Longtemps, l’Afrique a connu maintes voies de développement pour sortir de la crise. Toutes ces stratégies ont occulté le spirituel comme arme idéologique pour sauver le continent de ce déluge. La primauté accordée au déterminisme économique n’a nullement généré des effets escomptés pour remettre sur les rails tout un continent dans la déroute. Ce faisant, les théoriciens du développement de l’économie spiritualisée ont inventé un modèle propre pour corriger les imperfections humaines et accoucher la croissance durable. C’est le développement économique fondé sur l’homme et non sur les choses que les tenants de cette approche constructive préconisent aux pays débiteurs pour retrouver le chemin du progrès et de la réussite.
En mettant en avant le spirituel avant le matériel pour doper la croissance économique, ce paradigme positif du développement incarne un changement de comportement des agents pour atteindre les objectifs poursuivis. C’est tout le travail de progression spirituelle de l’homme qui est au cœur de cette analyse de croissance et de développements économique, social, politique, culturel et environnemental. L’humain est placé au centre des activités et des préoccupations dans le but de susciter la transformation en travaillant d’abord sur lui-même pour devenir l’artisan favorable de l’éclosion de la croissance par le biais de sa propre éducation et formation intérieure. C’est cette stratégie du changement de l’humain dans la prise en compte de la prééminence du spirituel que repose la nouvelle voie de développement prônée par cette école d’inspiration naturelle et de vision transcendantale de l’économie.
Soigner avant tout l’homme africain
Privilégier le spirituel avant l’économie, c’est placer l’homme africain au cœur de la société et de sa transformation de fond en comble pour atteindre le chemin radieux de la croissance durable. Ce changement de priorité amorce une nouvelle conception des stratégies de développement économique. C’est la prédominance du rôle moteur accordé avant tout à l’éducation, à la formation personnelle de chaque individu dans son micro-état qu’il faut promouvoir dans cette politique de progression spirituelle et développement de soi. C’est tout le travail de perfectionnement basé sur le soin minutieux de l’âme et de l’esprit qui est ici mis en exergue dans cette vision du développement intégral de l’homme africain. C’est le comportement changé de l’être humain dans sa vie active et sociale que les praticiens de l’école morale de l’économie professent pour corriger les défauts et les vices qui régentent les acteurs dans leurs choix opérationnels. Cette stratégie intérieure de l’homme préconise la primauté de soigner chaque acteur économique pour devenir un être responsable et soucieux de remplir sa mission de l’état dans le respect des lois et des normes établies. C’est l’acquisition des valeurs éthiques et morales que les tenants de cette approche de l’économie spiritualisée recherchent pour arriver au stade suprême du développement de l’Afrique.
En mettant l’accent sur la spiritualité, les économistes de l’âme intègrent les données économiques, sociales, politiques, culturelles et environnementales dans cette sphère invisible dictée par les dieux de la nature. C’est la logique divine qui commande l’économie et non la raison conquérante dans sa conception matérielle que les partisans de cette politique de l’esprit vantent par-dessus tout. Cette théorie économique tire son fondement dans le rapport de l’homme africain avec la nature et ses croyances aux forces de l’esprit et de ses liens millénaires avec les rites ancestraux. En filiation avec cette liaison spirituelle que l’homme africain entretient avec les entités invisibles, les penseurs de l’économie positive intègrent dans leur analyse les préceptes moraux qui structurent ce lien sacré. C’est la sacralisation de l’économie et la spiritualisation de l’homme africain dans sa vision de développement intégral, gage essentiel de déclenchement de la croissance économique que ces théoriciens du développement de l’âme exaltent dans la dynamisation et la stabilisation des États du continent noir. Cette conception écologique intègre le sacré comme élément premier qui guide les acteurs dans leurs choix économiques, politiques, culturels.
Esclaves des idées reçues
Partant du postulat que les politiques sont de plus en plus esclaves des idées reçues et des thèses des écrivains vains, les doctrinaires de la pensée divine de l’économie proposent la liberté individuelle qui suscite le développement équilibré et harmonieux d’un état. Car le développement de chaque individu dans son écorce interne provoque un effet d’entrainement dans l’éclosion des potentialités capables de développer et de dynamiser une économie locale. C’est la jonction des intelligences individuelles qui va susciter le développement d’une intelligence collective apte à enclencher le changement par son action positive et porteuse de valeurs constructives. Un dirigeant imbu des valeurs spirituelles exerce ses fonctions avec dignité, loyauté, délicatesse et respect
des institutions. C’est le principe essentiel de conscience professionnelle, de probité morale que cette école de l’amour du travail et de la patrie développe dans leurs thèses de l’économie, de l’amour.
En mettant en avant les valeurs cardinales dans la gestion de l’économie interne, les économistes de la justice et de l’équité placent au cœur de leur analyse politique une vision humaine du développement de l’être dans son entièreté. C’est le développement de l’homme et tout son être que les champions du développement spirituel de l’économie conseillent aux dirigeants africains pour rompre avec leurs idéaux égotiques et centralistes.
