Suisse: la fin d’un paradis fiscal ?
Crise de la dette oblige, de nombreux Etats-membres ont durci leur politique fiscale en vue de respecter les critères de Maastricht en termes de déficits et de dette publique. Cela aurait pu profiter à l’attractivité de notre voisin helvétique s’il n’avait pas lui-même décidé de mettre fin à l’évasion fiscale à destination de ses banques et d’augmenter le taux d’imposition dans nombre de ses cantons.
La fin du secret bancaire
Après avoir tant résisté à la pression internationale et surtout allemande concernant leur « tradition » du secret bancaire, les banquiers suisses semblent se résigner à ne plus accepter de dépôts non régularisés, et donc non déclarés, provenant de l’étranger. En avril dernier, un accord avait pourtant été trouvé entre l’Allemagne et la Suisse : cette dernière devait payer une somme équivalant à 20% du total des avoirs allemands déposés dans les établissements financiers helvétiques à l’Etat allemand en échange du droit à conserver le secret bancaire des clients germaniques. Mais cela a provoqué un tollé, le peuple allemand considérant cette entente injuste vis-à-vis des citoyens honnêtes, et de nombreux länder ont détourné la convention en rachetant aux banques suisses des listes de clients, obligeants les évadés fiscaux à se régulariser en masse. Dès lors le secret bancaire n’a plus lieu d’être puisqu’il n’est pas garanti.
Une probable augmentation des impôts
En outre, la décennie d’excédents budgétaires a laissé place à des budgets dans le rouge pour de nombreux cantons, incitant ceux-ci à envisager sérieusement une hausse sensible des taux d’imposition, jusqu’à 10%. Certains cantons promulguent même, à l’instar de notre président, une taxation spécifique pour les revenus annuels supérieurs à un million de francs (830 000 euros). En effet, le soutien fédéral à ses cantons a diminué et ceux-ci se sont vu incomber de nouvelles charges comme la santé ou la justice. Pour pallier ce problème de financement, la priorité revient à une réduction des dépenses, mais aussi à un relèvement de certains impôts comme l’impôt sur le revenu mais aussi la TVA et la taxe automobile. Les riches étrangers travaillant en Suisse sont aussi visés puisque le forfait fiscal (système d’imposition basé sur le train de vie et les dépenses du contribuable et non sur ses revenus réels) va être soit supprimé soit durci selon les cantons.
A tous les mécontents de François Hollande donc, sachez qu’il est inutile de chercher le réconfort de l’autre côté du lac Léman !