Celui de la beauté de l'écriture, si émouvante et pourtant sans pathos.
Celui de la voix de F. Mitterrand nasale et lente, voix maîtrisée mais où parfois l'émotion du réel effleure la narration, échos subtils du souvenir.
Celui de l'entrelacs de deux malheurs celui d'un pays et celui d'un amour perdu.
Celui d'un cinéma pur, qui loin des mouvements de camera alambiqués (tyrannie actuelle du slider, de la grue et du drone) se construit avec de large aplats de plans fixes, à la parfaite composition, où nul ennui survient, car les mots et l'image, se donnent, s'offrent au regard, à la pensée. Car le plan fixe est à la prise de vue ce que le cut est au montage, la pureté extreme de l'expression, la forme du juste regard.
Celui de la voix off, une scansion continue et changeante, enveloppante de présence, cette présence qui fait de nous ce pays, qui fait de nous cette douleur.
Celui du mélange d'écritures, celle des mots et celle des images, tissages des sensations, intrication des sentiments.
"Lettres d'amour en Somalie", comme une leçon de cinéma épuré des scories de la marchandise et si une douleur d'amour peut donner cette beauté, alors elle vaut d'être vécue.