Il faut qu’on parle de Kevin, Lionel Shriver

Par Maliae

 Résumé : À la veille de ses seize ans, Kevin Khatchadourian exécute neuf personnes dans son lycée. A travers des lettres au père dont elle est séparée, sa mère retrace l’itinéraire meurtrier de leur fils.

Avis : Ce livre m’a énormément touché. Une brique mais pas ennuyante du tout, d’ailleurs elle m’a paru trop courte, car arrivé à la fin j’étais triste de tourner la dernière page. J’ai vraiment été transporté par cette histoire – atroce disons-le. Eva retrace sa vie avec Kevin, ce qu’elle a fait, ce qu’elle aurait peut-être du faire, ce qu’elle n’a pas fait. Sa relation avec Kevin est très complexe, on sent bien qu’elle a du mal à l’aimer, elle explique même à un moment qu’elle croyait qu’aimer son enfant c’était cadeau, et que ce n’est pas exactement ce qui s’est passé. Alors est-elle pour autant responsable de ce qui est arrivé? Honnêtement vu le caractère affreux de Kevin je comprends qu’elle ait eu du mal à s’attacher à lui. De plus chaque fois qu’elle voulait le punir, lui montrer qu’il faisait mal, Franklin – son mari – cassait son coup, surgâtant l’enfant. Autant le dire tout de suite j’ai détesté Franklin, certes il adorait Kevin mais je l’ai trouvé franchement aveugle, et incapable d’écouter sa femme. Il en faisait beaucoup trop, et à aucun moment je n’ai pu l’aimer. Alors que je me suis attachée à Eva, à ses difficultés, à ses peurs, ses doutes et parfois même à une sorte de sadisme qu’elle éprouve à énerver Kevin, à le faire réagir (il ya des dialogues terribles dans ce livre entre les deux, c’est à se demander qui sera le plus méchant envers l’autre, et pourtant leur lien paraît vraiment fort), et malgré son caractère difficile et son côté un peu « psychopathe » je me suis également attachée à Kevin. Il y a quelque chose de triste chez lui, certes il est hyper désagréable et ne regrette rien de son acte, et pourtant il m’a vraiment touché. Il a une armure ce gosse et se cache derrière, et parfois elle se fissure et on voit un bout de lui, et c’est ça que j’aime.
Oui il est horrible, et non ce qu’il a fait n’est pas pardonnable, mais c’est tout je me suis attachée à lui quand même. Bien plus que son père d’ailleurs.
La fin est pfiouuu, vraiment touchante, j’ai pleuré (alors que j’étais dans le bus). C’était un livre vraiment magnifique, je l’ai dévoré, je me suis pas ennuyée du tout. Si au début j’ai eu un peu de mal avec le vocabulaire utilisé et la façon de parler (il faut réfléchir en lisant quoi), je me suis très très vite plongée dedans et chaque fois c’était trèèèèèèès dur d’en sortir.

Maintenant je veux voir le film. Et vraiment je vous recommande ce livre.

Phrase post-itée :
« Tu es stupéfait. Tu ne devrais pas. C’est mon fils, et une mère se doit d’aller voir son fils en prison. » Ca montre quand même un peu la froideur d’Eva par moment. Elle fait souvent des choses pour son fils parce que c’est le rôle d’une mère, parce qu’il le faut, et non pas forcément parce qu’elle l’aime et que c’est logique pour elle.

3 plus :
- L’histoire, horrible, triste, et qui fait qu’on s’interroge.
- Les personnages de Kevin et d’Eva, et leur lien, très ambiguë
- La fin, époustouflante.

3 moins : 
- c’est un pavé et pourtant j’étais VRAIMENT triste d’arriver au bout.
- J’ai franchement détesté Franklin, je pense qu’il est pas tout blanc dans ce qu’il s’est passé. Et puis comme quelqu’un le dit dans le livre « ce n’est pas toujours la faute de la mère »
- Juste le début (les disons 20 premières pages) un peu rude car il faut s’habituer au vocabulaire et à l’écriture. C’est un livre qui fait réfléchir (et cela n’est bien sûr pas une critique).