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Interview (presque) imaginaire : Colin Powell

Publié le 07 novembre 2012 par Legraoully @LeGraoullyOff

« Le moins pire a gagné. » (Jérôme Lambour)

Interview (presque) imaginaire : Colin Powell

RENAN APRESKI : Ici Brest, les Bretons parlent aux Lorrains ! J’ai l’honneur de recevoir Colin Powell.

Interview (presque) imaginaire : Colin Powell
COLIN POWELL : Good morning, mister Apreski.

R.A. : Alors, monsieur Powell, bien que républicain et ancien membre de l’administration Bush, vous avez soutenu la candidature de Barack Obama en 2008 et avez réitéré ce soutien cette année ; est-ce par solidarité entre afro-américains ?

C.P. : Pas seulement, mister Apreski : c’est surtout que je ne suis pas fou et qu’en 2008, je ne tenais pas à me faire lyncher, ce qui n’aurait pas manqué de m’arriver si j’avais plaidé en faveur de la continuité avec les années Bush junior, sur lesquelles les Américains avaient presque tous envie de tirer un trait ! D’autant que je vous rappelle que quatre ans auparavant, Georgie m’avait viré sans ménagement pour me remplacer par cette petite bitch de Condoleezza Rice, alors je n’allais pas aider un parti qui m’avait déjà chié dessus : je suis peut-être un faucon, mais je n’en suis pas un vrai pour autant !

R.A. : Hum ! Enfin, quoi qu’il en soit, vous avez un pied dans les deux camps, vous êtes donc le mieux placé pour commenter l’issue de ces élections : comment expliquez-vous la réélection de Barack Obama ?

C.P. : Je me doute que ça puisse surprendre en Europe, où les dirigeants qui ont dû faire face à la crise que nous traversons sont presque tous systématiquement désavoués, mais en Amérique, la mentalité n’est pas la même : vous, les Européens, passez votre temps à vous plaindre pour un oui ou pour un non, mais les Américains restent malgré les difficultés un peuple plus optimiste, qui va de l’avant ; les Américains croient sincèrement que les choses vont s’améliorer !

R.A. : C’est ce qu’on nous a dit, mais est-ce vraiment la seule explication ?

C.P. : Bien sûr que non ! Il y en a aussi une autre, cent fois plus facile à comprendre : Romney est un con !

Gros blanc.

R.A. : Heu… Vous pouvez  affiner ce point de vue ?

C.P. : Romney est un GROS con !

R.A. : Heu… C’est un peu direct…

C.P. : Vous rigolez ou quoi ? Traiter d’assistés la moitié du pays, dire que les ressources naturelles sont là pour être exploitées jusqu’à la dernière goutte, déplorer publiquement qu’on ne puisse pas ouvrir les hublots d’un avion, laisser ses alliés prétendre que le viol suivi d’une grossesse est le fait de la volonté de Dieu, ce sont des signes d’intelligence, d’après vous ?

R.A. : Heu… Non, pas spécialement, mais… Enfin, en Amérique, les gens… Je croyais que… Enfin…

C.P. : Oui, je sais ce que vous voulez me dire : jusqu’à présent, élire un con, ça n’a jamais spécialement gêné les Américains, c’est ça ?

R.A. : Ben, en gros, c’est ça, oui…

C.P. : C’est vrai qu’avant Obama, on a élu un marchand de cacahuètes, un acteur de western, un saxophoniste obsédé sexuel et un psychopathe illettré ! Les Américains n’élisaient jamais le plus intelligent ou le plus compétent mais toujours le plus « sympacool », le plus photogénique, celui qui souriait le mieux, celui qui faisait les produits dérivés le plus rigolos, celui qui avait la vie familiale la plus émouvante, les pom-pom girls les plus sexys et les stars les plus glamour dans son comité de soutien. Mais ça, c’était avant !

R.A. : Avant quoi ?

C.P. : Avant que la toute-puissance de l’Amérique ne parte en « sucette », comme on dit chez vous ! À l’époque où on élisait des Carter, des Reagan, des Bush père et fils et autres tronches de cake, l’Américain moyen avait la certitude qu’il resterait le maître du monde, que rien ne remettrait jamais en cause son « rêve américain », qu’il pourrait toujours garder son pavillon et son 4×4, qu’il pourrait continuer à sa goinfrer de hamburgers et de cookies jusqu’à la fin de ses jours. Mais cette insouciance des Américains, c’est fini ! Aujourd’hui, le chômage augmente vitesse grand V, les Indiens et les Chinois nous font concurrence, l’Amérique du Sud apprend à se passer de nous et toute la planète nous est hostile à part Israël, et encore ! Avant, les Américains étaient de grands enfants, mais une bonne crise, ça vous aide à devenir adulte ! Tu te couches dans la peau d’un pacha et tu te réveilles dans celle d’un paria, tu te poses forcément des questions ! Alors ils arrêtent les bêtises et ils élisent le moins con, maintenant, même si c’est un nigger !

R.A. : Mais à ce moment-là, pourquoi les républicains ont-ils investi Romney, puisqu’il est… Enfin, puisqu’il ne correspondait plus à ce que les Américains attendent ?

C.P. : Très franchement, je crois que les républicains n’étaient pas vraiment motivés pour reprendre le pouvoir ; ça se comprend, notez ! Imaginez un pays pratiquement ruiné avec un chômage galopant et deux guerres pas encore finies sur les épaules ; ajoutez à cela qu’il s’est mis la quasi-totalité de la planète à dos et que son économie est grignotée de toute part par des concurrents toujours plus puissants et toujours plus hostiles ! Vous auriez envie de vous en occuper, vous ?

R.A. : Ben… Disons que j’hésiterais, oui…

C.P. : Et bien voilà ! Les républicains ont présenté un candidat parce qu’il le fallait bien, mais c’était vraiment pour la forme, alors ils ont pris le premier imbécile venu, celui qui n’avait quasiment aucune chance, histoire de laisser le sale boulot à Obama !

R.A. : Mais les républicains peuvent encore garder la majorité à la chambre…

C.P. : Et alors ? Tout ce qu’ils auront à faire pour continuer à exister politiquement, c’est de rejeter toutes les propositions d’Obama sans rien proposer d’autre ! Par les temps qui courent, leur position actuelle est de loin la plus confortable, elle leur évite d’avoir à se mouiller ! Raison de plus pour ne pas avoir envie d’en changer et de reconquérir la Maison Blanche ! Non, croyez-moi, la réélection d’Obama arrange même les républicains !

R.A. : Bon, et bien merci, monsieur Powell… Avant de vous laisser, je tenais à vous dire que vous vous débrouillez bien pour parler notre langue !

C.P. : Je suis diplomate, ça fait partie de mon travail. Par contre, laissez-moi vous dire que vous, vous manquez cruellement de charisme ! Vous n’avez pas l’étoffe des grands intervieweurs ! Je vous ai enlevé trois fois les mots de la bouche et devant chaque mot un peu cru, vous êtes comme un petit garçon ! Je serais vous, j’essaierai de prendre exemple sur les vedettes de chez nous : Larry King, Oprah Winfrey, David Letterman… ‘Faut pas avoir peur des gros, dans la vie ! Good Bye !

R.A. : Hum ! Les Américains ont peut-être changé, mais ils restent donneurs de leçons ! Allez, kenavo !

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