Revoilà les aoûtats !

Par Parapharmaveterinaire

REVOILÀ LES AOÛTATS !

Chaque fin d'été, c'est le même couplet : revoilà les aoûtats ! La bestiole ne loupe pas une saison estivale. L'aoutat est la larve parasite d'un petit acarien, le Trombiculas autumnalis pour les initiés ou encore rouget ou vendangeur pour le profane. Dans la famille Trombiculas, celui qui pique c'est bébé! Il traine sa barboteuse dans les campagnes de l'hexagone de mars à octobre avec une apogée au mois d'août, comme son nom l'indique. Son truc ? Parasiter les vertébrés à sang chaud qui passent à sa portée. Il est vrai qu'en été, rien de tel qu'une bonne gorgée de tissus épidermiques liquéfiés pour se rassasier. Sauf que quand l'aoutat boit, c'est Médor et Félix qui trinquent. La salive de l'intrus cause d'intenses démangeaisons chez ses victimes de prédilection que sont chiens, chats, rongeur, moutons, chevaux et même humains. A peine sorties de l'œuf, les larves affamées s'embusquent dans la végétation en quête d'une proie de passage. Une fois l'objet de leur désir sous leurs pattes velues, elle percent, injectent, aspirent, sucent... s'ensuit un festin pantagruélique qui peut durer de un à cinq jours. Plutôt solide, l'appétit ! Ces minuscules ogresses peuvent alors passer de 0,2 mm à jeun à presque 1 mm repues. A ce stades, elles deviennent visible à l'œil nu sous forme d'un agglomérat de petits rouge-orangé. Et tandis que les larves repues se détachent et entament au sol leur stade repues se détachent et entament au sol leur stade nymphal qui fera d'elles des adultes, Médor et Félix, eux, entament une grattouille frénétique qui fera d'eux des patients du vétérinaire.

Des parasites à prendre au sérieux

Certains comportements de vos compagnons doivent vous mettre illico la puce à l'oreille ! Si de retour de promenade, votre chien se gratte comme un forcené ou votre chat se lèche désespérément entre les coussinets, saisissez votre loupe et inspectez attentivement leur pelage. En cas d'amas de petits rouge-orangé, de dépilations, de croûtes, de rougeurs, ou de boutons : votre animal a des aoûtat ! Leurs zones de prédilection? Les endroits à peau fine tels que les paupières, zone auriculaire, pli anal et vulvaire, espaces inter-digités, intérieur des cuisses... mais pas uniquement. Le trublion est vorace et peut parasiter tout le corps. Bien que les aoûtats ne transmettent aucun agent pathogène, la trombiculose, (c'est le nom de l'affection), est toutefois à prendre très au sérieux. Car l'intensité du prurit peut occasionner de sévères plaies de grattage susceptibles de s'infecter. D'autant que la contamination permanente de l'animal dans un milieu non traité entretient et aggrave les lésions. Dans ces conditions, difficile de faire l'impasse sur une consultation chez le vétérinaire !

Des insecticides peu rémanents

Une fois le diagnostic établi, votre vétérinaire traitera l'inflammation cutanée et le prurit par des anti-inflammatoire, éventuellement associé à un antibiotique pour éviter toute surinfection bactérienne. Puis, pendant toute la durée de la saison, une application chaque semaine d'insecticide-acaricide sera indispensable pour traiter l'animal et essayer de prévenir la ré-infestation. Les liquides à application locale semblent les plus opérants, surtout chez le chat. Toutefois la réussite totale du traitmenet se heurte à deux écueils : le manque de rémanence du produit (environ 3 jours) car ces produits sont modérément dosés et la difficulté à détruire la source de l'infestation. De retour en milieu contaminé, la ré-infestation de l'animal est malheureusement immédiate

Mieux connaître son ennemi pour mieux le combattre !

Pour éviter de transformer votre compagnon en garde manger pour aoûtats, l'anticipation est donc de mise. Une bonne tactique consiste à repérer l'habitat du parasite de manière à lui échapper. La connaissance de son biotope et de ses conditions de vie vous aideront dans votre croisade. Mieux connaître son ennemi pour mieux le combattre ! D'autant que les aires de répartition de la bestiole sont souvent très locales : sols calcaires, gazons, herbes hautes, graminées, broussailles, haies. Ne modérez donc pas vos efforts sur la débroussailleuse et préférez promener votre chien dans des lieux sans herbes hautes. Les aoûtats détestent les conditions climatiques extrêmes et préfèrent les températures douces, comprises entre 15 et 26°. Un arrosage abondant les fera fuir. Espèce diurne, les larves sont particulièrement actives les jours de grand soleil en fin de matinée et l'après midi. Préférez les promenades le soir ou le matin tôt ou bien durant les jours gris ou pluvieux. Le manque de lumière pacifie le parasite. Autre détail. L'odeur de la menthe les fait fuir. Plantez-en !

Choisir ta bonne méthode

Et si en dépit de votre force de dissuasion et de vos méthodes douces, l'occupant résiste, envisagez la guerre chimique ! Tout en sachant qu'un écosystème est un équilibre fragile et qu'en détruisant les aoûtats, vous détruisez aussi et sans distinction non seulement ses prédateurs mais également les insectes indispensables à la vie harmonieuse de votre jardin (abeille, papillons, coccinelles...). Mieux vaut donc y aller mollo sur le pulvérisateur et privilégiez les bio-insecticides. L'huile de neem de plus en plus utilisée en agriculture bio semble être une nouvelle alternative. Non hydrosoluble, elle nécessite d'être mélangée au savons noir. Voici le dosage pour une pulvérisateur de 10 litres : 1 litre d'eau + 10 g de savon noir liquide + 50 ml d'huile de neem. Rajoutez 9 litres d'eau. Trois applications en pulvérisations légères sot nécessaires, à intervalles de 7 à 15 jours. Commencez le traitement dès le début de la saison, car la réussite de celui ci dépend de sa régularité. En clair donc, la bataille contre l'aoutat est une lutte de longue haleine qui requiert, non seulement une bonne cohérence entre actions préventives et thérapeutiques, mais disons le franchement, également beaucoup de détermination ! Bon courage !