Et donc parmi toutes les activités hautement culturelles qui sont organisées dans cette dynamique ville de Prague, il est un évènement annuel qui se nomme "les journées de Prague 1" ("Dny Prahy 1") et qui permet aux habitants de cet arrondissement (dont nous sommes, ma tendresse et vot' serviteur) de profiter des largesses de la mairie. Eh oui, parce que non seulement pendant ces jours, de nombreux monuments historiques habituellement inaccessibles s'ouvrent au public, mais de surcroit ceux qui sont payants deviennent gratuits pour les résidents à même de prouver leur domicile praguinnois (lisez prague-un-nois comme praguois, mais de Prague 1, praguinnois quoi) par une pièce d'identité en bonnet d'une forme. Cool, nous on le put prouver. D'ailleurs tellement bien, qu'on arriva même à faire passer l'américaine d'humeur inconstante sur notre gratuité, alors que cette dinde aux hormones habite aux confins de la ville. Ah bon? Vous ne le saviez pas? Ben oui, elle a réapparu après plusieurs mois d'absence professionnelle, sentimentale, menstruelle, sportive, versatile, diététique... et parfois il lui arrive de se joindre à nous afin d'aérer ses humeurs acariâtres, oxygéner sa bile acide et s'apercevoir avec enchantement qu'il est d'autres occupations autrement plus constructives que le travail, l'église, le fitness et l'apologie des Zétazunis. "Vouis ma chérie, nous allons voir la synagogue vieille et neuve, dimanche matin, 11:45, rendez-vous devant, rue de Paris, entre la place de la vieille ville et l'hôtel Intercontinental, tu sais, celui qui est au bord de la rivière Vltava. Quoi? Oui, c'est à Prague, bien sûr." Lui avait-on annoncé. Et le jour dit: "Je suis place de la vieille ville" téléphona-t-elle crânement, 5 minutes avant l'heure du rendez-vous, fière comme un mignard qui s'torche seul l'oignon pour la première fois. "C'est bien mon petit, alors maintenant tu prends la rue de Paris sur 300 m en direction de l'Intercontinental, et sur ta gauche, avant l'hôtel, tu verras une synagogothique... non ce n'est pas marqué dessus, mais nous y serons dans 2 minutes et agiterons pour toi une pancarte marquée C'EST ICI." A peine avais-je raccroché mon téléphone qu'elle se manifesta à nouveau: "la rue de Paris? Bon, tu vois l'église St Nicolas? Non? Bon alors notre Dame de Týn... oui c'est ça, le château de la belle-aux-noix-mordant donc à ta droite, l'horloge de la mairie à ta gauche, droit devant, dans la rue hyper friquée sur 300 m, on sera sur ta gauche." Au bout de 5 minutes d'attente devant l'édifice (mais sans la pancarte), alors qu'elle n'était toujours pas en vue, un coup de fil s'imposa. "Ben alors, t'es où? Quoi, devant l'Intercontinental? Mais je t'avais dit que c'était avant, tu ne nous as pas vus? Bon, fait demi-tour et reviens d'où tu viens, je serai en plein milieu de la route, gesticulant." Cette fois-ci elle me vit, mais sans dec, parfois je me sens comme un jésuite en Afrique expliquant 10.000 ans d'évolution humaine aux pygmées indigènes, philanthrope que je suis. Et j'ai fait simple avec la rue "Pařížská", parce que si je lui avais donné RDV dans la rue officielle, "Červená ulice"... Tiens, vous savez que c'est une des plus courtes rues de Prague, 42 mètres seulement (la plus courte fait 27 m, "Jiřího Červeného") et porte ce nom parce que les boucheries (cachères?) qui s'y trouvaient étaient peintes en rouge ("Červená" = rouge au fais m'y nain St Gulier en Tchèque). Au début du XVII ème siècle, elle s'appelait encore rue des bouchers ("Řeznická"), en seconde moitié du XVIII ème et début du XIX ème siècle elle prit le nom de "nová poštovská" (nouvelle postale, et attention à ne pas confondre "poštovská" [postale] avec "poštovní" [postale aussi] parce qu'on dit "poštovní holub" [pigeon postal, voyageur genre], mais on dit "poštovská čepice" [casquette postale, du postier genre aussi]) en opposition de l'ancienne postale ("Stará poštovská", aujourd'hui rue "Břehová"), puis près de la synagogue, coin des bouchers, coin rouge pour devenir rue rouge après l'assainissement du quartier. Mais revenons à notre synagogue.
