Quelques considérations sur tout et rien.

Par Ananda

L’attachement d’un enfant à sa mère est fusionnel, égocentrique.

Un jeune enfant, par le fait que sa demande d’attention  est – de façon toute naturelle – énorme, insatiable, peut aisément devenir un tyran si l’on n’y prend garde. Et sa mère est la plus grande victime de cette avidité. La dépendance affective sans mesure de l’enfant humain fait qu’il sera toujours, vis-à-vis de sa mère, plein d’exigences.

Là est peut-être, au fond, l’origine même du drame féminin. Le fondement psychologique du rejet de la liberté de la femme.

Aux yeux de tout enfant – fille ou garçon – sa mère n’en fait jamais assez. Il l’idéalise, la magnifie à un point tel qu’il ne lui reconnait aucune excuse si elle le déçoit. Elle doit être « toute à lui » et centrée exclusivement sur sa personne. Ses moindres manquements, ses moindres dérobades font, pour lui, figure d’atteintes gravissimes.

En revanche, il en va tout autrement du père, de l’homme, plus lointain (moins essentiel ?). Aucun « cordon ombilical » psychologique ne le relie à ce personnage.

La principale origine de la sévérité de l’ensemble de la société envers les femmes et de son indulgence, en regard, envers les hommes réside probablement ici.

Car, toute sa vie durant, l’être humain conserve en lui un enfant qui sommeille.

La psychose (connue sous un autre nom moins savant, la « folie »), c’est la fusion de la perception courante avec l’imaginaire. C’est l’abolition de la frontière qui, habituellement, se dresse entre les deux. Elle peut être induite par certaines substances chimiques extérieures au corps, telles le LSD.

Le LSD produit une sorte de schizophrénie artificielle. Mais il a également le pouvoir de stimuler la créativité.

Est-ce un hasard ? Est-ce parce que la créativité se nourrit de l’imagination ?

Est-ce parce que la folie et la créativité pourraient bien être proches cousines ?...

Tu te crois libre, tu te trompes.

Tu as beau ne faire rien de mal, à personne, le poids écrasant de la norme est là. Avec le poids du narcissisme des gens, qui ne supportent que ce qui leur ressemble. Qui ne pardonnent pas le plus mince écart, la plus innocente particularité.

Et, si tu ne te « soumets » pas, si tu persistes à être et à vivre comme bon te semble, ces poids te jugent, te rabaissent puis t’isolent, te frappent d’ostracisme. Et, si tu n’es pas assez fort pour le supporter, ces poids te tuent.

Certains – faut-il les en blâmer ? – trouvent, quand c’est possible, une solution dans l’hypocrisie.

On blâme l’hypocrisie. Mais n’est-elle pas consubstantielle à toute vie en société humaine ? N’est-elle pas, dans nombre de cas, une forme d’adaptation salutaire, une règle (implicite) qui assure la survie de l’individu tout en maintenant la cohésion, l’harmonie lisse du groupe et donc, en garantissant son fonctionnement, son équilibre ?

Toute vie en société repose sur le contrôle de soi, sur la prise en compte attentive de la présence des autres. Dans un tel contexte, être soi-même n’est qu’une vue de l’esprit.

Depuis l’enfance, nous sommes modelés par les divers groupes dans lesquels nous vivons (et desquels nous dépendons fortement, aussi).

Par la suite, civilité, diplomatie, voire hypocrisie arrondissent sensiblement les angles de la vie sociale qui, en leur absence, risquerait fort de devenir impratiquable.

Ne vaut-il pas mieux – tout compte fait – avoir à supporter d’aimables « hypocrites » plutôt que d’ « authentiques » mais désagréables narcisses caractériels ?

Apprendre à remettre en cause ce qui semble nous être le plus évident. Regarder le monde comme si, en somme, nous étions venus d’un autre monde.

Tout remettre à plat. S’étonner de tout ce qui nous entoure, le questionner. Parvenir à (ou essayer de) le toucher d’un œil inédit. Un peu comme un enfant qui le découvre, mais avec, en supplément, la faculté de raison, ses fonctions d’analyse et de synthèse.

C’est sans doute cela, le secret de la créativité humaine.

L’inspiration a toujours en elle une dimension d’urgence et de transe.

Peut-être, somme toute, devrions-nous abolir le mot « temps », la notion de temps. Les remplacer par ceux d’ « évolution des choses », de « dynamisme de l’univers ». Car, à en croire les physiciens, le Temps ne serait rien d’autre que ça : notre traduction de l’instabilité, de la mobilité du monde. Une pure vue de l’esprit ; une pure création de l’esprit humain…

Au fond, nous ne sommes que de l’information matérialisée.

Albert Einstein nous a révélé les lois les plus complexes et les plus fondamentales de notre Univers, et ces lois sont, à nos yeux, absolument surprenantes, à peine compréhensibles. Mais, auprès de cela, le fulgurant génie de cet homme unique en son genre, de ce CERVEAU HUMAIN n’est-il pas, en un sens, infiniment plus déroutant, plus mystérieux que les origines, le fonctionnement, la fin, la nature profonde du cosmos lui-même ?

P.Laranco