A gauche, il ne reste plus...

Publié le 08 novembre 2012 par Despasperdus

A peine 6 mois que François Hollande a été élu que de nombreux sympathisants socialistes déchantent publiquement avec des mots très durs.

En 1983, la gauche au pouvoir avait au moins l'excuse de l'inexpérience dans un contexte politique où le capitalisme keynésien était à bout de souffle, les régimes du socialisme réel également et l'idéologie néo-libérale avait le vent en poupe. Et rappelez-vous que la rigueur ne devait être qu'une parenthèse, une sorte de NEP...

Aujourd'hui, hormis sur les questions sociétales, les sympathisants socialistes sincères et non obtus commencent à se rendre compte qu'il n'y a plus rien à attendre d'autre du PS et de ses vassaux, aux niveaux économique, social et écologique, qu'une politique néo-libérale enrobée d'un discours lénifiant vaguement social. Et qu'au plan extérieur, Hollande suit systématiquement la ligne atlantiste de Sarkozy.

Comme le dit justement le camarade de l'écho de la gauchosphère, on pourrait faire les malins sur l'air de "je vous l'avais bien dit", mais les circonstances ne s'y prêtent pas. L'économie nationale est en panne, les plans de licenciements menacent des milliers de familles de salariés, le chômage ne cesse d'augmenter, et la pauvreté se durcit (+ 10 % entre 2009 et 2012) .

Aussi, pour ces sympathisants, le chemin sera plus ou moins long pour :

Prendre conscience que le PS est verrouillé par des élus, des notables et des employés-militants qui n'ont aucun intérêt à la transformation interne de leurs partis et au changement d'orientation idéologique. Voyez, il paraît que le dernier congrès du PS a acté la progression de l'aile gôche avec Filoche et Hessel en têtes de gondole : quel résultat tangible sur la ligne politique du gouvernement? AUCUN !

Prendre conscience que le PS s'est révélé incapable de faire son autocritique ou son inventaire sur ses années au pouvoir.

Prendre conscience que la double victoire socialiste en mai et juin 2012 n'a été qu'une victoire par défaut grâce au rejet de Sarkozy et de son clan d'affairistes.

Prendre conscience que la social-démocratie, si elle a pu contribuer au progrès social au siècle dernier, est devenue un des courants du libéralisme comme l'ont démontré les Blair, Zapatero, Shröder, Papandreou, Socrates.

Prendre conscience que les transferts de personnels entre l'UMP et le PS, et vice versa, ne sont pas seulement le fait de l'ambition personnelle, demandez confirmation au bureaucrate Jouyet.

Prendre conscience que cette gauche qui gouverne mène une politique de droite à base de baisses des cotisations patronales, de hausses des impôts indirects, de réduction de l'action des services publics, ou de cadeaux au patronat sans aucune contrepartie.

Prendre conscience que les socialistes s'obstinent à rembourser la dette publique illégitime, voire odieuse, jusqu'au dernier centime, quand bien même les sacrifices et les injustices imposés aux classes populaires et moyennes sont plus importants que sous Sarkozy.

Prendre conscience que les partis au pouvoir sont incapables de comprendre les conséquences économiques, sociales et écologiques des politiques libérales en Europe.

Prendre conscience que le PS a tellement bien assimilé l'idéologie néo-libérale qu'il ne se pose aucune question sur la mondialisation et le libre-échange, le dumping social mis en place par l'Union européenne et la démocratie rabougrie avec le TSCG, le productivisme et l'écologie.

Prendre conscience que le pari pascalien d'E. Todd et du collectif improbable Roosevelt2012 n'aura pas lieu tant que cette gauche-là gouvernera.

Il restera alors aux déçus du social-libéralisme à prendre conscience que le Front de gauche, malgré ses nombreuses imperfections, est la seule force capable de rompre avec la logique libérale et productiviste.

Et, le plus tôt sera le mieux... parce qu'en attendant qui profite du "tous pourris" et du "UMPS" ?