L’origine, pas seulement la famille, mais aussi la classe sociale, le lieu, tiennent dans ces lignes une grande place. Est-on constitué de cette origine ? Avoir quitté V. a-t-il influé sur le narrateur, voire sur ceux qu’il a quittés ? Quels liens peuvent subsister après ces années ? Paul évoque ici et là ce qui « distingue » les uns des autres, et s’interroge sur ce qui le distingue lui-même de son milieu familial, de ses copains d’adolescence, du milieu social dans lequel il doit évoluer.
Pourquoi écrit-il ? C’est une autre question qui traverse le livre. Pour survivre ? Pour lui-même donc. Et que fait l’auteur du lecteur ? Quand Paul centre ses livres sur ceux qui sont proches de sa propre existence (Sarah, Manon, Clément, l’alcool, l’éditeur, les voisins, les parents, la ville de V., la ligne D du RER, la Bretagne, etc.), il ne se soucie pas de ce que cela peut faire rejaillir sur les autres, nommés ou non dans ces pages. Devrait-il s’en soucier ? Il dit écrire comme un joueur de tennis de fond de court, en cognant.
Son statut d’écrivain vient aussi alimenter le roman. Ce statut le rend étranger à sa propre famille, à ses copains d’adolescence retrouvés ici. Il écrit sur leurs vies mais qu’est-ce qu’il en connaît à présent ? Mais il se sent lui-même étranger dans ce milieu où les classes populaires ne font pas recette.
La première partie du roman m’a captivé. La seconde un peu moins. La troisième m’a déçu : sorte de happy end japonisante, rappelant que le livre précédent d’Olivier Adam nous avait emmenés au Japon.