Cette semaine, après le trilogie Le Parrain, Arte diffusait le film Il était une fois en Amérique toujours apologie, plus en nuances et en questionnement, des liens entre le crime et le monde politique et industriel au travers de deux amis juifs new-yorkais. Quand Fabien Nury a découvert l'univers de Joseph Joanovici au cours d'une des ses nombreuses séances de documentation, le titre a immédiatement résonné en lui et a voulu rendre une certaine forme d'hommage au film de Sergio Leone de 1984. La France aussi a grandi avec ses figures du crime. Et ce biopic très documenté traduit à la perfection toute la complexité d'un homme toujours prompt à trouver la parade, même si elle ne correspond à aucune morale. Mais en fait qui fixe le limites du Bien et du Mal ?
Le dernier épisode en "apothéose" d'Il était une fois en France finit en beauté cette saga dérangeante. Dérangeante car elle évoque un personnage auquel on ne peut s'empêcher d'être mal à l'aise. Parti de rien, il réussit à faire plusieurs fois fortune, y compris dans la dernière partie de sa vie, en employant des méthodes peu orthodoxes et en s'arrangeant toujours pour toucher sur tous les tableaux. Il a tout connu de la fin de l'entre deux guerre, de l'Occupation, de la Résistance, de la Libération et de l'épuration d'après guerre. Parfois, on le comprend, parfois on le déteste. Jamais on reste indifférent. Cet ultime volet débute en 1949 au procès de Joanovici pour collaboration économique et se termine en 1965 à sa mort. C'est maintenant que le juge Legentil va tenter de prendre sa revanche. Mais y arrivera-t-il ?
Au final les auteurs nous présente bien un homme qui a du sang sur les mains. Ils le font avec brio tant dans la narration, le rythme, les dialogues, les couleurs etc. Le réalisme très cinématographique - " à la française " selon Fabien Nury - de Sylvain Vallée n'a cessé de sublimer cette fresque humaine poignante aux accents des films des années 50. Dans ce dernier épisode où on voyage beaucoup jusqu'en Israël où Joseph tente de trouver refuge, sur la plus longue période de la série, soit quinze ans. La série est déjà un classique et l'une des meilleures du catalogue Glénat au plan commercial avec plus de 500.000 exemplaires vendus dont 150.000 pour le T.1. Il n'y aura pas pour autant de prolongement en BD, mais peut-être un film car les auteurs eux-mêmes préparent l'adaptation cinématographique et un documentaire qui utilisera la bande dessinée pour illustrer la biographie. Rien d'étonnant à tout cela. Le petit-fils lui-même du "héros" a validé le récit a posteriori. Le sujet tellement exceptionnel mérite une mise en avant sur plusieurs médias. Le duo d'auteurs n'en restera sans doute pas là et poursuivront l'univers criminel pendant la décolonisation. Preuve d'une reconnaissance artistique, le prochain album de Sylvain Vallée sera XIII Mystery avec Callède.
Une série de 6 albums à détenir dans sa bibliothèque pour la lire, relire et faire lire !
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Il était une fois en France - T.6 : La Terre promise - de Sylvain Vallée et Fabien Nury - Glénat, Collection Caractère - 24 octobre 2012 - 14,95 €