Alors comment un nom pareil a bien pu être donné à une synagogue, sans dec? Et surtout comment traduire ça convenablement en Français? "Stará a nová" signifie vieille et neuve, mais la composition des 2 adjectifs "staronová" avec ce "O" en fin de premier (adjectif) lui confère encore plus cette notion d'imbrication intrinsèque, comme dans francotchèque, socioculturel, ou politicorrect, genre synagogue néovieille (sauf qu'elle est vieilloneuve). Vous voyez la subtile fusion de forme néologique? Alors en Français, cette synagogue est mentionnée parfois sous "vieille-neuve", plus souvent sous "vieille-nouvelle", du coup on est en droit de se demander quelle est la différence afin de coller au plus juste? Après avoir feuilleté le dictionnaire (et même plusieurs), je suis à même d'affirmer qu'il n'y en a aucune. Entre "nouvelle" et "neuve", il n'y a strictement aucune différence sur le sens, sinon peut-être dans l'usage: on dit une nouvelle voiture genre nouveau modèle, et une voiture neuve genre fraîchement achetée. Du coup on pourrait dire une vieille voiture neuve dans le cas d'un vieux modèle fraîchement acheté neuf, mais aussi une nouvelle voiture neuve dans le cas d'un nouveau modèle fraîchement acheté neuf aussi. Ah ouais? Et dans le cas d'une vieille synagogue? Eh paf, hop, messieurs les Zacadémiciens, si vous avez quelques minutes de lib', dites-nous voir si on dit une nouvelle vieille-synagogue ou une vieille-synagogue neuve, sachant qu'on se parle spécifiquement de celle de Prague, parce que pour les autres vieilles synagogues du monde, faudrait voir dans la langue d'origine. Bref, en ce qui me concerne j'ai trouvé le barbarisme "vieilléneuve". Les Zacadémiciens vont me clouer le clavier au pilori du puritanisme linguistique, mais bon, hein, après tout z'avaient qu'à faire leur boulot correctement et faire évoluer cette fantastique langue française avec les anciennes vieilles-neuves innovations. Ben ouais, la synagogue s'appelle vieilléneuve depuis plusieurs siècles, alors hein, s'ils avaient suivi un peu, ça fait plusieurs siècles qu'ils lui auraient trouvé un nom officiel approprié et on n'en serait pas là à se demande si la synagogue est vieille nouvelle ou vieille neuve pour finalement en arriver à vieilléneuve (c'est MOI qui l'ai trouvé).
Mais tiens, et vu qu'on en parle, vous savez au moins pourquoi elle s'appelle ainsi? Il y a longtemps, très longtemps, il existait une vieille synagogue sur la vieille route qui menait au travers du vieux quartier juif de la vieille ville de Prague. Les vieux historiens font remonter ce vieil édifice (la première mention écrite remonte en 1142) aux vieilles périodes romanes de notre vieille capitale, et aurait été la plus ancienne école du ghetto (souvent les synagogues ont été des lieux de culte, mais également de rassemblement, de rendement de justice et d'enseignement). Sa construction remonterait au XII ème siècle, et serait l'oeuvre de Juifs portugais (mais chais pas pourquoi "portugais", sinon qu'il y avait une importante communauté juive venue du Portugal dans la vieille ville, et qu'on appelait même ce quartier "l'île portugaise"). Lorsqu'on construisit la nouvelle synagogue (la notre dont on se cause, la vieilléneuve), l'ancienne prit naturellement le nom de vieille école ("Stará škola"). La vieille école est ensuite mentionnée en 1389 par le rabbi "Avigdor Kara" dans le cadre de l'effroyable pogrom de cette année (1389). Détruite lors de ces émeutes, elle aurait été reconstruite fin du XV ème siècle par la communauté juive en provenance d'Espagne et du Portugal. Elle brûla en 1516, fut fermée en 1693 par ordre de l'empereur, "Joseph Daniel Huber" la représenta en 1769 sur sa carte de Prague, et elle se trouve même sur le phénoménal modèle de "Antonín Langweil" visible en grandeur nature au musée de Prague, et si tout se passe aussi bien que ça devrait se passer, ce modèle de la ville de Prague de 1830 sera bientôt disponible en version numérisée sur la toile mondiale. La vieille école est encore dessinée une dernière fois sur les plans de l'architecte "Vojtěch Ignác Ullmann" ("Budova bývalé Vyšší dívčí školy" dans la fameuse rue "Vodičkova", "Letenský zámeček" connu par ceux qui fréquentent le fameux Biergärten de "Letná", "Palác Lažanských" archi-connu sous le nom de café Slavia, ou encore la synagogue espagnole...) en 1864, et c'est tout, parce qu'en 1867 elle fut détruite et remplacée par justement... ben la synagogue espagnole de "Vojtěch Ignác Ullmann" (et de "Josef Niklas" quand même aussi). Aujourd'hui, il n'en reste que le souvenir sous la forme d'un nom de rue "U staré školy" reliant les rues "Dušní" et "Vězeňská". Ah oui, et pourquoi je vous en parle autant? D'abord parce que selon le modèle de "Langweil", la vieille école disparue est fort semblable à notre synagogue vieilléneuve et d'aucuns vont même jusqu'à dire qu'elle aurait servi de modèle, ensuite parce que c'est la première synagogue dans laquelle fut installé un orgue sur lequel jouait entre 1836 et 1845 l'organiste "František Škroup" qui n'est autre que le compositeur de la musique de l'hymne nationale tchèque "Kde domov můj" que