Fin de semaine difficile. Vendredi froid et morose. L’unique lueur de bonheur dans cette journée grise et interminable, le rayon de soleil : un concert de -M-. Le grand -M-. L’artiste investit le CentQuatre pour un concert privé improvisé dans sa grande nef. Le CentQuatre, c’est un endroit particulier, perdu dans le 19ème arrondissement, loin de tout. Un endroit presque coupé du monde où se rencontre des cultures pourtant à l’opposé l’une de l’autre : les danseurs de hip-hop, les jeunes de la cité avoisinante, les bobos parisiens, les chineurs de friperies. Tous se promènent dans cet espèce de gare qui n’a pas encore trouvé sa vraie fonctionnalité.
Le soir tombé, ce vendredi, ce petit monde s’échappe pour laisser entrer un tout autre peuple : des rêveurs, des grands enfants, de petits monstres, bref des fans de -M- qui ont gagné le droit de voir avant tout le monde son nouveau spectacle. Des privilégiés. Pour son nouvel album, -M- a tout changé : le style vestimentaire, les musiciens qui l’accompagnent. La guitare a pris quelques paillettes, la technique elle est toujours ahurissante. Ce ne serait pas une bêtise de dire que ce garçon-là figure dans le top 3 des meilleurs guitaristes français. Le son est encore plus rock qu’avant. On avait déjà eu un premier avant-gout de ce que serait le nouveau -M- avec « Mojo« . toujours aussi fou et efficace (même si je trouve qu’il y a quelques similitudes avec « Lonely Boy » des Black Keys).
Le set de ce soir commencera par une performance : Nicolas Le Riche, le danseur étoile de l’Opéra de Paris ouvre la soirée. Il raconte en dansant, l’histoire de -M-. Avec grâce, subtilité et sensualité, il traverse les albums du chanteur à travers des chansons emblématiques : de « Machistador » à « La Bonne Étoile » (en duo avec sa femme Anne Deniau) en passant par « Monde Virtuel« .
-M- prend la suite des commandes, pour un concert court mais intense. Il glisse d’un album à l’autre, mélangeant intelligemment les titres des vieux albums (« Je dis Aime« , « Est-ce que c’est ça« , « La Seine« , « Nostalgic du Cool« ), et les nouveaux (« Mojo« , « L’Océan« ). On y retrouve l’énergie communicative qui se dégage de ce petit bonhomme. On est une nouvelle fois frappé par la personnalité changeante du garçon : Matthieu Chedid, cet espèce de Petit Prince vs M cette bête de scène. On aime les deux. Évidemment.
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