- Je suis assez en accord avec l'analyse de Thierry Janssen sur notre rapport à notre corps et ses besoins. C'est difficile de sentir nos besoins et savoir quoi faire de nos émotions (faim, sommeil, colère, peur...) et on s'impose plutôt des règles (qui en plus de varier selon les modes), selon des croyances sur comment on devrait être, ce qui est bien, correct, idéal...
- Par rapport au stress permanent, c'est vrai que quand on relâche d'un coup, il a beaucoup de peur libérée (on n'est plus habitué à sentir la peur). Cela arrive souvent que la personne lutte pour ne pas la sentir et se contracte encore plus (notamment au niveau du diaphragme, centre de la peur dans le corps), entraînant une angoisse, parfois même la nausée...Mais si on se relâche complètement, il a beaucoup d'énergie qui circule et la personne peut sentir que laisser circuler la peur (c'est à dire ne pas se contracter, essayer de ne pas la sentir en se parlant dans la tête...), c'est une énergie très puissante et plutôt agréable. Cela m'arrive assez souvent lors de séances avec des clients, surtout les premières fois. Au bout d'un moment, il voit que sentir la peur n'est pas dangereux en soi mais une source d'énergie qui peut leur être utile pour réaliser ce qu'ils veulent.
- Quand on est coupé de son corps, on est aussi coupé de la nature en général. On peut alors effectivement détruire son environnement, on en subit les conséquences mais on fait en sorte de ne pas le voir ou le sentir. Et aussi d'accord avec le fait qu'on est responsable. Sinon c'est la faute des autres et il ne se passe rien...Je trouve par ailleurs que d'être responsable est une force, cela nous offre la possibilité de changer les choses. Si on n'est pas responsable, on est des victimes (ça ne veut pas dire qu'on contrôle l'attitude des autres, ça ne dépend pas de nous mais la façon dont on réagit oui).
- Je suis assez d'accord avec cette idée de notre rapport paternaliste avec la médecine (qui rejoint la remarque précédente). On va chez le médecin en lui confiant notre corps comme on confierait notre voiture au garagiste...sauf qu'on n'est pas des machines à réparer. Le médecin ne sait pas tout, il n'est pas tout puissant. Or, on y va souvent avec cette attitude de vouloir une pilule pour guérir et solutionner nos problèmes, une sorte de pilule miracle. Les médicaments ne peuvent pas tout, même si dans bien des cas ils peuvent sauver des vie, ils ne sont pas la solution miracle notamment à des problèmes chroniques (qui sont chroniques justement parce que l'on répète une attitude qui nous endommage et que c'est un signe qu'il faut changer quelque chose) comme les maux de dos, les migraines, les problèmes de sommeil...
- Je partage aussi le constat qu'il faut apprendre aux enfants (et aux adultes) à connaître leur corps et leurs limites. C'est ce que j'essaie d'apprendre aux personnes et ce que j'ai appris à travers la Méthode Grinberg : à retrouver le lien avec le corps, à arrêter de tenir des efforts et des croyances qui nous limitent, à accepter de sentir et aussi à utiliser les émotions comme une force qui nous guide dans la vie, développer des qualités comme le courage, la détermination...
- Je suis aussi d'accord avec ne pas donner des recettes et des conseils. Comme vous l'avez remarqué, ce n'est pas vraiment ce que je fais au travers de mes articles. J'essaie de susciter la réflexion et vous faire partager une partie de ce que j'ai appris. Je pense en effet que donner des solutions pour tous enlève quelque chose à votre capacité à trouver vos propres solutions (d'autant plus qu'une chose peut être bonne solution pour une personne mais pas pour une autre...). C'est à chacun de trouver ce qu'il veut faire dans sa vie, c'est lui laisser sa responsabilité, son pouvoir d'agir dans sa vie. C'est sûr c'est plus exigeant et cela fait plus peur (car il n'y a pas de recettes à appliquer), mais comme je l'ai déjà dit, la peur c'est chouette! (si vous n'êtes pas convaincu, regarder cette petite vidéo que j'ai posté il y a déjà longtemps mais que j'adore toujours, cliquez là).
Enfin, je vous laisse lire cette article. N'hésitez pas à réagir!
Voici le lien ici même si je reproduis l'article plus bas.