vous pouvez entendre à chaque victoire de l'équipe tchèque en finale des championnats du monde de hockey sur glace (lorsqu'on ne se fait pas éliminer par ces fumiers de Suédois, de Canadiens, de Finlandais, de Russes, de Slovaques...). Parenthèse: cette année l'équipe de France de hockey s'est qualifiée pour les championnats du monde au Canada, alors j'espère seulement qu'elle ne va pas encore faire grande honte comme en 2004, où le pays est entré dans les annales de la compétition avec le but encaissé le plus rapidement, après seulement 9 secondes de jeu, contre une équipe somme-toute médiocre de surcroît (l'Autriche), c'te honte. Et tiens, vu qu'on parle de parenthèse, j'aimerais informer l'abruti mongoloïde à tête de courge lobotomisée qui a traduit littéralement "Kde domov můj" par "Où est ma maison" qu'il est loin, très loin du sens que "Josef Kajetán Tyl" a voulu donner à la première phrase de cette hymne. Eh ouais, bien que "domov" puisse parfois se traduire par "maison, domicile", son sens premier est "chez-soi, pays", mieux, "patrie". Ainsi le prosaïque "sacré nom de d'là, mais qu'est-ce que j'ai bien pu fout' hier soir pour ne plus savoir où j'habite ce matin" doit être compris dans le style romantique "où est ma patrie, ce splendide pays où les rivières... les pâquis... les pinières... les filles... la bière..." enfin ceux qui sont déjà venus en Bohême savent de quoi je parle. Fin des 2 parenthèses. Bon, et où est mon sujet... ah oui, la synagogue au XIII ème siècle... Donc tandis que la vieille école s'appelait "vieille", ben notre synagogue fraîchement construite à 200 m de là s'appelait tout naturellement "nouvelle". Mais tandis qu'au fil des siècles l'on en construisait d'autres, des synagogues, ben la "nouvelle" devint naturellement "vieille", et de "nouvelle synagogue" elle se métamorphosa en "vieille nouvelle synagogue" (vieilléneuve) vers le XVI ème siècle. Eh voilà. Ah oui, et parfois on parle aussi de la "grande école", ou de l'école vieilléneuve mais aussi de "altneushul" et de "altneusynagoge". Sinon il est encore une autre hypothèse concernant l'origine de l'appellation vieilléneuve de notre synagogue, mais je l'évoquerai dans la partie "légendes".
Avant de commencer avec l'histoire, je vous signale que j'ai bricolé un plan très schématique de la synagogue, avec des couleurs et une orientation cardinale, afin que vous puissiez vous orienter. Je vous invite à ouvrir ce plan et à le conserver sous le coude afin de l'avoir sous la main en cas de besoin. J'y ferai référence par l'acronyme "smp", qui n'est ni "SeveroMoravská plynárenská", ni "Symmetric Multi-Processors", ni "SchMelzPunkt" mais "Sur Mon Plan" (tout simplement). Le 29 mars 1254, le roi "Přemysl Otakar II" signait un édit octroyant aux citoyens juifs du royaume de Bohême des privilèges (garanties contre les injustices dont ils étaient parfois victimes) afin de maintenir la paix et la bienveillance entre les diverses communautés (texte intégral en Tchèque et en Latin). Etait-ce l'impulsion qui conduisit à la construction de notre synagogue? Selon les experts, la construction de la pièce principale (en rouge smp, accolée au vestibule) remonterait entre 1270 et 1280, avec une fort probable participation des bâtisseurs de la cour royale (pour la technique, pendant leur temps libre, alors qu'ils turbinaient sur le couvent Ste Agnès juste à côté) et des membres de l'ordre des cisterciens (de part le style gothique cistercien, une architecture simple, sobre, voire austère, c.f. les monastères même époque de "Vyšší Brod" et de "Zlatá Koruna"). Aux origines de la synagogue vieilléneuve remontent également le cimetière dit le "jardin juif" ("Židovská zahrada") entre les rues "Spálená", "Jungmannova" et "Lazarská" supprimé en 1478 par le roi W ("Vladislav II Jagellonský"). En 1358, le bon roi Charles IV attribua à la synagogue (à communauté juive?) un gonfalon comme preuve de son importance. Lors du pogrom de 1389, les persécutés essayèrent de trouver refuge à l'intérieur, mais par trop petite, elle ne put accueillir tous les malheureux. Cette sauvagerie laissa 3000 victimes à terre autour de notre édifice. Une première restauration eut lieu en 1618, une seconde en 1716 sous l'impulsion de Charles VI (père de Marie-Thérèse, qui à force d'engendrer des filles finit par mettre le foin dans la succession aux trônes d'Europe), une 3 ème (romantique) passa en 1883 par les mains du controversé "Josef Mocker" (purification néogothique "à la Mocker" des frontons en briques), encore une sous les bolcheviques entre 1966 et 67, une autre en 1998-99 (accompagnée de fouilles archéologiques remontant la présence d'une communauté juive en cet endroit jusqu'au XI ème siècle). Bien entendu, après les inondations du millénaire de 2002, l'on dut remettre une couche de peinture sur les murs, et en 2006-07 l'on apporta la touche finale à l'aspect d'aujourd'hui. J'ai encore une source assez curieuse qui parle de rénovation en 1921-1926, puis en 1957, mais comme pas une seule date ne correspond avec les autres sources (historiques et scientifiques), considérez ces dernières informations avec prudence.
