En matičre de Défense, le second mandat de Barak Obama ne s’annonce pas de tout repos. En effet, il est probable que le débat consacré aux coupes claires budgétaires reprenne de plus belle, sans qu’il soit possible d’en prédire l’issue. D’autant que le candidat malheureux ŕ la Maison Blanche, Mitt Romney, avait adopté une position diamétralement opposée ŕ celle de son rival. Il proposait en effet d’augmenter sensiblement les dépenses militaires –sans préciser pour autant comment les financer, et cela avec un réalisme trčs relatif. Ainsi, Romney avait indiqué son intention de redémarrer la production du F-22 Raptor, une opération qui s’annonçait complexe et coűteuse.
La nouvelle administration Obama va-t-elle infléchir des positions antérieures, renoncer en tout ou en partie ŕ ce qu’il est convenu d’appeler la séquestration budgétaire dans le jargon politique américain. A coup sűr, la question va se poser, et cela pour plusieurs raisons. Ainsi, sans reprendre pour autant l’analyse faite au tout début des années soixante par le Président sortant Dwight Eisenhower, le complexe militaro-industriel a récemment marqué des points en agitant le spectre de pertes d’emplois considérables. Lesquelles, si elles devenaient réalité, conduiraient ŕ des manques de savoir-faire qui ne pourraient pas ętre comblés dans le cas d’un retour ŕ des jours meilleurs.
Ensuite, en martelant que les moyens mis ŕ la disposition du Pentagone subissent une inexorable érosion, Romney avait mis en évidence des sujets d’inquiétude connus mais relégués au second plan en raison d’autres difficultés plus criantes. Ainsi, la clef de voűte de l’armée de l’Air en matičre de bombardiers stratégiques reste encore et toujours le B-52H, lequel remonte aux années cinquante, les B-1 et B-2 n’ayant été produits qu’en nombre limités. Or le bombardier de nouvelle génération tarde singuličrement ŕ devenir réalité, męme si des travaux préliminaires sont soigneusement dissimulés dans le cadre des Ťblack programsť.
Autre sujet d’inquiétude, des doutes subsistent quant ŕ l’avenir des ravitailleurs KC-30A, seuls les 179 premiers exemplaires étant programmés alors que les KC-135 affichent, eux aussi, un âge canonique, plus de 50 ans. Dans le męme esprit, la décision a été prise d’allonger la durée de vie opérationnelle des F-15 et A-10, faute de pouvoir aligner des remplaçants. Une situation compliquée par les grandes difficultés qui marquent le démarrage du F-35 Joint Strike Fighter, beaucoup plus coűteux que prévu et trčs en retard. Dans ces conditions, la suprématie militaire américaine est mise ŕ mal et il est d’autant plus probable que la Maison Blanche soit ŕ nouveau confrontée ŕ une véritable quadrature du cercle.
Il en a été peu question tout au long de la compagne présidentielle, bien que quelques échanges entre Romney et Romney aient frappé les esprits. Le second n’a eu de cesse de dénoncer la maničre de baisser la garde du premier. D’oů quelques affrontements ŕ fleurets mouchetés qui, parfois, n’ont pas manqué d’originalité, voire d’humour. Ainsi, répondant ŕ son adversaire qui critiquait le recul des dépenses d’équipements, Obama a noté que les circonstances ont changé, que les Etats-Unis ont maintenant besoin …de moins de fusils et de baďonnettes que dans le passé.
Reste ŕ savoir si les Etats-Unis ont encore les moyens de leurs ambitions militaires, ŕ commencer par la possibilité de mener de front plusieurs confits Ťrégionauxť, ce qui n’est plus tout ŕ fait certain. De męme, il s’agira de déterminer le juste milieu, ŕ commencer par le maintien d’une industrie aérospatiale et de Défense qui, ventes civiles mises ŕ part, ne cache plus ses profondes inquiétudes. La réponse d’Obama, la Ťséquestrationť, risque fort de revenir trčs vite dans l’actualité.
Pierre Sparaco - AeroMorning