© Pascal GrebovalSaupoudrer quelques bonnes pratiques type yoga, méditation ou alimentation biologique sur notre vie quotidienne ne suffit pas à transformer en profondeur la relation au corps. Dans ce domaine, changer de paradigme à l’échelle individuelle nécessite d’accepter de nouvelles priorités. Cette évolution s’apparente davantage à un chemin spirituel qu’à l’application de recettes. Thierry Janssen en sait quelque chose lui qui, dans les années 1990, a bouleversé sa vie en tournant le dos à une brillante carrière de chirurgien pour se vouer aux médecines complémentaires et alternatives. Devenu psychothérapeute spécialisé dans l’accompagnement des malades atteints de pathologies somatiques, il nous livre son analyse et nous donne quelques clés pour trouver soi-même sa propre « solution intérieure[1] ».Kaizen : Les problèmes d’hygiène de vie (alimentation, rythmes de vie, sommeil, tabac…) ont désormais une importance considérable dans les maladies graves et chroniques type maladies cardiovasculaires, cancers, dépressions etc. Nous sommes donc en grande partie responsables de notre état de santé. Malgré cela, rares sont les individus à accepter d’adopter concrètement un mode de vie plus sain. Pourquoi ?Thierry Janssen : Beaucoup d’entre nous compensent le stress, la fatigue ou la maladie par la consommation : nourriture grasse et sucrée, médicaments injustifiés, télévision ou ordinateur… Ils refusent de prendre le risque de changer pour un mode de vie plus adapté à leurs besoins fondamentaux incluant un rythme de vie apaisé, un sommeil suffisant, une alimentation saine ou encore du sport. Nombreux sont ceux qui vivent donc très loin de leur propre nature, loin d’eux mêmes. En réalité, ils sont paralysés par leur besoin d’être dans la modernité et leur besoin de confort matériel. Ils sont prisonniers d’un cercle vicieux mais la volonté d’en sortir n’est pas suffisamment forte. Le frein au changement n’est pas seulement psychologique. Avec le temps il devient même physiologique : nous avons dans le cerveau une petite structure appelée l’amygdale (différente de celle située dans la gorge) qui gère les émotions sensées nous alarmer telles que la peur par exemple. Or l’amygdale des individus soumis à des rythmes effrénés – notamment dans le cadre professionnel – se désactive : ils n’ont plus les signaux d’alarme. Leur état de stress leur paraît normal. Si vous leur proposez de lâcher prise en pratiquant par exemple la méditation ou en faisant de la sophrologie, alors ils sont pris d’angoisse : l’amygdale considère cette situation de repos comme contre nature et génère des signaux d’alarme.Kaizen : Quels sont les facteurs qui conduisent l’individu à ce déni de soi-même ?Thierry Janssen : La raison majeure est que notre culture moderne et occidentale a placé l’être humain au-dessus de la nature. Il est censé vivre en dehors d’elle et la maîtriser. Dans cette illusion de toute puissance nous avons du mal à accepter les frustrations imposées par l’ordre naturel des choses. Parmi elles il y a l’inconfort et la mort que nous tentons d’oublier par tous les moyens. Dès que le maintien de la bonne santé implique de subir un inconfort momentané (accepter de réduire le rythme de travail, refuser tel ou tel aliment etc…), nous ne comptons que sur des moyens extérieurs à nous mêmes : des biens de consommation. Un tranquillisant, un verre, une friandise ou une heure de télévision pour oublier. Or pour continuer à être fabriqués et consommés, ces produits nous imposent un mode de vie qui va à l’encontre des besoins essentiels pour une bonne santé. Ce mode de vie est polluant et finalement pathogène. Nous le constatons sans prendre pour autant la mesure de notre implication individuelle dans ce processus : nous croyons que nous sommes totalement les victimes d’un destin et de circonstances extérieures et que nous n’avons pas de responsabilité (par définition, nous ne sommes pas habilités à répondre). Les contraintes professionnelles, familiales ou autres servent de prétextes. Or nous sommes en réalité le plus souvent responsables.Thierry Janssen : Oui, tout particulièrement en France. Quels que soient nos habitudes et notre hygiène de vie, la sécurité sociale nous prend en charge. L’Etat est responsable de notre bonne santé : la déclaration des droits de l’homme dit en effet que l’Etat doit faire le bonheur de l’individu. Dans ce contexte pourquoi changer nos mauvaises