Architecturalement, il s'agit d'une des plus anciennes constructions en gothique "primitif" encore en vie à Prague. Elle est orientée comme la plupart des synagogues (vers Jérusalem) d'Ouest en Est, comme les églises d'ailleurs qui sont orientées vers l'orient, et comme pour nous autres européens Jérusalem et orient c'est à peu de choses pareil en termes de direction, ben c'est pour ça que voilà. La synagogue vieilléneuve se compose d'un vestibule (en bleu smp), d'une pièce principale à 2 vaisseaux inspirée des synagogues allemandes de Worms, de Ratisbonne ou polonaise de Cracovie (en rouge smp), et d'autres pièces attenantes (en jaune, violet et vert smp). Selon certaines sources, le vestibule (en bleu smp) serait la partie la plus ancienne, et aurait peut-être déjà servi comme lieu de culte bien avant la fin du XIII ème siècle (en 1254 déjà?). Selon d'autres sources (plus nombreuses), cette partie aurait été construite vers 1300, donc après la pièce principale (rouge smp). Allez savoir!? Ce qui est sûr, c'est que le sol de cette pièce (comme des autres) est largement en dessous du niveau de la rue. Selon une source d'information, ce serait par humilité et par tradition, selon une autre source, c'eut été causé par l'élévation anti-inondation (jusqu'à 3 m) de la vieille ville qui eut lieu au XIII ème siècle. Et si c'était des 2 à la fois? Y a même une autre source qui dit que les synagogues ne pouvaient pas être au-dessus des églises. Ah bon? Et au même niveau? Non? Ah bon? En dessous alors, bon. Par contre, le plafond formant une voûte en berceau soutenue par d'imposants arcs en pierres brutes, se trouve largement au dessus du niveau de la rue. Selon une source d'information ce serait par commodité et par tradition, selon une autre source, c'eut été fait exprès afin qu'on ne se cogne pas la tête en entrant. Au XVII ème siècle on construisit là 2 rigolotes cahutes (toujours présentes) pour la collecte des taxes (en bleu hachuré smp). La première cahute collectait l'impôt destiné au royaume, la seconde une sorte de pot commun pour la communauté juive, dans lequel on puisait en cas de besoin. Et lors des grandes rencontres internationales, on y vendait les billets d'entrée pour voir le match. Le tympan au dessus de la porte d'entrée dans la seconde et principale pièce remonte également à la fin du XIII ème siècle. Il est sculpté d'un cep de vigne à 4 branches et 12 grappes, symbolisant (sans doute) la même origine (1 cep), les 4 fleuves du paradis terrestre (Pishôn, Gihôn, Tigre et Euphrate, c.f. La Genèse) et les 12 tribus originelles d'Israël.
Entrons dans la fantastique grande salle (en rouge smp). Il s'agit d'une pièce rectangulaire à 2 vaisseaux (Nord et Sud) séparée en trois parties (d'Ouest en Est) formant ainsi 6 travées reposant sur 2 piliers octogonaux centraux. Les voûtes d'arêtes ont la particularité de ne pas être composée de 4, mais de 5 arêtes. Le point d'appui de cette 5 ème arête commence sur les murs pour venir reposer sur les 2 piliers porteurs, et parfois pas, mais c'est pas grave, parce cette arête n'a strictement aucun rôle en matière de portance. Selon la légende, l'on l'a rajoutée afin de ne pas former une croix vue de dessous. Hum... ah bon? Et pourquoi pas 6 alors, ou 3 arêtes seulement? La lumière naturelle pénètre dans l'édifice par 12 fenêtres étroites en hauteur (rappelant les 12 tribus) et 2 rosaces (à l'est, à l'ouest j'me souviens plus). La lumière artificielle est assurée par des lustres multi-bras en bronze du XVI ème au XIX ème siècle pendant du plafond (et parfois accrochés à la grille centrale) et par des portes-cierges en laiton fixés aux murs avec réflecteurs de lumière (pour ceux qui pensaient que c'étaient des miroirs) dont l'efficacité peut raisonnablement être mise en doute (en ce qui me concerne). Ceci-dit, ça fait joli et authentique. Au centre de la salle, entre les 2 piliers octogonaux, se trouve la (le?) "bimah" (estrade surélevée comportant un pupitre pour lire la Tora, Thora ou Torah, enfin la bible des Hébreux) entourée d'une grille gothique en fer forgé du XV ème siècle. Dans le mur Est se trouve le tabernacle gothico-renaissance (coffre, l'arche sainte, "Aron ha-kodesh") dans lequel on remise soigneusement les rouleaux de la Torah afin qu'ils n'aillent pas prendre la poussière lorsque la mère-Boniche passe son chiffon sur les meubles. Ce tabernacle est caché du regard par une jolie tapisserie richement brodée ("parokhet" ou "parochet"?) représentant le temple de Jérusalem vu de l'aéroport international "Atarot" au coucher du soleil. Sur les côtés du tabernacle se trouvent 2 colonnes sculptées du XVI ème siècle affichant à nouveau des motifs vinicoles, et entre ces colonnes, la chaise du maître de cérémonie ("hazzan", "chazan" ou "khazn"... l'arbitre) qui dirige la
