Les républicains ont confirmé leur poussée extraordinaire d'il y a deux ans au congrès. Paul Ryan réélu dans sa circonscription du Wisconsin.
Par Daniel Hannan, depuis Oxford, Royaume Uni.
Paul Ryan, réélu au Congrès US
Nous traversons des moments de malaise pour qui est candidat politique à la droite du centre. De nombreux électeurs pensent que nous traversons une crise du capitalisme. Ils mettent la crise du crédit sur le dos d'un manque de règlementation. Ils pensent que la solution au déficit est de taxer les banquiers qui, on leur assure, l'ont créé en premier lieu.
Il n'est pas facile pour un candidat de répondre que les sauvetages et les nationalisations sont l'exact opposé du capitalisme ; que, à l'exception de l'énergie nucléaire et des médias audio-visuels, il est difficile de trouver un secteur plus règlementé que les services financiers, et qu'exproprier tous les banquiers du pays ne ferait rien pour résoudre le déficit.
La plupart des élections en Europe depuis le krach ont été gagnées par la gauche populiste, en partie parce que la droite s'est enfermée dans l'euro-corporatisme, et en partie parce que le numéro joué par la gauche est meilleur en ce moment.
L'Amérique est censée être différente. Les électorats grecs ou français peuvent bien avoir une préférence pour l'étatisme, mais les États-Unis ont été fondés pour échapper à tout ça. Ils ont un des électorats les plus pro-liberté de toute la planète. Les républicains US, contrairement à la plupart des partis de centre-droite européens, tendent à être populistes et libertariens, au moins dans leur incarnation actuelle. Alors que les conservateurs de l'ère Bush étaient coupables de capitalisme de copinage, la plupart des candidats républicains de mardi se présentaient en tant qu'anti élitismes, anti gouvernement et anti corporatismes. Pourquoi donc n'ont-ils pas gagné ?
La réponse courte est que, en fait, si. Les observateurs étrangers, et c'est peut-être compréhensible, ne se concentrent quasiment que sur la course à la présidentielle. Mais ce n'est pas le président qui fixe les budgets. Cette prérogative repose solidement sur les épaules du congrès, représenté, dans ce contexte, par nul autre que Paul Ryan, réélu dans sa circonscription du Wisconsin.
Il y a deux ans, les républicains ont opéré une poussée extraordinaire à la chambre des représentants, ayant concentré leur campagne quasiment exclusivement sur les niveaux insoutenables d'imposition et de taxation, de dépenses et de dettes. À l'heure où j'écris ces lignes, ils semblent avoir préservé cette poussée extraordinaire.
C'est vrai que le président Obama a gardé la Maison Blanche, et félicitations à lui. Mais en tant que président, il a plus de pouvoir sur la politique étrangère que sur la politique intérieure. On peut au moins avancer l'argument - et pas mal de types orienté "recul de l’État" l'ont fait - que la politique étrangère d'Obama est moins coûteuse que celle de Romney. Presque rien de ce qu'Obama a dit pendant sa campagne ne peut être interprété comme un engagement à dépenser plus. (C'était déjà le cas la dernière fois, bien sûr, et ça ne l'a pas empêché, une fois qu'il était en poste, mais le point reste valide).
Si je devais deviner, je dirais qu'il a gagné parce que les gens l'aimaient mieux. Ses discours irradiaient la chaleur et l'inspiration, et il passait bien à la télé. Mitt Romney, manque de chance pour lui, avait l'air distant, riche, et froid. Pour ce que ça vaut, je pense que cette caractérisation est bien loin de la réalité, mais ce n'est pas ce que j'en pense qui compte. Pour de nombreux Américains, Romney semblait un retour au "Grand Old Party" impopulaire, très issu du Nord Est et des classes supérieures, de la moitié du XXième siècle. La raison pour laquelle sa remarque sur "les 47%" a fait tant de dégâts est qu'elle a confirmé l'impression négative que les gens s'étaient déjà faite, c'est-à-dire que son approche de la présidence était celle d'un consultant en management, pas celle d'un président.
L'Amérique n'a bas glissé vers la gauche mardi, pas le moins du monde. Oui, certains États ont voté dans un sens socialement libéral sur le mariage homosexuel et la légalisation de certaines drogues douces. Mais de nombreuses personnes - moi y compris - sont en faveur de ces choses tout en restant fiscalement conservateurs. Chacune de ces trois causes est, à un niveau ou un autre, anti-État.
On peut encore gagner des élections sur une base anti-impôts et anti-État ; mais il ne faut pas se compromettre. Quatre ans après les événements, de nombreux Américains en veulent toujours aux républicains pour le fiasco des sauvetages de 2008, et ils n'ont pas tort. Avec un candidat qui aurait eu les mains propres sur cette question, et une personnalité sensiblement plus attirante, les républicains auraient pu gagner.
----
Sur le web.
Traduction NdC pour Contrepoints.