habitudes ? L’absence d’incitation dans ce sens et la logique d’assistanat de la sécurité sociale française va contre l’esprit même des médecines complémentaires et alternatives. Nous sommes dans un rapport paternaliste à l’autorité extérieure qui se traduit d’ailleurs souvent par une relation biaisée entre le patient et son généraliste. Cela revient à faire du malade une victime et cela engendre une tentation de toujours aller consommer des recettes à l’extérieur de soi. Ce n’est pas par hasard que les Français sont les plus grands consommateurs de médicaments.Thierry Janssen : Si l’on veut un vrai changement de paradigme dans ce domaine, chacun doit prendre conscience qu’il fait pleinement partie de la nature dont il n’est finalement qu’une émanation parmi d’autres, au même titre que les fleurs, les arbres ou les animaux. L’homme doit accepter qu’il est soumis au cycle des saisons (nous sommes plus fragiles en hiver qu’en été par exemple) qu’il ne peut pas supporter un stress excessif, qu’il doit suffisamment dormir etc… En somme, il doit avoir l’humilité de reconnaître ses limites, d’écouter sa nature profonde et d’abandonner son statut de dominant. Nous devrions acquérir ces connaissances dès l’école, car elles sont essentielles. Les enfants devraient apprendre à connaître leur corps. Il ne s’agit pas de savoir que le foie est à droite et l’estomac à gauche, mais de sentir quand on est fatigué ou tendu, de prendre conscience de ce qu’il y a de plus naturel en nous : ce qui nous rappelle les lois de la vie. Les enfants doivent savoir que nous ne sommes pas seulement subdivisés en différents organes, mais que nous sommes un ensemble et que, par exemple, notre état émotionnel entre en compte pour expliquer nos maux physiques. Un individu plus conscient de lui même retrouve un certain bon sens dans la gestion de sa santé et de son équilibre.
© Fanny DionKaizen : Oui mais ce changement doit aussi se traduire par des actes, au quotidien. Comment reprendre la main sur notre santé et traduire cette réflexion en pratique ?Thierry Janssen : Prendre du temps, pour respirer et « se sentir » doit être une priorité. Une chose très facile à faire consiste à marcher une demi heure par jour. Attention, il ne s’agit pas de se promener en discutant boulot avec un collègue de travail, ni même d’écouter de la musique ou de passer des coups de fils. Je parle d’une marche silencieuse où l’on fait attention à tout ce qui se passe autour de soi. Et je crois qu’il faut s’astreindre à marcher tous les jours, avec une certaine discipline. Dans le même registre, je recommande souvent de tenir un journal intime – ce que je fais moi-même. Cet exercice permet de s’accorder un moment calme pour revenir sur sa journée et savoir ce que l’on a fait de bon ou de mauvais. Il permet de mieux se connaître, ce qui est le cœur même d’une vraie démarche.Kaizen : Avez-vous d’autres conseils de ce type à nous donner ?Thierry Janssen : Non je n’irais pas plus loin dans le registre de ces « petites recettes » trop souvent utilisées comme des gadgets destinés à masquer notre inertie. En donner trop laisse croire qu’elles suffisent. Voyez par exemple les consommateurs qui critiquent l’allopathie : souvent ils se précipitent pour acheter des alicaments et autres compléments alimentaires qu’ils consommeront avec la même intention que celle qui les amenait autrefois à acheter des médicaments. Certains vont dans les magasins bio mais consomment avec la même frénésie et pour les mêmes raisons qu’auparavant. La recette n’est pas une fin en soi, c’est la façon de l’utiliser, l’intention qu’on va y mettre et le but recherché qui importent. On ne peut pas conseiller telle pratique par rapport à telle autre : l’essentiel est la philosophie qui conduit nos actes.Kaizen : Dans cette perspective, le recours à une spiritualité vous semble important ?Thierry Janssen : Oui, la spiritualité est essentielle, qu’elle soit religieuse ou laïque. Elle est pour moi la compréhension de l’esprit des choses, du souffle qui traverse toutes les dimensions du vivant pour l’animer. En somme, il s’agit de mieux connaître la nature profonde de l’être humain. Cela favorise le respect d’une écologie intérieure, propre à chacun de nous, engageant notre responsabilité individuelle, et d’une écologie extérieure, en lien avec notre environnement, nécessitant d’assumer une responsabilité à l’échelon collectif.propos recueillis par Lionel Astruc