Au Rwanda, un lycée de jeunes filles perché sur la crête Congo-Nil, à 2500 mètres d'altitude, près des sources du grand fleuve égyptien. Les familles espèrent que dans ce havre religieusement baptisé Notre-Dame du Nil, isolé, d'accès difficile, loin des tentations de la capitale, leurs filles parviendront vierges au mariage négocié pour elles dans l'intérêt du lignage. Les transgressions menacent au cœur de cette puissante et belle nature où par ailleurs un rigoureux quota «ethnique» limite à 10 % le nombre des élèves tutsi. Sur le même sommet montagneux, dans une plantation à demi abandonnée, un «vieux Blanc», peintre et anthropologue excentrique, assure que les Tutsi descendent des pharaons noirs de Méroé. Avec passion, il peint à fresque les lycéennes dont les traits rappellent ceux de la déesse Isis et d'insoumises reines Candace sculptées sur les stèles, au bord du Nil, il y a trois millénaires. Non sans risques pour sa jeune vie, et pour bien d'autres filles du lycée, la déesse est intronisée dans le temple qu'il a bâti pour elle. Le huis clos où doivent vivre ces lycéennes bientôt encerclées par les nervis du pouvoir hutu, les amitiés, les désirs et les haines qui traversent ces vies en fleur, les luttes politiques, les complots, les incitations aux meurtres raciaux, les persécutions sournoises puis ouvertes, les rêves et les désillusions, les espoirs de survie, c'est, dans ce microcosme existentiel, un prélude exemplaire au génocide rwandais, fascinant de vérité, d'une écriture directe et sans faille.En revanche, je garde le vif souvenir d'une rencontre bruxelloise avec Scholastique Mukasonga - en 2007, me semble-t-il. J'avais animé, à la Foire du Livre, une rencontre publique à laquelle participait une autre écrivaine de la collection "Continents noirs", Bessora. Cela avait été un moment de grande énergie, partagé par un public de... trois personnes.
J'ajoute que Franck Maubert a reçu le prix Renaudot essai pour Le dernier modèle, à propos du dernier amour de Giacometti. Le livre était paru en avril mais il était, lui, dans la dernière sélection.
Et Pascale Gautier reçoit le prix Renaudot poche.