du 9 novembre au 15 décembre 2012
Vernissage en présence de l’artiste le 9 novembre 2012 de 18h30 à 21h
Une voyante m’a dit qu’il me resterait très peu de souvenirs le jour de ma mort, mais jamais elle n’a mentionné le fait que je ferais naufrage aux environs de ma trentaine. Et pourtant je suis là, sur cette île dont je ne connais ni le nom ni l’emplacement, mais dont je peux, grâce aux peintures de Raul Dominguez, son dictionnaire sur les îles du Parana et sa conférence sur la flore et faune autochtone, m’attribuer quelques connaissances. De même, je connais les photographies de Laura Glusman, et donc, en quelque sorte, ce n’est pas la première fois que je suis sur ces îles au milieu du fleuve Parana. Ce que ce peintre et cette photographe m’ont montré me prépare au silence profond de la végétation, l’enchevêtrement des lianes qui prennent les branches des arbres, et les arbres résistant à la nature qui leur exige la mort, pour faire avancer la vie. Dans ce paysage, tout ce que j’ai étudié ne me sert à rien: la litérature, la musique, la peinture, à quoi me sert-il de connaitre tout ça à l’heure de me procurer du feu, de la nourriture, un toit ? Mon premier matin fut triste. J’avais faim, froid, je n’avais plus mes livres, mes outils, mes dessins. J’étais vidé. Ayant tout perdu, comment allais-je faire pour survivre ?
Ca faisait des années que je dessinais les illustrations d’une encyclopédie d’art. J’avais déjà dessiné plus d’une centaine d’oeuvres, et avait les brouillons pour au moins une centaine d’autres. Mais pour la terminer j’avais besoin de m’éloigner et je m’embarquais sur le fleuve Parana, face à la ville de Rosario, au coeur de l’Argentine.
Agustin Gonzalez et Pauline Fondevila, extrait du texte Loin de tout, loin de toi, Conférence pour une île, Rosario, juillet 2012
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