Obama II

Publié le 09 novembre 2012 par Wtfru @romain_wtfru

A moins que vous viviez dans une grotte en mangant de la viande séchée et écoutant le brame du cerf, vous devez certainement savoir que le premier président noir américain a été réélu au pouvoir ce mardi. La campagne présidentielle américaine a été secouée par de nombreux évènements extérieurs avec entre autres l’intensification de la guerre civile syrienne, la tuerie d’Aurora dans le Colorado et l’ouragan Sandy.

« Yes he can », oui mais à quel prix ? Notons avant tout que Barack Obama (avec Angela Merkel) est l’un des rares présidents de la crise à avoir été réélu. La performance est assez unique pour que nous la mettions en valeur. Son mandat ayant été reconduit à la Maison Blanche, il hérite personnellement de son bilan peu brillant. Certes, il a récupéré une Amérique dans un état proche de l’agonie. Il est vrai, que le rêve américain qu’il avait suscité en 2008 s’est complètement évanoui. Le chômage reste élevé (près de 8 %, plus de 20 % chez les jeunes), la reprise est fragile. Entre un Mitt Romney incapable de se définir et un Barack Obama sérieux, faute d’être flamboyant, les américains n’ont pas hésité. Ils ont renouvelé leur confiance à celui qui a conduit les Etats-Unis à travers la tempête des subprimes et de la chute de la croissance.

Il aura néanmoins mené une reforme courageuse : celle du système de santé qui avec Medicair et Medicaid propose une couverture maladie aux personnes les plus défavorisées – ce qui lui a d’ailleurs valu le doux sobriquet de socialiste. Passons très brièvement sur la réforme des contrôles des flux financiers aujourd’hui complètement édulcorée, mais notons néanmoins que les bases sont là. Il aura également mis à mal le commandant d’Al Qaïda qu’il aura traqué jusqu’au Pakistan.

La configuration politique à Washington ne change pas : la Chambre des représentants reste dominée par les républicains ; les démocrates disposent d’une petite majorité au Sénat. L’un des éléments qu’il faudra garder à l’esprit est alors que les républicains avaient juré de rendre ce pays ingouvernable en 2008, ces derniers se verront obligé de collaborer davantage si Barack Obama fait preuve d’un peu plus de courage, un troisième mandat n’étant pas envisageable. Sa priorité numéro un est le budget – la réduction d’un déficit chronique et qui, cumulé, leste le pays d’une dette de plus de 100 % du produit intérieur brut. Il lui faut trouver d’urgence, d’ici au 31 décembre, un accord avec les républicains. Pour cela il ne disposera que de très peu de temps Mais il dispose de peu de temps pour y parvenir. Un deuxième mandat ne dure pas quatre ans, mais plutôt dix-huit mois, car en 2014 interviendront les élections de mi-mandat et, en 2015, le pays sera déjà plongé dans la future campagne présidentielle. Pendant ces dix-huit mois, le président réélu va devoir rattraper le temps perdu. Après avoir réussi à convaincre les Etats-Unis de lui faire de nouveau confiance, il devra dès aujourd’hui convaincre le reste du monde que l’Amérique peut encore rêver.

«Yes he can»,
Friendly.