De l'extérieur, les 2 frontons en briques sont immanquables. On dirait du coron nord-britannique révolution industrielle, mais non, c'est du fronton gothique seconde moitié du XV ème siècle apparemment (selon une source, le fronton Ouest serait même fin XIV ème), comme les contreforts qui réduisent la pression sur les murs provoquée par le poids du toit, du grenier et surtout de ce qui se trouve dedans (c.f. plus loin). Tout autour de l'édifice (enfin presque), on été rajoutées des constructions rigolotes et nettement plus basses que la salle principale. Elles servent aux femmes et aux enfants d'abord, afin qu'ils puissent assister à l'office par l'orifice, genre en regardant dedans les orifices (prévus à cet effet, de regarder dedans). Dans les synagogues plus nouvelles que les vieilléneuves, il y a un balcon tout autour de la pièce (comme dans la Synagogue du Jubilé, rue "Jeruzalémská"), pour les femmes et les enfants d'abord. Mais pas dans la notre. L'ajout Ouest (violet smp) date du tout début XIII ème siècle, mais il fallut attendre encore un siècle pour qu'on y construise un vestibule d'accès (en jaune smp). Du coup, et avant ce vestibule fin XIV ème début XV ème siècle, les femmes et les enfants d'abord suivaient l'office à la téloche puisqu'apparemment ils ne pouvaient pas entrer dans leur foyer. Puis devant l'intérêt croissant pour les offices par les orifices, croissant comme le nombre de femmes et d'enfants d'abord d'ailleurs aussi, il devint nécessaire de construire un bout de pièce à regardage de plus. Ce fut chose faite entre 1731 et 1732 (en vert smp). Je n'ai malheureusement aucune photo à vous montrer parce que ces pièces ne sont pas accessibles au public. Dommage, il y aurait dans le foyer Ouest (en violet smp) des voûtes renaissances remoulées en baroque au XVIII ème siècle.
Quelques légendes? Alors vraiment les plus connues, les vraiment plus intéressantes parce que je ne voudrais pas encore me ridiculiser comme avec la sotte légende du "Rarášek" de "Zbiroh", ensuite parce qu'il est tellement de légendes, contes, histoires sur la synagogue vieilléneuve qu'il m'en faudrait des pages entières. Bon, déjà vous pouvez lire la légende du golem que j'ai publiée il y a une paire de semaines, pour commencer à vous mettre dans le bain. Ben après avoir visité la synagogue vieilléneuve, je vous confirme, parce que j'en suis intimement convaincu, que le Golem se trouve dans les combles (grenier?) de cet édifice. Pas forcément sous la forme matérielle que le commun des mortels pourrait croire, mais la créature y est, son âme, son esprit s'y trouvent indubitablement, contrairement à ce que prétend "Egon Erwin Kisch" (le journaliste furieux qui en 1920 pénétra dans les combles pour ne rien y trouver). Et tiens, la preuve qu'elle renferme quelque chose (et peut être même plusieurs, nombreuses) est sa permanence. Elle résista aux incendies de 1689 (alors que la synagogue de "Maisel" à seulement 140 m de là dut être reconstruite) et de 1754, c'est l'un des rares édifices qui fut épargné par l'assainissement du quartier de "Josefov" fin du XIX ème siècle, elle résista même à l'inondation du millénaire (en 2002), et donc selon la légende, les anges célestes étendent leurs ailes au dessus de la synagogue lorsqu'un danger menace afin de protéger l'écrin qui renferme tous ces trésors échappant à l'entendement du vulgaire. Et tiens, encore, vu qu'on parle d'anges (c'est leste)... Vers le X ème siècle AEC (avant l'ère chrétienne, avant l'église catholique, avant les emmerdeurs de curés, avant les ennuis confessionnels... idem est avant Jean-Claude), les Hébreux construisirent un grand temple à Jérusalem pour abriter l'arche d'alliance longue de 2,5 coudées, large et haute de 