Les mécanismes de participation et d'implication des grands-parents, grands-mères ou grands-pères, auprès de leurs petits-enfants sont probablement plus complexes qu'on ne le pensait. Cette analyse sociologique norvégienne, par un auteur lui-même grand-père, basée sur les données d'une étude cohorte européenne (SHARE) montre, qu'au-delà d'un certain âge, estimé ici à 70 ans, le grand-père est la personne qui aura tendance à le plus s'impliquer auprès des petits-enfants. L'explication des auteurs, l'avantage apporté aux grands-pères par la proximité et la compagnie des plus jeunes mais aussi la probabilité plus élevée chez les hommes d'avoir encore, à un âge avancé, une compagne, ce qui favorise leur implication.
Les grands-mères aussi peuvent jouer un rôle central en tant que "gardiennes des soins aux enfants", mais, écrit l'auteur, Knud Knudsen, 67 ans, professeur de sociologie à l'Université de Stavanger, les grands-pères, dans leurs plus tardives années vont réellement tirer un bénéfice de la compagnie de leurs petits-enfants.
Alors que nous avons tendance à prendre spontanément en compte la pertinence sociale des rôles, les auteurs ont voulu explorer les mécanismes qui expliquent la sollicitude des grands-mères et grands-pères, à partir d'une étude, la cohorte Share, portant sur la santé, le vieillissement et la retraite en Europe. Leur conclusions sont issues de données portant sur plus de 5.500 grands-parents, âgés de 60 à 85 dans 11 pays européens, l'Autriche, le Danemark, la France, la Grèce, l'Allemagne, l'Italie, les Pays-Bas, la Suède, la Suisse, l'Espagne et la Belgique.
Les auteurs concluent que,
- chez les Européens, les grands-parents passent généralement beaucoup de temps avec leurs petits-enfants.
- Si les grands-mères sont nettement plus présentes auprès de leurs petits-enfants quand le couple est plus jeune, la différence de participation se réduit progressivement après 60 ans et passé 70 ans, le grand-père « prend la tête » de la relation.
- Cette disparité entre grands-mères et grands-pères évolue progressivement avec les années et chez les groupes les plus âgés, les grands-pères sont ceux qui montrent majoritairement la plus grande sollicitude envers les petits-enfants.
- Et, du côté des petits-enfants? Leur participation aux relations avec les grands-parents des deux sexes baisse naturellement avec l'âge…
- Enfin, l'étude identifie peu de différences de comportement entre les pays européens, ce qui représente un résultat en soi.
Le cas des toujours « couples » : Le fait d'avoir un partenaire dans ses tardives années, accroît les capacités individuelles des grands-parents à s'occuper de leurs petits-enfants et plus particulièrement dans le cas des grands-pères. Des conclusions qui rejoignent l'idée plus sociologique, que chez les anciens, les hommes bénéficient aussi davantage de l'institution du mariage ou de la vie en couple, que les femmes. «C'est un avantage pour tous les deux d'avoir un partenaire de vie. Mais les grands-pères sont plus dépendants de cette situation lorsqu'il s'agit de jouer leur rôle de grand-parent ».
Les grands-mères gardent toujours un contact plus étroit et large avec le reste de la famille et maintiennent les relations. En tant que femmes, mères et grand-mères, elles sont garantes des soins dont elles déchargent le grand-père. Enfin, alors que les femmes vivent plus longtemps que les hommes, les grands-mères seront plus sont souvent seules que les grands-pères, pour ces raisons de longévité. Et si l'on pouvait penser que les grands-mères se consacreraient alors plus à leurs petits-enfants, l'étude montre, que dans la réalité, ce n'est pas le cas.
Des grands-parents en position de « gagnant-gagnant » : Les évolutions sociales et démographiques sous-tendent une forte implication des grands-parents vis-à-vis de leurs petits-enfants. Il n'est pas rare aujourd'hui, rappelle l'auteur, de voir des familles partager leur vie sur 3 générations. De nouveaux modèles font leur apparition avec l'augmentation de la longévité en bonne santé. En même temps, les parents d'aujourd'hui sont plus préoccupés avec le travail et la carrière, travaillent plus longtemps et c'est là que les grands-parents arrivent, en position de « gagnant-gagnant ». Les grands-parents qui veulent être avec leurs petits-enfants peuvent aussi apporter une grande aide aux parents.
En conclusion, l'étude montre que les hommes réussissent généralement assez bien leur rôle de grands-parents. Mais en grande partie parce qu'ils ont généralement encore une partenaire, grand-mère, à leur côté.
Source: Acta Sociologica doi: 10.1177/0001699312447962 European grandparents' solicitude- Why older men can be relatively good grandfathers
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