Il était une fois l’épouse d’Helmut Newton, une photographe mais avant tout actrice de théâtre : en effet le destin d’Alice Springs n ‘était pas la photographie, mais un événement particulier de la vie de son mari aura fait basculé sa carrière.Alice Springs, de son vrai nom Jude Newton, se lancera dans la photo par pur hasard : en 1970, son mari l’un des plus grands photographes de mode tombe malade et demande à sa femme de la remplacer lors d’une séance photo pour une grande marque de cigarettes. Pour cela, Jude Newton apprendra les rudiments de la photo et ses clichés Gitanes deviendront vite célèbres ; aussi, l’artiste sera contactée par de nombreuses agences publicitaires pour des portraits de stars et finira par honorer de grandes commandes privées… Le talent de Alice Springs étonne, les clichés qu’elle prend sont d’un naturel déconcertant ; certains pensent que sa carrière d’actrice lui permet de déceler le vrai caractère de ses modèles, de les percer à jour et ainsi de prendre des portraits véritables et sans fioritures. En quarante ans de carrière, son travail évoque de toute une époque de croissance économique et de bousculements des tabous. Les campagnes de publicité – pour Jean-Louis David entre autres – les séries de clichés pour Vogue, Marie-Claire, Dépêche Mode sont superbes. Les portraits des bikers Hell’s Angels, d’artistes de cinéma, de couturiers – Yves Saint Laurent, Karl Lagerfeld, Emmanuel Ungaro, Jean-Paul Gaultier, de peintres – Ah… Gérard Garrouste, quel bel homme ! et Nicky de Saint Phalle, trop tôt disparue – d’écrivains …. Celui d’Antoine Blondin est aussi beau qu’un tableau de Georges de la Tour. Et puis, des images superbes mais dérangeantes parfois aussi, comme ces belles femmes célèbres avec leurs enfants, soit tenu comme un polochon, soit carrément à poil comme celui de Loulou de la Falaise. Ou ces portraits d’hommes nus, âgés, fripés, hypernaturels, pas provoquants du tout… ou de gardes du corps, si vrais. Un regard sur une époque, celle de la jeunesse de nos parents, celle de la libération de la femme, de toutes les audaces, dans un style et d’un classicisme rayonnant. Alice Springs veille aujourd’hui sur le patrimoine de son mari érigé en Fondation à Berlin.