1,5 coudée, faite en bois d'acacia plaqué d'or pur au-dedans comme au-dehors, entourée (l'arche) d'une moulure en or (aussi) recouverte d'un propitiatoire à 2 chérubins en saillie se faisant face les ailes vers le haut et portée (l'arche) à l'aide de 2 barres en bois d'acacia plaquées d'or (toujours) qu'il est interdit d'ôter des 4 anneaux d'or (encore) sur les côtés de l'arche... (Les Xodes, chapitre 25). Le temple fut détruit en fin du VI ème siècle AEC par Nabuchodonosor le babylonien (connu outre-Manche sous l'appellation the 20 bottle man), l'arche d'alliance fut perdue (rassurez-vous, elle fut retrouvée au début du XX ème siècle par l'archéologue et x'plorateur Indiana Jones), et les Hébreux furent emmenés en captivité (exil à Babylone). Lorsque les exilés purent revenir chez eux, ils reconstruisirent le temple (en début du VI ème siècle AEC) qui fut à nouveau détruit en 70 (après Jean-Claude) par Titus le romain. Et là, ça commençait à faire franchement beaucoup, alors les sages appelèrent à une call-conference où il fut décidé de construire non pas UN temple, mais PLEIN de synagogues de par le monde, comme ça même s'il s'en détruisait, il en resterait bien quelques-unes debout. Du coup des anges portugais descendirent du ciel, transportèrent les pierres du temple de Jérusalem de part le monde, et construisirent les dites synagogues, dont la praguoise. Et si ça c'était vrai, ben notre synagogue vieilléneuve serait l'ainée de Prague avec plus de 8 siècles de différence :-) Mais à cette légende s'en rapporte une autre, celle d'une origine possible du qualificatif "vieilléneuve" de notre édifice. Et ouais, parce qu'il est dit (écrit?) que lors de la venue (retour?) sur terre du messie, il faudra reconstruire le temple de Jérusalem avec les pierres d'origine éparpillées de par le monde (et donc rappeler les anges portugais pour le déménagement, j'te dis pas comme ils l'attendent d'impatience le messie, les anges portugais...) Les synagogues seraient donc temporaires, dites "sous condition" (de la date du billet d'avion du messie) ce qui se dirait en Hébreux "Al Tenaï", ou "Al Tenaj", et ce mot aurait été compris par les germanophones par "alt-neue" d'où "vielle-neuve". Tiens, c'est même confirmé ici.
Quelques notoriétés qui officièrent en la synagogue:
- Rabbi "Eliezer Aškenazi" (ou "Ashkenazi" 1512-1585), physicien, philosophe, pédagogue et surtout enseignant du fameux rabbi Loew (papa du Golem).
- Le plus connu de tous, le rabbi "Jehuda Liva ben Becalel" ("Yeouda Loew ben Bezalel", "Judah Lew ben Bezalel", "Yehudah ben Bezalel Levai"... 1525-1609) dit le "Maharal" (de Prague), pédagogue, savantiste, talmudiste et golemiste durant son temps libre.
- Rabbi "Mordechaj ben Abraham Jaffe" (ou "Mordecai ben Avraham Yoffe", 1530-1612), philosophe, astronome, mathématicien et auteur d'un ouvrage de codification des lois religieuses appelé "Levushim" (parfois "Ha-Levush").
- Rabbi "Jom Tov Lipmann ben Natan ha-Levi Heller" (1579–1654), mathématicien, philosophe, écrivain, linguiste et disciple du fameux rabbi Loew (papa du Golem).
- Rabbi "Jecheskel Landau" (parfois "Ezechiel", "Ezekiel"... 1713-1793), connu pour son écrit scholastique "Noda bi Jehuda" ("Noda B'Yehuda") où il répond en particulier à la difficile question de savoir si la loi juive permet de construire des synagogues octogonales, ou si elles doivent impérativement respecter une forme rectangulaire (voire carrée) à 4 murs (il devait siéger à Bruxelles celui-là... lecture: Dominique Jarrassé, Synagogues. Une architecture de l'identité juive, Isbn: 2876603047).
- Rabbi "Šlomo Jehuda Leib Rapoport" (des fois "Schelomo" 1790-1867), auteur de l'encyclopédie talmudique "Erek Millin".
Alors évidemment, en dehors de notre rabbi "Loew", "Löw", "L'oeuf"... vous n'êtes pas vraiment sensés connaître les autres rabbis si vous n'êtes pas spécialistes en rabbinisterie. D'autant plus que ce qui est terrible avec ces notoriétés, c'est l'orthographe de leurs noms, parce que selon qu'on parle du même rabbi en Tchèque, en Allemand, en Anglais, en Français, ou en Yiddish (sans parler de l'oriental ou occidental), l'orthographe peut être totalement différente. C'est dingue que la tour de Babybel est viendue fiche le foin jusqu'aux noms propres à ce point!
