Nombreux sont les lecteurs, blogueurs et futurs auteurs à souhaiter connaitre les méthodes d’écriture des écrivains publiés. Entre auteurs, le partage et les échanges autour des procédés de chacun sont un fréquent sujet de conversation. C’est aussi un moyen d’entretenir sa motivation et tenter de nouvelles expériences. Je ne vous cache pas qu’il existe peut-être autant de méthodes que d’auteurs, et que cet apprentissage est permanent. Mieux encore, pour un même auteur, les méthodes d’un jour ne sont pas nécessairement celles du lendemain. L’important pour un auteur est de trouver ses marques et de garder son esprit ouvert pour tester d’autres manières d’écrire. Ainsi, pour mon premier roman, j’avais employé une méthode un peu trop anarchique, qui m’avait valu de jeter mes 100 premières pages à la poubelle. Le résultat n’était pas celui que j’attendais. J’ai donc procédé autrement, en étant plus organisé, ce qui m’a permis de suivre l’histoire initiale que je souhaitais raconter. Toutefois, aujourd’hui, et depuis mon troisième roman, je reviens peu à peu à une méthode m’offrant plus de liberté.
Quelques méthodes :
« Le pitch » :
Certains auteurs, comme Jacques Expert, démarrent sur un pitch, avec seulement une idée très synthétique de l’histoire et ils déroulent directement le fil de la pelote à mesure qu’ils écrivent. Jacques m’a confié être lui-même étonné de découvrir l’identité de son coupable au cours du récit. Aussi pur et peut-être authentique que puisse être ce procédé d’écriture, il exige, à mon sens, une évidente maîtrise narrative. Cette méthode présente l’avantage d’une spontanéité qui est assurément un atout pour le récit. Néanmoins, l’auteur doit maîtriser les enchainements scénaristiques sur le bout des doigts. En procédant de cette façon, il sera nécessaire de réaliser des recherches plus importantes tout au long du récit pour alimenter le texte. Le rythme d’écriture peut s’en trouver parfois ralenti. Un autre aspect délicat à gérer avec cette méthode, c’est qu’une difficulté scénaristique peut s’avérer très complexe à résoudre. En effet, sans tomber dans l’impasse, un travail préalable sur la structure, le scénario et les points clés de l’histoire peuvent éviter à l’auteur d’emprunter des chemins trop tortueux pour s’en sortir. En se confrontant immédiatement à l’écriture, à partir d’un simple pitch, les personnages se définissent eux-mêmes pendant l’écriture, certains arrivent, d’autres meurent ou se découvrent un amour passionné, tout peut arriver.
« L’esquisse »
Je nomme cette méthode « esquisse » car elle part du principe qu’un canevas ou une esquisse de la structure du récit est préparé en amont de la phase rédactionnelle. C’est pour ma part la méthode que j’utilise, après avoir été très friand de la solution « plan détaillé ». L’esquisse permet de baliser les grandes lignes de l’histoire qu’un auteur souhaite raconter, tout en offrant une grande liberté. L’avantage très plaisant également, il faut bien le reconnaître, c’est qu’on plonge assez rapidement dans la phase rédactionnelle. La phase préparatoire de l’esquisse est couplée aux recherches essentielles qui nourriront le récit. Ces recherches sont des moments passionnants pour l’auteur, il effectue ses déplacements, visites et rencontres. Puis, quand il passe à la phase rédactionnelle, la fraîcheur des travaux de recherches lui permet de mieux plonger dans le récit, et d’avoir encore à l’esprit de nombreux détails qui ne figurent pas nécessairement dans les notes prises pendant les excursions. Les personnages sont définis très simplement avant l’écriture, le nombre, les genres, à l’exception des principaux, qui eux ont souvent un niveau de détails supérieur. L’auteur les a généralement davantage en tête. Une fois encore, même si le squelette de l’histoire est préparé à l’avance, il manque tant d’éléments que la liberté est préservée et que tout peut arriver pendant l’écriture, de nouveaux personnages, de nouvelles idées, etc… La souplesse de ce procédé est riche tout en rassurant un minimum l’auteur qui ne naviguera pas complètement dans la brume.
« Plan détaillé »
Le plan détaillé fait suite à l’esquisse, il s’agit dans ce cas d’une méthode très organisée, qui consiste à préparer la structure et le scénario de l’histoire au millimètre. C’est la solution « feuille Excel », qui va préciser les sujets de toutes les scènes qui composent les chapitres. La liberté pendant la phase rédactionnelle est moins grande, bien que tout puisse être révisé en cours d’écriture. L’avantage que présente cette méthode est que le plan de route est si bien tracé et que le foyer documentaire est si organisé, que l’auteur peut traiter la phase rédactionnelle beaucoup plus rapidement. L’atout majeur de cette solution réside dans son côté rassurant, de maîtriser la construction d’une histoire d’un bout à l’autre, en limitant d’éventuels blocages.
« Développement »
Voici enfin, la méthode « développement ». Bernard Werber l’utilise, il rédige dans un premier temps son histoire complète sur une cinquantaine de pages, pour ensuite la faire mûrir et développer partie par partie, jusqu’à devenir le roman final. L’approche est assez particulière, elle conviendra peut-être mieux à certains genres littéraires qu’à d’autres, mais c’est une façon de procéder qui fait aussi ses adeptes.