. On parle de la démocratie dans les groupes pop, de la place des filles. On passe un bon moment, avec Baptiste, Anthonin, Marianne, Benjamin, Nicolas et Sébastien... Et la promo continue. Le groupe est attendu ailleurs.
J'ai rencontré The Bewitched Hands, et c'était bien. Reste à les voir sur scène!