Sinon bien évidemment, un tel édifice si unique possède un certain nombre de superlatif de supériorité. C'est la plus ancienne construction encore en vie dans le quartier de "Josefov". C'est la (une des, selon d'autres sources) plus ancienne synagogue d'Europe centrale. C'est l'un des plus anciens édifices en gothique "primitif" de Prague et l'un des monuments les plus visités en notre capitale. C'est l'un des plus anciens et des plus précieux souvenirs juifs au monde. Et c'est enfin l'une des plus anciennes synagogues d'Europe qui sert encore aux offices religieux (depuis le XIII millième siècle, exception faite entre 1942 et 1945, lors des reconstructions, incendie et autres inondations). En dehors des offices, on y organise également des "Bar Mitzvah", des mariages, des gueuletons cachères et des portes ouvertes de journées Prague-1. Avant, elle servait encore d'école, de cour d'assise, et de bureau des impôts. C'était, pour ainsi dire le point central, principal, plus important (genre café de la poste), de la communauté juive de Prague, mais également de toute la communauté juive du royaume de Bohême. Aujourd'hui, l'édifice est administré par la communauté juive de Prague et non pas par le musée juif de Prague, ce qui somme toute doit être kif-kif sinon pour le prix. Parce que je dois dire que 200 CzK (7,9 €) d'entrée dans la synagogue vieilléneuve me semble un peu cher au regard du prix d'entrée dans les autres édifices culturels de la ville. Bon, je ne vais pas me plaindre, parce que cette fois-ci c'était gratos pour moi, pour ma chérie d'amour et pour le boulet made in USA, mais quand même, tiens, la Tour Poudrière 60 CzK (2,37 €), le Musée National 120 CzK (4,75 €), le Couvent Ste Agnès 150 CzK (5,93 €), la Maison Municipale 160 CzK (6,33 €)... Curieusement, ce n'est que depuis 1995 que l'édifice est classé au patrimoine culturel national. Et tiens, vu qu'on parle de classé et de patrimoine... tiens, justement, une triste anecdote mais révélatrice du bordel de séant. L'administration de la synagogue décida un jour d'installer la climatisation dans notre bâtiment. Why not? Ca fait 700 ans qu'elle n'y est pas, la clim, mais là maintenant il fallait la mettre. Bon, why not après tout, c'est le progrès. L'on fit donc appel à une entreprise qui omit tout d'abord d'informer le département d'archéologie de l'académie des sciences de son intention (alors que c'est exigé par la loi lorsqu'on bricole du patrimoine historique), puis qui omit ensuite de demander l'approbation (également exigée par la loi) de l'organe national de conservation des monuments culturels (la mairie de Prague dans notre cas). Bref, nos gaillards se sont allés nous bricoler leur projet en loucedé, et parmi les fantastiques bonnes idées qui naquirent par suite de profondes réflexions, il en fut une qui consistait à faire passer la tuyauterie de la climoche dans l'espace forcément creux du bête banc en pierre brute, là, récemment construit (semblait-il) dans le vestibule (en bleu smp) sur ses 11 mètres de long. Le projet fut donc envoyé en l'état à l'office du patrimoine culturel national qui, sans les documents d'experts (culture, archéologie, patrimoine, protection de la nature, des zanimaux, des minorités et des couches d'ozones), émit un permis de construire favorable. En décembre 2006, les foutres en climoche enlevèrent donc les premières pierres du banc pour découvrir avec stupéfaction que l'intérieur n'était pas creux comme bêtement présumé (on ne sait pourquoi ils présumèrent ainsi). Ah ben fock alors! Une semaine plus tard, le chef de projet en climoche gribouilla un nouveau projet, sur lequel l'on ferait péter ce foutu banc inutilement pas creux, et qu'on le remplacerait par un nouveau, en parpaings-béton et renforts d'acier (et allez!). A nouveau le représentant de l'office du patrimoine culturel national émit un avis favorable, et début janvier 2007, nos gaillards faisaient donc péter les mètres restants du banc encombrant. Eh ouais, sauf que chais pas comment, mais un jour, quand même, enfin, les autorités compétentes se sont rendu compte de la
Sinon et gratuitement, vous pouvez admirer la statue qui se trouve dans le petit parc à côté de notre synagogue (en continuant vers le fleuve "Vltava"). Il s'agit de Moïse, sculpté par le grand "František Bílek" envers lequel ses contemporains, comme la critique du début XX ème siècle, n'eurent curieusement aucune sympathie (y compris l'immense "Josef Václav Myslbek"). Cette fantastique sculpture que pratiquement personne n'admire, est une sorte de cliché instantané, où le sculpteur a saisi le moment où Moïse écrivit le nom "Adam" sur le premier parchemin qu'il tient dans sa main gauche. "František Bílek" a voulu exprimer le poids de la responsabilité qui incombe à Moïse, le devoir qui est sien et divinement commandé: mener son peuple en terre promise. On le voit concentré sur sa tâche, à la recherche des forces nécessaires à son accomplissement. Parenthèse: le pentateuque (de penta=cinq, et teukhos=rouleau, c.f. le Dictionnaire du Christianisme, Martin R. Gabriel) désigne les 5 premiers livres de la bible originellement gravés au burin sur des rouleaux de papier russe par Moïse en personne. Le mot "Adam" serait en hébreux et au départ un nom commun désignant "l'humain", genre "tiré de la terre", issu