Berlin, Jeudi 1er Octobre
En ce froid Berlinois, nous voilà en direction du concert de Citizens !. La première impression est plutôt agréable. Berlin étant une ville où le hipsterisme est aussi courant que l’homme en costard en classe affaire dans un vol pour Bruxelles (oui, j’écris dans un aéroport), je craignais que le parterre se voit envahi de moustaches et chemises à carreaux mais à ma grande surprise, l’audience était d’une sobriété naturelle toute à son avantage.
La deuxième impression était elle beaucoup moins bonne et consistait en la première partie, le groupe Pink Skies. Le set m’a laissé totalement de marbre, non pas par manque de talent mais par manque de personnalité et d’âme dans les compositions. J’en retiens un rock voguant entre deux flots, ni explosif ni mélodieux. Bof.
Arrivent alors les Citizens !. Là, je me rends compte ô combien la première impression lorsque l’on voit quelqu’un est importante et déterminante. Le chanteur débarque déjà en légère transpiration, les yeux en couilles d’hirondelles comme dirait mon grand père (tirez en les conclusions que vous voudrez), veste en cuir, chemise léopard, le tout accompagné d’un petit speech d’entrée de type assez insupportable. Malheureusement, le décor est planté, le caractère ne me plait pas. Une première impression en dit souvent long et à mon plus grand regret, rien ne l’a fait taire, bien au contraire.
Le set démarre, ils récitent l’album, font remuer les têtes mais ne me font pas du tout rentrer dans le jeu, entre autre parce que j’étais souvent bien occupé à éponger mon corps à cause d’une sudation conséquente (Non mais les mecs, il fait 0° dehors, arrêtez le mettre le chauffage à 30° sachant que vous savez pertinemment que d’un, les chocs thermiques, c’est pas génial, de deux, un troupeau d’hominidés dégage énormément de chaleur. Pas très habile Bill !). Bref, j’avais déjà énormément de mal avec cet album qui pourtant avait tant buzzé, allez savoir pourquoi. C’est kitsch. De la plastic pop simplette et facile. Alors oui, ils ont compris qu’en faisant des refrains faciles à fredonner, c’est comme ça qu’on rentrait dans la tête des gens (les BB Brunes l’ont aussi très bien compris). Tant mieux, c’est le nerf de la guerre et ils ont su surfer dessus. Malgré tout, en réécoutant, je me disais qu’en live, ça pouvait avoir de la gueule. Et bien niet, nada, walou, zéro, que dalle. On assiste à une vraie dissymétrie créée par un chanteur ultra extravagant, prenant plaisir à surjouer et disperser ses acrobaties et sourires colgate, et le reste du groupe totalement en retrait voire effacé. Voir un bassiste prendre racine, les yeux fixés sur son instrument du début à la fin, pour n’enchaîner rarement plus que quatre accords, ça ne me fait pas bander. En fait, le tout n’a absolument pas procuré une once d’érection en moi.
Bref, ce concert reste une assez mauvaise expérience et ne changera malheureusement pas ma vision du groupe. Le tout m’a même fait réfléchir plus loin. Cette année, j’ai tendance à caser Citizens, Alt-J ou encore Breton dans le même bac d’artistes à buzz. Je les ai écouté, je n’ai pas aimé. Pourtant, la critique état unanime et les encensait. Je me disais que quelque chose clochait chez moi, j’ai donc écouté et réécouté mais jamais, je n’a accroché. D’un autre côté, il y a des artistes aussi fabuleux qu’ignorés alors que pourtant le talent est mille fois plus présent. Certes, c’est moins catchy et facile à appréhender ni à saisir mais leur empreinte émotionnelle est bien plus profonde. Je finis donc sur une question ouverte : l’indie, relayée par de (pseudo) journalistes en soif de visibilité et reconnaissance (du genre moi) est elle le nouveau mainstream sans âme ?