21941. Le monde est en guerre et la Chine va se retrouver en pleine invasion japonaise. James n'a que douze ans, mais il va apprendre la vie dans un camp de concentration...
La critique chinoise de Borat
On le dit souvent: il y a deux sortes de films de Steven Spielberg. Celui qui diverti et celui qui fait réfléchir. C'est à partir des années 80 que le réalisateur des Dents de la mer va commencer à s'émanciper, fort du succès d'ET et des productions Amblin. C'est dans ce contexte qu'il réalise La couleur pourpre, puis Empire du soleil. Récit adapté de la semi-autobiographie de JG Ballard, le film met en scène un certain Christian Bale, John Malkovich, Miranda Richardson (la sorcière de Sleepy Hollow), Nigel Havers, Joe Pantoliano, Emily Richard, Rupert Frazer, Masato Ibu et Ben Stiller. Ce film ne fut pas un grand triomphe à l'époque et fait même partie des oeuvres un peu oubliées du cinéaste. Mais c'est peu dire compte tenu du résultat final, parmi les films les plus sombres de son auteur. Ce film est le premier de Spielby à aborder frontalement la Seconde Guerre Mondiale, bien que 1941 et Les aventuriers de l'Arche Perdue l'avaient en arrière-plan. Comme l'annonce le titre, nous sommes en Chine qui plus est occupée par le Japon, allié principal de l'Allemagne Nazie. James est un jeune bourgeois venant d'Angleterre. Le jeune garçon est assez débrouillard (cela se verra d'autant plus par la suite), chanteur dans la chorale de son école, expert en avion militaire, famille aimante...
Tout irait bien si le pays ne commençait pas être entièrement envahi par les japonais. Petit à petit, les forces chinoises se font décimées ou prises prisonnières et les civils étrangers sont contraints de se retrouver dans des camps ou plus chanceux, de fuir. Perdu dans la foule et sans parent, James va progressivement découvrir l'âge adulte (on pense évidemment à THE référence du film de guerre Requiem pour un massacre d'Elem Klimov) et se retrouver dans un camp de détention, en compagnie de deux voleurs américains. L'heure sera dorénavant à la survie. Spielberg choisit de montrer la dure réalité de l'époque dans un premier temps. Il s'agit de dévoiler une chose jamais montré jusqu'à maintenant. Il s'agit de la première fois où Spielberg dévoile la Guerre du Pacifique, événement charnier de la Seconde guerre mondiale quasiment jamais abordé par le Cinéma ricain. Après ce film, il faudra attendre le dyptique de Clint Eastwood sur Iwo Jima (produit par... Spielberg!) et la série The Pacific (produite par... Spielberg!). Le réalisateur s'impose donc comme un précurseur, lui qui dévoilera encore longtemps cette période sanglante de l'Histoire. Le réalisateur montre le quotidien de James, enfant devenu adulte beaucoup trop vite, contemplant une misère progressive où les comics sont lus et relus, la nourriture rare et la joie encore plus.
Puis Spielby coupe pour aller aux dernières semaines de l'implication japonaise et cela pour éviter les longueurs (en sachant que le film fait quand même 2h34!). Même topo mais curieusement la libération approche et le jeune garçon se lie d'amitié avec un jeune soldat japonais. Par là, le réalisateur veut démontrer la barbarie de la guerre qui, dans sa mécanique, introduit des jeunes à peine sorti de l'école ou alors encore adolescence pour les envoyer au casse-pipe. Et cela est valable pour toutes les guerres et dans n'importe quel pays. En sachant que Spielby montre également l'envers du décor. Les soldats japonais sont avant tout des hommes contraints de répondre aux ordres et c'est le cas notamment du personnage de Masato Ibu, sensible à un chant ou un hommage. La séquence marquante du film est peut être l'assassinat du jeune japonais. Une séquence évitant le pathos et ce n'est pas plus mal surtout vu l'impact. Idem pour la séquence du stade où le personnage de Richardson devenant folle succombe d'épuisement. Christian Bale se révèle déjà impressionant ici et on sent déjà un investissement palpable. On voit clairement un grand acteur en devenir et peut être l'une des plus grandes découvertes de talent de l'ami Spielberg. Notons également le reste du casting franchement mémorable et notamment Malkovich brillant en voleur ricain pris sur le vif.
Un film poignant aidé par la prestation d'un casting excellent, dont un futur super-héros.
Note: 17.5/20