Christian Bonnefoi est né à Salindre dans le Gard en 1948. Il vit et travaille aujourd’hui dans le Loiret, à Gy-les-Nonains, non loin de Montargis.
Sa vocation d’artiste doit beaucoup à sa première et brillante formation en histoire de l’art. Spécialiste de l’architecture de l’entre-deux-guerres, assistant d’Hubert Damisch, Christian Bonnefoi est l’auteur de nombreux articles et écrits sur l’art. Il développe aujourd’hui encore sa recherche de théoricien en parallèle d’une activité de peintre initiée dans les années 70.
L’origine de sa démarche artistique se situe lors de la découverte au Grand-Palais en 1970 des Dos de Matisse, un ensemble de quatre sculptures dont les bronzes sont conservés dans les plus grands
Ces quatre bas-reliefs d’un dos de femme, à travers lesquels Matisse explore la simplification de la forme et du relief, inspirent à Christian Bonnefoi une interrogation sur la face supposée du modèle et de l’oeuvre.
« Je me rends compte aujourd’hui que je travaille depuis trente ans à essayer de voir la face du Dos de Matisse ».
Son travail artistique procède dès lors d’une réflexion sur le fait que l’œuvre est « formée autant par ce qu’elle révèle que par ce qu’elle cache ».
« Le choc à la vue des Dos de Matisse, lors de la rétrospective au Grand-Palais, en 1970, fut une véritable expérience initiatique (…). (Elle) m’engagea, le cœur léger, dans les sentiers hypothétiques du pinceau. »
Partant de cette quête, de cette interrogation sur la face cachée de la sculpture comme du tableau, sur le visible et l’invisible qui constituent une œuvre d’art, Christian Bonnefoi poursuit un travail qui doit beaucoup à sa réflexion sur les moyens de l’art. L’artiste utilise des procédés techniques d’une grande sophistication, mais son travail se laisse également appréhender sans le recours à la théorie, par la jubilation que son observation produit chez le spectateur.
Babel, Eurêka sont les titres de séries de tableaux nés de ces procédés techniques que l’œil explore et cherche à comprendre et qui provoquent un mélange d’interrogation et de profonde séduction.
Le langage pictural de Christian Bonnefoi oscille entre peinture, dessin et une technique originale et sophistiquée de collage de papier de soie et de tarlatane directement punaisés au mur et qui lui permettent de jouer avec la transparence et la tension des matériaux.
Pour cette exposition à Céret, la ville qui vit naître les délicats papiers collés et épinglés de Picasso un siècle auparavant, Christian Bonnefoi a ainsi réalisé trois collages de grandes dimensions (environ 4 x 10 mètres), au sein desquels le visiteur retrouvera certaines interprétations des Dos de Matisse, affectueusement surnommé « le patron ».
« A la question improbable « Qu’est-ce que l’art, à quoi sert-il ? », Henri Bergson répond de façon simple et catégorique : l’art est un accroissement du réel.
L’invention du collage n’est pas un ornement nouveau, pas seulement une nouvelle technique, mais la constatation radicale que l’ancienne surface picturale n’est plus apte à accueillir l’exigence d’un accroissement du réel. »
« Il a y quelque chose de plus énigmatique que l’invisible, c’est le visible » Oscar Wilde (cité par Christian Bonnefoi)
Musée d’art moderne de Céret 8, bd Maréchal-Joffre, BP 60413 – 66403 Céret Cedex : http://www.musee-ceret.com/