de la glèbe, du limon (genre Golem). Parfois vous trouvez le terme "Adam le glèbeux" dans des textes vraiment... "technique de la religion", et ce n'est que par la suite (mais chais pas laquelle) que ce nom commun serait devenu propre. Or dans la Genèse, tout commence par "In principio creavit Deus caelum et terram" (au commencement, dieu créa les cieux et la terre). Ce n'est qu'au 6 ème jour (chapitre 1, point 26) que l'on parle de l'homme en tant que tel: "et ait: faciamus hominem ad imaginem et similitudinem nostram..." (Puis il [dieu] dit: faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance...) Remarquez qu'ici la bible latine emploie le mot "hominem" (de "homo", "hominis", l'homme, l'humain) comme dans le chapitre 2, point 18: "dixit quoque Dominus Deus non est bonum esse hominem solum faciamus ei adiutorium similem sui" (ah ben pour sûr que l'homme tout seul, il va s'emmerder touffu [ou devenir homo... hominis], et je lui ferai donc un serviteur à son image, la biroute en moins les nichons [gros de préférence] en plus). Notez bien que le "adiutorium" qui signifie secours, aide, assistance [partenaire?], c'est-à-dire la "femme", est aujourd'hui bien loin de rendre les bons offices pour lesquels elle fut originellement conçue, puisqu'à l'opposé d'assistante, elle s'accapare insidieusement la fonction dirigeante ce qui serait (dans une certaine mesure) à même d'expliquer le joyeux foutoir dans lequel la civilisation est actuellement plongée, vu que le bon dieu ne l'avait pas prévu comme ça, le fonctionnement du monde et de la femme, genre. Et donc on retrouve cependant et pour la première fois le mot "Adam" au sens "humain" dans la suite, chapitre 2 point 19, "[...] adduxit ea ad Adam [...]" ([...] il les fit venir vers l'homme [...], tous les animaux de la terre et tous les oiseaux du ciel). Fin de parenthèse, et d'héritage si par malheur ma maman lit les lignes ci-dessus concernant le serviteur, l'aide, l'assistance... Tout ça pour dire que si Moïse en était à Adam dans son pentateuque, il n'en était certes pas au tout début, mais au début un peu quand même, et que s'il était déjà épuisé au chapitre 2.19, il aurait mieux fait de ne pas accepter le projet du bon dieu, même s'il était bien payé. Sinon originellement, cette statue devait se trouver au centre du jardin de sa villa (à "Bílek", rue "Mickiewiczova 233/1") qu'il avait lui même conçue dans les moindres détails, et dont Moïse devait être l'axe autour duquel l'édifice allait se lover ("Osou stavby je socha velkých rozměrů, Mojžíš, starozákonní hospodář, kol které se stavba točí ve smyslu klasného pole...", lecture: "Praha 1891-1918: kapitoly o architektuře velkoměsta. Jan E. Svoboda, Zdeněk Lukeš, Ester Havlová"). Selon ses propres dires, il avait investi dans la réalisation de cette oeuvre "la sueur du front, jusqu'à l'épuisement, au prix d'efforts surhumains". La fonte fut coulée en 1905 et déposée à l'emplacement actuel en 1937. Détruite lors de l'occupation par la chienlit nazie, elle fut refondue en 1946 (parfois 1947) grâce à madame "Bílková" qui avait conservé le moule au frais et au sec pendant plus de 40 ans. Dis-donc, si après tout ça vous n'allez pas jeter au moins un oeil (même rapide) sur cette oeuvre, alors chais plus quoi dire...
Voilà, donc malgré le prix d'entrée élevé, malgré la foule constante en toute saison, malgré l'absence de climatisation ('béciles), je vous conseille d'absolument vous précipiter à la visite de ce fantastique joyau de Prague. La synagogue vieilléneuve est indissociable de la ville (et vice-versa), elle est un de ses organes vitaux, elle est son épice aromatique, son bon vin vieilli par le temps. Cette synagogue c'est Rudolf II, c'est le golem, c'est rabbi "Loew", c'est Kafka (malgré que sa "Bar Mitzvah" n'eut pas lieu là, comme l'affirment certaines sources fort mal renseignées, mais en la synagogue "Cikánova", détruite en 1906 lors de l'assainissement du quartier de "Josefov"), c'est le vieux quartier fin XIX ème, c'est les légendes, c'est la communauté juive... c'est Prague, tout simplement. Mais encore pour combien de temps, justement, à la vitesse où la ville se métamorphose (mal)?
PS: faites moi penser à vous raconter un jour comment ce bougre journalistique de "Egon Ervín Kisch" est tombé sur ce vieux manuscrit de 16 pages, écrit en cursive assyrienne typiquement carrée que l'on nomme "ktav ashouri", acheté alors pour 80 florins d'or par ce paysan juif polonais qu'il avait rencontré aux abords de la synagogue dans le presbytère de laquelle son peloton bivouaquait dans un hameau de Galicie-Hongrie ("Haličsko-Uhersko") en 1915 tandis que les armées russes et autrichiennes se disputaient le contrôle de cette insignifiante position, et selon lequel (manuscrit) des bougres comme "Avrohom Chajim", "Abraham Secharja" et "Ašer Balbier" auraient fait disparaitre le Golem aux limites de la ville de Prague afin d'échapper aux grands malheurs engendrés par leurs vaines tentatives de ressusciter le phénomène après qu'il fut désactivé pour toujours par le grand rabbi "Loew" en personne parce qu'il avait pété un plomb dans sa tête boueuse de pauvre diable. Faites-y moi penser, parce que malgré que la version d'Egon tient debout, elle ne me semble pas du tout être la réalité vraie... mais une autre fois, je vous en parlerai.