Ainsi, le spirituel comme arme de développement économique en Afrique est la stratégie efficace pour jeter les bases de la croissance économique. Avec ce nouvel indicateur non scientifique, le matériel est dominé par le spirituel dans le processus de développement et de croissance des états. Ce n’est nullement le rejet complet du matériel qui est le but central de cette nouvelle approche du développement mais une sublimation totale. C’est la fusion de ces entités que ces théoriciens de l’esprit recherchent pour façonner une économie pure pilotée par les dirigeants enivrés d’idéaux humanistes.
Appliquer les vertus spirituelles
Comme donnée première, les économistes de l’âme utilisent le spirituel pour mettre fin à la corruption, au népotisme et au clientélisme qui rongent les nations africaines. Que faire pour donner une impulsion nouvelle aux économies rongées par le déficit et gangrenées par la dette colossale ? La pauvreté et le chômage devenus monnaie courante étranglent les états exsangues et littéralement en situation de crise chronique.
Pour faire face à cette calamiteuse situation, les économistes du parangon de vertus spirituelles appliquent le modèle de l’économie du marché orienté par les normes morales et spirituelles pour corriger les imperfections et éviter la concurrence déloyale. Avec l’économie totalement moralisée, les acteurs adoptent un comportement positif pour faire du marché un espace de libre échange et de commercialisation réciproque.
Dans cet univers permissif, les pays pauvres gagnent dans le respect de l’équilibre d’échange assorti par un prix non dicté par des nations riches à dominance économique. C’est la mondialisation de l’économie moralisée et humanisée que les doctrinaires du paradigme spirituel professe à l’échelle internationale pour sortir l’Afrique du cercle vicieux du surendettement massif.
Avec cette culture de l’économie divinisée, l’homme devient l’acteur honnête et non véreux dans le champ de l’économie du monde. C’est la responsabilité, la tolérance, la solidarité internationale et le partage que les États plongés dans la sphère des échanges commerciaux intègrent dans leur politique économique à orientation morale. C’est le fameux commerce mondial éthique. Dans la prise en compte de la logique de l’unité qui doit gouverner les agents sur l’échiquier du marché pour enterrer le système d’exploitation et la guerre des égos démesurés.
En rejetant la thèse des esprits animaux qui animent les marchés financiers, le modèle du marché spiritualisé moralise les acteurs économiques, tous les investisseurs et actionnaires et les poussent à faire de l’économie du monde un espace où tout le monde gagne. C’est la négation de la théorie de l’enrichissement des rentiers au profit de l’équilibre harmonieux de tous les participants au marché globalisé que ce modèle positif de l’économie insère dans les stratégies économiques des nations africaines pour sortir du marasme sans perspective.
Un mal à élaguer
L’appauvrissement des ménages reste le mal à élaguer dans cette voie de développement de l’être humain. Une stratégie de perfectionnement intérieur où l’état est la somme des individus sublimés devient un instrument au service de l’économie spiritualisée. Il joue le rôle de gardien de ces normes et protecteur des âmes moralisées, conscientisées et spiritualisées.
C’est un état sous l’injonction des vertus divines qui arbitre dans l’intérêt général. Ce n’est guère un état omniprésent mais un état libre qui ne doit pas s’engager dans les activités où il réussit mal parce que ce n’est pas sa vocation première. En incarnant et en symbolisant l’état non policier, il participe à la répartition et à la redistribution des richesses.
Avec un état humanisé, l’économie est bien gérée et engendre la création d’emplois par la politique permissive de la promotion de l’initiative individuelle. Les entreprises ainsi favorisées par un environnement institutionnel non coercitif, il crée des emplois et fait chuter le chômage et, partant, il améliore la croissance économique. La consommation des ménages augmente et les économies retrouvent le chemin du développement. C’est le cercle vertueux rêvé des économistes de l’âme dans leur vision idéale et du progrès et de l’évolution de l’homme civilisé.
Cette stratégie spirituelle au contour idéologique de l’homme nouveau et de l’âme nouvelle est la voie royale des Africains pour sortir du guêpier de l’économie sous-développée. Avec cette politique humanisée, l’Afrique atteindra sans difficulté aucune le cap des états émergents. Et sans tarder, elle deviendra, en un court laps de temps, un continent développé. Riche et prospère. Dans l’application de son propre modèle de valeurs personnelles sous le joug d’une stratégie importée. C’est avec ce modèle idéal que l’Afrique redevient elle-même. Et jouera sans complexe dans le terrain de l’économie du monde où son âme humanisée donnera une leçon de vie aux anciens nantis.
Par Yves MAKODIA MANTSEKA
Source: Le nouvelAfrique [n°50] de novembre 2012