En général la règle veut, lorsque je vais au concert, d’arriver de ma banlieue Ouest pour entrer dans Paris. En général, la règle veut, que je me fasse accompagner par mon vieux pote amateur fou furieux de rock. Et puis il y a les exceptions qui confirment ces règles, comme ce soir. Je me suis enfoncé plus à l’Ouest encore et j’étais en compagnie d’une belle brochette d’amis de longue date. Notre sortie de groupe, nous a amenés à l’Espace Louis Armand de Carrières-sous-Poissy pour y entendre Otis Taylor dans le cadre du festival Blues sur Seine qui débutait ce vendredi soir.
Après un entracte d’une vingtaine de minutes permettant le changement de matériel sur scène, entrée d’Otis Taylor et du Contraband son groupe, c’est-à-dire, un batteur (Larry Thompson), un bassiste (Todd Edmunds), un guitariste (Shawn Starski) et une violoniste (Anne Harris). Le patron s’octroyant le chant, le banjo et la guitare électrique ainsi que l’harmonica. Gros nounours black et barbu dissimulant ses yeux sous une casquette de baseball, Otis Taylor quand il s’adresse au public s’avère doux et presque timide.
Les musiciens nous ont offert une musique assez personnelle mais si on devine que le blues a été le terreau de leur évolution musicale, ce soir il fallait tendre l’oreille pour en retrouver les accents familiers et seules, les interventions de bon goût du guitariste soliste nous ramenaient sur ses pistes connues ou bien encore avec cette version d’Hey Joe longuement étirée. Le groupe assure le job, personne n’est réellement une pointure dans son domaine mais chacun fait ce qu’il a à faire. Le bassiste, yeux de larbin servile, ne quittait pas le patron du regard, le batteur frappait seul dans son coin sans qu’aucun de ses partenaires ne s’intéresse à lui, le guitariste décochait quelques bons solos et la violoniste dreadlockée se livrait à une danse, genre parade nuptiale devant le mâle dominant en casquette, tout en s’escrimant sur son instrument quitte à en exploser l’archet, ce qui ne manqua pas.
Il est certain que je n’irai pas acheter ses disques mais néanmoins, dans ce cadre amical accentuant la proximité avec les musiciens, Otis Taylor et sa troupe nous ont fait passer une bonne soirée, même si nous étions plus proches de la Seine que du Blues. La dernière note jouée, le musicien rejoignait le hall d’entrée pour dédicacer ses CD à ses nouveaux fans, tandis que nous filions pour boire un dernier coup avant l’extinction des feux.