Pendant longtemps, Jonny Wilkinson a semblé en mesure de faire tomber la citadelle imprenable de Marcel Michelin. Le génial Anglais, auteur des 21 points de son équipe, aurait pu au moins se contenter du partage des points mais la volonté farouche des Clermontois de signer un 50e succès à domicile à eu raison du leader varois. Ce dernier n’égalera donc pas le record du meilleur début de saison en Top 14, jusque-là co-détenu par le Stade Français (2006-2007) et Toulouse (2007-2008), avec 10 victoires en 11 matchs. Les absents, retenus en sélection (Domingo, Kayser, Debaty, Chouly, Parra, Fofana pour Clermont; Michalak, Suta, Mermoz, Fernandez-Lobbe, Jenkins pour Toulon), ont eu tort car ce match, de par son intensité, fut énorme.
Pas de chichis dès le début de match : Sivivatu déchire le rideau toulonnais au terme d’une chevauchée folle et obtient la première pénalité du match. Brock James ouvre les hostilités (3-0). Réponse immédiate des Varois signée Wilkinson, qui passe une pénalité de près de 50 mètres (3-3, 4e) avant de donner l’avantage aux siens (3-6, 8e). Le choc tient toutes ses promesses, le RCT faisant, sans surprise, parler la puissance de ses avants, et les Auvergnats répondant par une bonne conservation du ballon. Ce qui n’empêche pas Botha et Bardy de s’échanger quelques baffes bien senties. Mais Nalaga se charge alors de remettre les esprits en place en étant à l’origine d’une action qu’il conclue lui-même après arbitrage vidéo (10-6, 18e). Le match est fou, l’intensité palpable mais pourtant le rythme s’affaisse progressivement. Les deux équipes se craignent trop pour se découvrir et attendent principalement la faute adverse. Les deux ouvreurs, James et Wilkinson, rajoutent chacun un coup de pied avant la pause mais c’est tout (13-9, 40e).
Wilkinson-James, duel au sommet
Scénario identique à la reprise avec des Toulonnais trop brouillons pour tromper la vigilance clermontoise. Les vagues varoises se brisent inlassablement sur le mur jaune et, comme souvent dans ces cas-là, les hommes de Bernard Laporte se font cueillir par un contre assassin signé King, qui échappe à deux placages pour inscrire l’essai du break (18-9, 55e). Mais le RCT n’est pas leader du championnat pour rien. Au mental, à défaut d’être génial, Toulon s’accroche. Et s’en remet encore une fois à la botte de Jonny Wilkinson pour se sortir du guêpier. En trois coups de maître (61e, 68e, 73e), l’Anglais ramène ses coéquipiers à hauteur ! Clermont, qui se voyait faire tomber l’ogre, perd qui plus est Aurélien Rougerie, qui écope d’un carton jaune pour une faute au sol. A dix minutes de la fin du match, le Stade Marcel Michelin tremble sur ses fondations. Son inviolabilité ne tient plus qu’à un fil…
Pourtant, même en infériorité numérique, les Clermontois obtiennent la pénalité de l’espoir : James, pourtant moins en réussite que son vis-à-vis toulonnais, assure et redonne l’avantage aux hommes de Vern Cotter (21-18, 78e). Et c’est là que la partie bascule dans la folie. A quelques secondes de la fin, Wilkinson, toujours lui, place un drop assassin qui refroidit le volcan auvergnat (21-21, 80e) et on semble s’acheminer vers un match nul, d’autant que la sirène vient de retentir, quand Matt Giteau pousse, semble-t-il volontairement un ballon en touche de la main… Pénalité pour l’ASM ! James, de nouveau, a le destin du match entre ses pieds : l’Australien ne tremble et pas et envoie Clermont au paradis (24-21, 82e) ! C’est l’hystérie collective, le terrain est envahi par les supporters en folie. Les seuls capables de prendre la forteresse de Marcel Michelin
Première pour Mont-de-Marsan
L’autre club francilien s’en est un peu mieux sorti mais dans la douleur pour venir à bout d’Agen 20-13. Grâce à ce succès, le Stade Français prend de l’air sur le bas du tableau. Mais, dans le sillage de deux belles prestations – victoire face à Toulouse, courte défaite à Toulon – il était permis d’en attendre un peu plus de l’équipe parisienne que ce succès étriqué face à un mal-classé.Avec cette quatrième défaite consécutive adoucie par le bonus défensif, Agen, qui a trop souffert en conquête pour espérer l’emporter, s’enfonce de son côté dans les tréfonds du classement.
La fin de match a été heureuse pour Castres à Bordeaux-Bègles. Les Tarnais ont remporté la victoire (16-13) sur une pénalité de Rory Kockott dans les arrêts de jeu. Ils sont cinquièmes, devant Grenoble qui a poursuivi sur sa lancée du début de saison en remportant contre Bayonne (9-6) son sixième succès à domicile.