Fin de la guerre ? (2/2)

Publié le 10 novembre 2012 par Egea

Suite de mon billet sur la fin de la guerre. Où je me pose alors la question suivante : D’où vient alors la régulation de nos sociétés, celle qui empêche justement le chaos hobbesien ?

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La morale publique ? mais nous voyons partout son affadissement et l’augmentation incroyable de la corruption. Une affaire Dreyfus serait-elle encore possible aujourd’hui ? je veux dire, celle où un lieutenant-colonel, de culture antisémite, prenant connaissance d’indices probants innocentant un capitaine juif qui vient d’être condamné, déciderait de ne pas taire sa conscience et de risquer sa carrière pour rétablir les droits de celui qu’il a découvert innocent ? on parle là de courage intellectuel, et non pas de la bonne conscience dont certains font profession.

L’intérêt privé de l’homo economicus qui, comme dans la fable des abeilles, ferait que la somme d’immoralismes individuels réussirait à produire un bien général ? C’est ce que dit l’idéologie du moment. A ceci près qu’on observe les limites évidentes du système, avec la crise actuelle dont on ne voit pas comment sortir. Au contraire, chacun à l’impression diffuse que la « crise » n’est pas justement ce moment « passager » qu’elle revêt dans le vocabulaire médical, mais qu’elle constitue la manifestation de quelque chose de beaucoup plus structurel. Et qu’au fond, la « crise » n’est que la résultante de toutes les impasses accumulées, et surmontées depuis des années et des décennies à coup de tricheries. La crise n'est pas un moment mais une durée.

L’individualisme ? Mais pourquoi cet individualisme serait-il aujourd’hui plus « efficace » qu’autrefois pour prévenir la guerre ? Une raison pourrait être démographique. En effet, l’augmentation des populations (qui arrive, grosso modo, à son terme) a fait que la planète s’est remplie. Par ailleurs, il faut également constater plusieurs tendances très lourdes à l’échelle planétaire : l’urbanisation, la littoralisation, les mélanges de population, et la massification des moyens de communication. Ajoutons également un développement de l’éducation qui touche des populations toujours plus nombreuses, et une augmentation du bien-être général (avez-vous remarqué qu’on ne parle plus jamais dans les journaux de sous-développement ou de pays les moins avancés ?).

Autant de facteurs qui affaiblissent les mouvements collectifs, les effets de masse humaine. De plus en plus d’humains se considèrent comme des acteurs autonomes et non comme des éléments d’un ensemble plus vaste. Dès lors, il leur est de moins en moins nécessaire de s’organiser pour des luttes à mort.

Au fond, l’individualisme entraîne le scepticisme, et donc la fin du collectif. L’Etat n’est là que comme facteur résiduel. Quant à la guerre, à quoi bon ?

O. Kempf